Numérisation de l'espace de bataille

J'ai eu entre les mains le dernier "cahier de réflexion doctrinale", publié par le CDEF. IL rend compte du séminaire tactique tenu le 11 décembre 2008. Deux thèmes au sommaire : les espaces lacunaires, et la NEB (Numérisation de l'espace de bataille). L'habitué de ce blog sait que je suis assez circonspect envers cette dernière.

Je m'aperçois, à la lecture de ce cahier (qui sera probablement édité en ligne un de ces jours), que je ne suis pas le seul, et qu'il y a un débat à ce sujet.

1/ Arguments en faveur de la NEB : Sérénité des supérieurs, confiance et marge d'initiative des subordonnés, tenue de la situation, processus de commandement, et efficacité des systèmes d'arme.

2/ Toutefois, on ne se pâme pas autant que ça devant le système : il ne s'agit pas d'une révolution, mais d'une évolution.

3/ Car voici les défauts de la NEB : information surabondante, virtualisation de l'image, complexité et fragilité des systèmes, tendance au micro-management.

4/ C'est selon moi ce dernier danger qui est le plus grave, alors qu'on ne cesse de nous vanter par ailleurs la nécessité de l'initiative, et qu'on fait tout pour la décourager. On présente des exemples favorisant la manoeuvre et la légèreté, et on a des systèmes deplus en plus lourds.

5/ Est-ce d'ailleurs un hasard ? sous influence américaine, on ne parle plus de commandement, mais de commandement et contrôle. On est passé d'un mot à quatre syllabe à un acronyme (C2) qui d'ailleurs n'a cessé de s'allonger : car le contrôle signifie la communication, et le computeur.

6/ L'objectif de la NEB est de percer le brouillard de la guerre, grâce à une meilleure connaissance des "informations" du champ de bataille. C'est oublier Clausewitz : le chef, au cours du combat, ne cesse de voir son idée perturbée par l'afflux d'informations et de détails, plus ou moins contradictoires. Cela risque de le distraire de son idée première. AU lieu de lui faciliter la vie, l'afflux d'information la lui complique. Et il court le danger de se précipiter vers un fait, tombant dans le piège du micro-management. L'information "en temps réel" (je n'aime pas cette expression : connaissez vous des temps qui ne soient pas réels?) augmente son stress et affaiblit sa sérénité.

La NEB, c'est une machine anti-flegme. Mais il est illusoire de la critiquer : le mouvement est parti trop avant pour qu'il soit envisageable de dévier cette inertie.

O. Kempf

Références :

1 : Le site du Centre de doctrine et d'emploi des forces :

2 : Vidéo de présentation de la NEB

3 : La NEB selon wikipedia

4 : Fiche du Cerems sur les conséquences organisationnelles de la NEB

5 : Billet du blog opexnews sur la NEB

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