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Du périple européen de M. Obama

La séquence de la semaine dernière a été donc celle du séjour européen de M. Obama : G 20 (voir billet), sommet de l'Otan, discours de Prague, étape stambouliote.

1/ Commençons par le moins important : le sommet de l'Otan. En fait, malgré toutes les avances (Guantanamo, déclarations polies, passage obligé sur le renforcement de l'Europe de la défense, stratégie afghane euro-compatible), le président Obama n'a émis qu'une demande : des troupes. Encore l'a-t-il fait sotto voce, car il a vite constaté que malgré tous les efforts, les Européens n'en avaient cure. On a eu peine à additionner 5000 hommes de renforcement pour l'été, à l'occasion de la présidentielle.

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Il a pu en tirer plusieurs conclusions :

- Les néo-conservateurs n'avaient peut-être pas totalement tort quand ils dénonçaient la pusillanimité européenne, pratiquant à double titre le principe du passager clandestin : tant pour les dépenses de défense (qui vont aller en diminuant encore) que pour les engagements de troupes. Cela peut s'expliquer de ce côté-ci de l'Atlantique (après tout, pourquoi pas?), Cela se comprend beaucoup moins aux environs du Potomak.

- Du coup, il a les coudées franches pour faire ce qu'il veut en "AfPak", d'autant qu'il a mis les moyens, avec le "surge", de forcer la décision. Que cela s'avère efficace dans la durée est une autre affaire : il ne demandera plus leur avis aux Européens.

- Enfin, il s'est rangé aux critiques anti-otaniennes qui font florès aux Etats-Unis. On a cru qu'il s'agissait d'un prurit bushiste. C'est oublier que la réticence envers l'AA date de la campagne du Kossovo, menée, ne l'oublions pas, par M. Clinton. En clair, ce sont les démocrates qui les premiers ont dénoncé l'inanité de l'AA. Obama a constaté, très rapidement, que rien n'avait fondamentalement changé dix ans plus tard. L'égoïsme européen fait plus pour détruire l'Alliance que les rodomontades des anti-Otan canal historique. Cela étant dit, cet égoïsme ne favorise pas plus la construction de la défense européenne, (on lira à ce sujet l'édito de Carl von C. dans le dernier DSI). Et que la seule solution semble être, logiquement, le repliement sur soi de chaque Etat. M. Sarkozy serait ainsi beaucoup plus gaulliste qu'on ne le dit, et qu'il n'en a probablement conscience.

2/ Un voyage inutile, donc, entre un G 20 peu convaincant et un sommet de l'AA décevant ? Oh! que non. D'abord, car le plus important, à Londres, a été la rencontre avec Medvedev. On se reportera à la déclaration officielle, ou au CR de l'AFP.

120860915.jpg Qu'on les résume :

  • - affirmation des obligations prévues par l'art VI du TNP
  • - négociation d'un nouveau traité appelé à remplacer START avec CR intermédiaire dès le mois de juillet
  • - engagement à discuter des nouvelles conditions d'une défense anti-missile
  • - soutien à l'AIEA, à l'initiative globale contre le terrorisme nucléaire,,
  • - engagement du Pdt Obama à ratifier le TICE (interdiction des essais nucléaires)
  • - promotion d'un nouveau traité interdisant la production de matières fissiles
  • - considérations communes sur la Corée du nord et l'Iran.

Mais le point clef est probablement plus loin : "nous avons commencé les discussions que la sécurité et la stabilité en Europe". On cite la proposition du président Medvedev faite en juillet dernier, et on cite le Conseil Otan-Russie à égalité avec l'OSCE.

Je ne crois pas qu'il s'agit seulement d'une politesse (on fait semblant de reprendre le dialogue entre super grand comme au bon vieux temps, afin de faire plaisir à Medvedev) : au contraire, la sécurité européenne se fera sur une base américano-russe, les Européens étant associés à la marge, et l'Otan n'étant qu'une option parmi d'autres..... et à égalité avec l'OSCE..... !

3/ Le troisième événement du voyage est bien sûr le discours de Prague : non qu'il ait eu lieu à l'occasion d'un sommet USA/UE, mais parce que le président Obama a donné son principe : il faut un désarmement nucléaire. C'est l'alternative au BAM. Ce désarmement passe dans un premier temps par :

- la négociation du successeur du START permettra de réduire l'arsenal américain, mais aussi "nous chercherons à inclure dans cette entreprise tous les Etats dotés de l'arme nucléaire". La France est loin d'être satisfaite de cette position.... - ratification du TICE - promotion d'un nouveau traité interdisant la production de matières fissiles

Le désarmement est suivi, dans un deuxième temps, d'une promotion de la non prolifération, par la consolidation du TNP. , avec notamment la création d'une banque internationale d'approvisionnement en combustible nucléaire.

On le voit, là encore, les objectifs bushiens demeurent, mais la méthode change. On verra si elle est couronnée d'effets.

Conclusion

L'insistance sur le nucléaire n'est pas anodine. Elle constitue en fait l'outil qui va permettre d'animer une approche commune à deux théâtres, mais aussi d'une certaine façon au troisième :

- elle permet d'avoir une politique européenne

- elle permet d'avoir de nouvelles propositions avec l'Iran, et donc d'alléger la dépendance états-unienne à Israël

- elle permet enfin de considérer le problème de l'AfPak : ce n'est plus le terrorisme qui est dangereux (par lui-même), c'est le fait que le Pakistan, puissance nucléaire, soit dans une grande instabilité.

Je reviendrai, bien évidemment, sur l'ensemble de ces éléments.

O. Kempf

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