Il rappelle que la rumeur a toujours existé, que les manipulations par les pouvoirs publics aussi, que tout le monde a cherché à instrumentaliser l'accès à "la vraie information" (on se souvient des discours communistes mais aussi des réponses américaines avec Radio Free Europe). Bref, il n'y a pas grand chose de nouveau sous le soleil.
Si, une : l'émergence des réseaux sociaux affaiblit durablement le monopole d'influence des grands médias. Ceux-ci réagissent en dénonçant ce complotisme populiste qui raconte "n'importe quoi".
Voici dès lors deux croyances opposées à la vérité, chacune considérant que l'autre ment ou se trompe.
D'un côté, ce qu'on appellera par défaut "les complotistes" se méfient des médias et croient qu'on leur raconte des fables et qu'on cherche à le manipuler. La fiole brandie par Colin Powell aux Nations-Unies reste dans toutes les mémoires. Et puisque le doute est permis, doutons de tout.
De l'autre côté, les médias (ou les élites, ou certaines élites) se gaussent de ces "complotistes" dont certains vont même jusqu'à douter que la terre est ronde. A ceci près qu'on n'a pas attendu les réseaux sociaux pour qu'il y ait des crédules. Mais au fond, là n'est pas le problème : il est dans el développement de réseaux alternatifs, mais aussi de manipulation (les trolls) de réseaux normaux, qui tous proposeraient des discours "faux".
Mensonge ou erreur ?
Peu importe, conclut l'auteur, qui renvoie dos à dos les certitudes et campe sur une déconstruction habile et amusée de tous ces discours de la peur, revenant au bon sens et à un doute méthodique qui a quand même donné de bons résultats. Autrement dit, on peut ne pas croire les théories complotistes autour du 11 septembre et en même temps, ne pas prendre au pied de la lettre tous les "décodages" orientés des professionnels dont l'objectivité reste à démontrer, malgré leur bonne conscience.
Cette position d'équilibre est saine et incite chaudement à recommander ce petit livre précieux.
François-Bernard Huyghe, Fake news, la grande peur, éditions VA Press, 2018.
Olivier Kempf