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Avec Bigeard, à propos d'Uzbin

La hasard du métier m'amène, de temps en temps, à Toul. Et parfois, j'ai l'occasion de rencontrer le général Bigeard. J'y étais donc ce matin pour lui présenter mes vœux. Plus alerte qu'à l'automne, il faisait plaisir à voir, recevant toujours ses 70 lettres quotidiennes (il répond à toutes),et s'amusant de la pétition en cours pour demander à M. Sarkozy de le faire Maréchal de France (si ça vous dit... joignez vous au flot).

1/ Or, j'avais avec moi un officier qui servait très directement au profit de nos soldats tombés à Uzbin, en août dernier (voir ici et ici).

2/ 'Bruno' nous dit: "dix morts...! quelle émotion nationale... ! Mais à Dien Bien Phu, il y en avait vingt le matin et trente l'après-midi". Sous-entendu : le chef militaire doit rester impassible devant la mort (ce qui ne veut pas dire qu'il doit rester insensible en son fort intérieur : Bigeard ne cesse de porter les morts de la cuvette, qui le rencontre le constate immédiatement). Et puis : "J'ai eu l'impression qu'on les a laissé s'engager, qu'ils n'étaient pas suivis... Moi, en Algérie, je les suivais constamment à la radio, il y avait l'artillerie, les hélicos, les avions, toujours prêts à intervenir..."

3/ L'officier répond : "mais ils ont été héroïques -Bigeard en convient aisément-, et ils étaient suivis. Mais les talibans ont dressé une embuscade, dans les règles, et c'était eux qui avaient les appuis ; surtout, il y a eu immédiatement une telle imbrication que les appuis troisième dimension n'ont pu venir utilement".

4/ Moralité : au-delà de toutes les circonstances, celles que l'on sait, les autres, on retiendra une chose : l'ennemi apprend. On le constate en Afrique, on le constate en Asie.

5/ Une autre anecdote : "mais quand on me pose la question, je suis obligé de répondre que je n'ai pas eu peur (à DBP) : on est dans l'action, on commande, on pense à ce qu'on doit faire, à ses troupes, on n'a pas peur". Oui, mais après, au retour ? "Non, ça ne m'est pas venu".

6/ Pour le reste, l'amour de la France et de l'armée. On ne dira jamais assez le rôle incroyable de son épouse, Gaby, qui l'a accompagné tout au long de sa vie, depuis la petite voisine de Toul connue à 14 ans, jusqu'à cet âge avancé.

Encore merci, mon général.

Olivier Kempf

Commentaires

1. Le lundi 19 janvier 2009, 21:01 par

Je suis une inconditionnelle depuis toujours - et je confirme : il répond à toutes ses lettres.

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