« La géographie de nos grands-mères »

Derrière ce titre un peu désuet et racoleur se cache un petit ouvrage que je recommande vivement.

En effet, , l’auteur nous explique comment la géographie fut enseignée, et surtout comment elle contribue à l’identification du pays. La géographie est la première des disciplines qui forge la représentation géopolitique d’un pays, avant même l’histoire.

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Au cours des 42 pages abondamment illustrées (extraits de manuels de l’époque et de nombreuses copies et cahiers d’élèves de l’école de la République), on comprend non seulement la pédagogie employée, mais aussi les buts recherchés de cet enseignement, et au fond de cette géopolitique primaire.

Yves Lacoste disait que la géographie sa sert d’abord à faire la guerre. On comprend comment la géographie, ou plus exactement son enseignement, à servi aussi à faire des « citoyens ». Derrière ce mot se cache bien sûr le fils de la cité, celui qu’on enverra en masse sur les champs de bataille, mais aussi le petit Français qui s’approprie l’hexagone, image mythique du pays, au sens propre « représentation ».

Car la géographie est d’abord un livre d’images, propre à l’imagination et à l’évasion autant qu’à la prise de conscience du pays.

La « révolution » de cet enseignement vient dans les années soixante : massification de l’enseignement, abondance d’images et retournement pédagogique (l’enfant découvreur) mettent bas ce qui s’enseignait depuis un siècle. Et j’apprends, effaré, qu’il n’y a plus aujourd’hui de manuel de géographie dans le primaire, et que la discipline n’est plus enseignée en tant que telle.

Chers lecteurs, vous qui avez de l’influence dans vos partis politiques respectifs, réclamez le retour de la géographie dans le primaire !

L’ouvrage se termine par le fac-similé d’un manuel de géographie de 1910 de cours préparatoire.

Bref, un petit ouvrage aisé à lire, passionnant et beaucoup moins passéiste qu’il n’en a l’air et qui fait avantageusement réfléchir.

« La géographie de nos grands-mères » par Florence Guibert-Fourré Editions archives et culture, collection images d’autrefois. Paris 2008, 70 pages, 18 euros. www.archivesetculture.fr

Sommaire :

Introduction

La pédagogie de grand-maman

Une pédagogie de l’inventaire - Liste et tableaux - L’emboîtement des espaces - Départements et chefs-lieux - La mémoire reine

Apprendre et comprendre - Des programmes ambitieux - Pratique et théorie - Quelle place pour l’enfant autrefois ?

La géographie, reflet de son temps

La géographie au service de la patrie - La géographie, parent pauvre de l’enseignement - Le traumatisme de 1870 - La patrie : l’alliance de l’histoire et de la géographie

La France au cœur des apprentissages - L’harmonie des territoires - Unité et diversité - Un territoire mythique

La géographie coloniale - La France, grand empire colonial - La géographie raciale - Sauvagerie et civilisation

L’image du monde

La carte de géographie scolaire - La carte : un outil pour apprendre et comprendre - Frontières et limites - Le dessin à l’honneur - La carte à main levée en déclin

Un livre d’images - L’image comme illustration pédagogique - Des images aux documents - L’image pour rêver

Conclusion

Un manuel de géo de 1910

O Kempf

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