A propos de René Girard.

A la suite d'un de mes billets, un commentaire de "ménestrel et gladiateur" à poussé Stéphane Taillat à évoquer René Girard (ici).

1/ Pour ceux qui ne savent pas qui est René Girard, on dira qu'il est l'inventeur de la théorie mimétique, et on lira l'excellent billet de ménestrel/gladiateur qui nous donne un "René Girard pour les nuls" excellent résumé. Chapeau l'artiste.

2 Lisant Girard depuis vingt-cinq ans, j'attendais avec impatience qu'il se saisisse de la question de la guerre. Pour tout dire, j'ai été déçu par "achever Clausewitz". Je ne l'ai pas trouvé convainquant, mais il me manquait la maîtrise de CVC pour pouvoir y revenir et préciser mes critiques. Ceci explique largement ma lecture de CVC dont je rends compte dans mon blog, à petit pas.

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3/ Pour revenir à Girard, c'est brillant, incontestablement séduisant dans l'analyse des rapports sociaux, mais

  • 31/ il se répète, et je trouve que ses derniers ouvrages pèchent par là : il va dans des détails et des raffinements de plus en plus abscons ;
  • 32/ il n'a pas évoqué, dans le cas de la guerre, la question de l'Etat. S'il cite Hegel, il oublie (si ma mémoire ne me trahit pas) Max Weber et son monopole de la violence légitime : là réside, à mon sens, le défaut le plus patent.

Et c'est dommage ! car on attend justement une meilleure contribution de la théorie mimétique à la compréhension polémologique.

J'attends en fait le chaînon manquant, l'analyse du fait étatique par Girard, et donc celui de la rivalité pour le pouvoir, soit par le jeu politique (quelque soit le régime) soit par celui de la guerre interne (guerre civile, ou sécession). En fait, entre l'analyse sociologique et l'analyse de la violence guerrière, il manque l'analyse de ce qu'il y a au milieu : le politique.

Peut-être est-ce dû à cette volonté de rester à l'inter-individuel, ou au social, sans admettre qu'un Etat ou une nation (pour prendre le cas des rébellions de libération, par exemple) puisse avoir la personnalité morale, et donc une autonomie de violence par rapport aux membres qui le composent.

Mais ça fait partie du débat....

O. Kempf

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