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Asie : les idoles tombent

Cette crise est une gigantesque lessiveuse, qui provoque les commentaires les plus étonnants. Même les idoles asiatiques tombent.

1/ Souvenez-vous : on nous expliquait qu’une révolution était en marche, que le siècle nouveau serait asiatique, que c’en était fini de l’Occident, que la Chine, que l’Inde, que....

Montrer un tout petit peu de scepticisme vous faisait passer pour un fou et on vous jugeait pour crime de lèse-majesté.

On sait maintenant : 1/ Que l’expansion très rapide de la Chine et de l’Inde est finie 2/ qu’elles ne continueront pas leur développement de façon autonome, comme certains nous l’expliquaient encore l’an dernier. Pourquoi : parce qu’elles vivaient de la mondialisation économique : en clair, elles vivaient sur la bête.

Or, comme à la chasse, la bête fauve blessée a couru, couru, s’épuisant à mesure et perdant son sang tout au long de la fuite devant les chiens qui la coursent. A la fin, elle s’effondre, exsangue. Plus de ressources.

2/ C’est pourquoi on lira avec intérêt le compte-rendu dans le Monde de Sylvie Kauffmann sur le dernier numéro du Débat (n° 153, janvier février 2009, l'Asie en questions). Elle cite J.-L. Domenach : La Chine a les attributs classiques de la puissance, militaires, politiques, commerciaux. Mais il lui manque « la capacité de projection normative » et surtout « la capacité d’innovation ». Et on en vient à ce passage ébouriffant : « D’ailleurs, confirme l’économiste Diana Hochaich, « il n’y a pas de pays non développé ayant introduit des découvertes scientifiques et technologiques de pointe ». C’est l’Occident qui, pour l’instant, conserve le monopole de l’innovation. Et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles l’Inde capitaliste et la Chine, dont l’économie reste étatique, ne sont encore que des pays émergents ».

C’est tout le débat de l’exception occidentale qui est là posé. Et auquel je n’ai, comme bien d’autres, pas de réponse claire. Mais je suis heureux de voir que le débat existe.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 23 février 2009, 19:46 par

"1/ Que l’expansion très rapide de la Chine et de l’Inde est finie"

Vous êtes sur? Je ne vois pas très bien ce qui peut justifier un jugement aussi définitif. La Chine avait choisis un modèle économique basé sur l'exportation comme tout ses prédécesseurs asiatiques. Le Japon avait le même modèle, de même que la Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong, Singapour. C'est encore aujourd'hui le modèle de l'Allemagne et du Japon qui sont depuis les années 70 les plus grands exportateurs du monde. C'est une évolution qui précède la grande vague de libéralisation des années 70/80. Je ne vois pas sur quel éléments baser un tel jugement dans l'immédiat. Ce ne serait guère surprenant si le protectionnisme revenait en force mais pour l'instant ce n'est pas encore le cas.
De plus, quand bien même la voie exportatrice échouerais, rien ne dit qu'une voie alternative ne sera pas trouvé. Cela vaut pour l'Inde comme pour la Chine.

Quand à Domenach, c'est évidemment un expert mais sur ce coup là il enfonce des portes ouvertes. Personnes n'a jamais contesté cette état de fait. Bien évidemment que derrière la masse impressionnante d'ingénieur formé chaque année en Chine se cache en fait des différences qualitatives abyssales. Il y a encore du chemin à faire.

C'est très claire quand on regarde les discussions américaines sur le sujet. La Chine n'apparaît comme réellement menaçante du point de vue militaire qu'à l'horizon 2020, et encore au niveau régional seulement.

A plus long terme, nul ne conteste que la démographie aurait un impacte très négatif sur la croissance chinoise et qu'il assez douteux qu'elle puisse atteindre la puissance économique des USA. En revanche il est (était?) attendu qu'elle arrive à niveau comparable.

Quand à l'Inde c'est une tout autre affaire, démographie encore galopante, faible alphabétisation, grande ouverture, retards et blocages et élites anglophones...Forces et faiblesses qui rendent bien difficile les prédictions.

Il me semble encore un peu tôt pour tirer les conséquences de la crise. Il faudra en reparler dans 20 ans.

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