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RMA, politique et technologie

Lors du colloque d'hier, M. X. de Villepin (le sénateur) m'a posé une question dont les présupposés méritent d'être approfondis :

"Avec Obama, qu'est-ce qui a changé en matière de RMA ?" (RMA comme révolution dans les affaires militaires).

1/ J'ai d'abord répondu que le plus grand changement dans la remise en cause 'politique' de l'approche technologique n'avait pas eu lieu entre G.W. Bush et Obama, mais entre Le premier et le deuxième mandat de G. Bush, et le départ de D. Rumsfeld : c'est cette décision (et l'arrivée de R. Gates) qui marque la fin du projet RMA-iste. D'ailleurs, le maintien de Gate en est le signe le plus marquant. En revanche, il ne faut pas assimiler la RMA à la seule cyberguerre, car le champ technologique est bien plus large. Et pour le coup, l'arrivée d'Obama introduit un changement, qui est celui de la remise en cause du bouclier anti-missile, pour des raisons politiques (dialogue américano-russe). Cela sans évoquer les coupes de programmes qui vont devoir être effectuées, notamment pour des raisons budgétaires (sur ce dernier point, on lira les chroniques fouillées de Philippe Grasset dans dedefensa).

2/ AU-delà de cette réponse, ce qui est intéressant, c'est le sous-entendu politique : la RMA serait une expression de la doctrine neo-cons. Et il est exact que cela correspond à une partie de la réalité, qui n'a pas forcément été vue jusque là. En effet, on concevait la doctrine neo-cons d'abord comme une vision politique, et on rattachait le plus souvent la mise en avant de la RMA à la vieille conception jominienne de la guerre. Il n'a pas été souvent dit que les deux coïncidaient plus qu'on ne le pensait.

3/ Cela n'est toutefois pas étonnant, puisqu'une politique de défense est l'expression radicale des vues politiques du'n pays, et d'abord d'un gouvernement. Mais je reviendrai sur ce sujet, qui me paraît très important.

O. Kempf

Références : on se reportera notamment à ce site qui entretient le débat sur la RMA.

Commentaires

1. Le mardi 5 mai 2009, 22:14 par Corentin

Tout à fait d'accord pour ce qui est du timing (même approximatif) de l'abandon de la transformation "à la Rumsfeld". Je vous rejoins également sans mal sur la correspondance entre les conceptions de la RMA/transformation et la culture stratégique US, jominienne et surtout très optimiste quant aux bénéfices pouvant être tirés du progrès technique. Par contre, le lien entre néoconservatisme et RMA/transformation n'est - pour moi - pas évident:

Sur un plan historique d'abord, la RMA ni la transformation ne datent pas à proprement parler de l'arrivée de Rumsfeld. C'est sous Clinton que le thème a eu le succès qu'on lui connait, même si l'on peut reconnaître à Rumsfeld le mérite (?) d'avoir accru la pression sur les "services" dès son arrivée au pouvoir.

Sur un plan "conceptuel" ou "philosophique", le lien entre RMA et projet néoconservateur me semble néanmoins ténu, et m'apparaît être davantage une rencontre due aux individus impliqués : le développement des technologies étant impliquées dans la "RMA" a été lancé dans les années 70 et 80, avec le soutien de futurs éléments de l'administration Bush Jr. Les hardliners initialement désireux de reprendre l'avantage conventionnel en Europe se sont ainsi retrouvés dans l'après 11 septembre avec les mêmes préférences "technophiles", cette fois en vue de la GWOT.

Ceci étant dit, je peux me tromper, et en tout état de cause serais vivement intéressé par la lecture de vos propres idées ou hypothèses sur cette collusion entre projet néoconservateur et RMA !

EGEA : comme vous le remarquez, c'est une hypothèse. MAis j'ai eu l'impression qu'il y avait, dans le public français, association entre mise en ouvre de la RMA et projet néo-cons...

2. Le mardi 5 mai 2009, 22:14 par JH

Salut Olivier,

Petite précision, il n'existe pas une RMA que les Neo-cons se seraient attribués mais bien des RMA. Cohen distingue 5 grandes écoles de la RMA, O'Hanlon 4 je pense.

Par contre, ce qui est exact c'est que les NC se sont attribué l'école la plus techno-intensive, dite du "starship trooper", en particuleir durant la campagne électorale de 2001.

Ce qui signifiait, par exemple, l'abandon des porte-avions au profit de lasers spatiaux de frappe terrestre. Mais cette vision a elle-même été rapidement été battue en brêche, avec un "retour aux réalités" (budgétaires et politiques) consubstanciel à la perte d'influence des NC, dès 2001-2 d'ailleurs et l'arrivée du vocable de la "Transformation", héritier de l'école, pour reprendre Cohen, du "système de systèmes".

3. Le mardi 5 mai 2009, 22:14 par

Je recommande aussi la lecture (un peu velue j'en conviens) de cet article: http://www.rmes.be/CDR%208/CDR8_Tai...

4. Le mardi 5 mai 2009, 22:14 par Corentin

Oui, il est possible qu'il y ait eu ce genre d'association RMA/Néocons au sein du public français (après tout, vous étiez au colloque, pas moi!), et la guerre en Irak y a sans doute été pour beaucoup: d'abord, en incarnant dans sa phase initiale la transformation à la sauce rumsfeldienne, puis en permettant de critiquer à la fois les limites du tout technologique et les erreurs propres aux projets des "néocons"...

5. Le mardi 5 mai 2009, 22:14 par

La "RMA" est même présente dans les pratiques actuelles de contre-insurrection. Deux exemples:
-la focalisation sur la cartographie des réseaux socioculturels et politiques.
-l'usage de moyens de haute technologie afin d'entraîner, de planifier et de conduire les opérations contre les insurgés et au profit de la population.

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