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Tamouls: chronique de la fin et nouvelles leçons opérationnelles

Je reviens sur la défaite des Tigres Tamouls, que j'avais déjà évoquée dans un billet il y a trois mois, et dont je partage toujours l'analyse (rassurant de vérifier, de temps à autre, la pertinence des analyses, et leur durée...). J'ajouterai ceci :

carte_srilanka.jpg carte issue de http://pagesperso-orange.fr/patricia.chapoutot/images/carte_srilanka.jpg

1/ Le terrorisme ne peut pas durer sans se transformer en action armée, qui doit s'organiser. Le but reste toujours la conquête du pouvoir, donc de territoire. Les Tamouls, à partir des attentats suicide, se sont transformés en armée insurrectionnelle, avec une marine et une aviation....

2/ Conclusion partielle : dans la guerre irrégulière, les forces "régulières" utilisent de plus en plus les formes de leurs adversaires (d'où la vogue des forces spéciales), tandis que les forces "irrégulières" vont aller en se régularisant. Dans cette démarche l'un vers l'autre, on devrait arriver à un point où "ça s'équilibre" : il y a "équilibre" des modes d'action (pas forcément des moyens), autrement dit une "symétrie", même si elle n'est pas "conventionnelle".

3/ De façon plus géopolitique, la défaite des Tamouls met un terme à la vieille grammaire des luttes de libération nationale. ON se souvient d'Izetbégovic dire, en 1993, qu'une lutte de libération nationale ne pouvait échouer au XX° siècle. Il récitait là la vieille syntaxe de la décolonisation.

carte_sri_lanka_2.jpg carte issue de http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/srilanka

4/ Or, on s'aperçoit aujourd'hui que les nouvelles indépendances sont peu convaincantes. Si izetbégovic a connu les accords de Dayton, on ne reste pas impressionné par l'éclat du succès de la Bosnie, quinze ans plus tard. Timor est in,dépendant, sans convaincre. Le Kossovo a déclaré sa souveraineté, qui n'est pas reconnue par une majorité d'Etats. Et la révolte Tamoule a échoué.

5/ La grande différence tient à ceci : on a assimilé libération à décolonisation. Mais il n'y a plus de colonies, n'en déplaise à certains en Guadeloupe. Il y a donc des situations démographiques qui sont des héritages de l'histoire, de peuplements, d'influence politique.... Il faut donc penser les conflits "intérieurs" selon cette nouvelle grille de lecture.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 24 avril 2009, 17:36 par

Comme vous les sous-entendez, on parle souvent d'un mouvement "d’irrégularisation" des forces conventionnelles dans leurs modes d’action (peu de low-tech arrive sur les théâtres), parallèlement à la "régularisation" des matériels sans bond technologique forcément démesuré (accompagné ponctuellement d'actions coordonnés) des forces irrégulières. On arrive alors vers le modèle un peu bâtard dans les pensées: un soldat hybride.

Enfin, pour reprendre la "bible" Galula: « La transformation d’une force irrégulière en armée régulière est un passage périlleux pour toute force insurgé. Il ne doit être amorcé que lorsque la situation est optimale et le mouvement déjà puissant ».

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