RMA, politique et technologie

Lors du colloque d'hier, M. X. de Villepin (le sénateur) m'a posé une question dont les présupposés méritent d'être approfondis :

"Avec Obama, qu'est-ce qui a changé en matière de RMA ?" (RMA comme révolution dans les affaires militaires).

1/ J'ai d'abord répondu que le plus grand changement dans la remise en cause 'politique' de l'approche technologique n'avait pas eu lieu entre G.W. Bush et Obama, mais entre Le premier et le deuxième mandat de G. Bush, et le départ de D. Rumsfeld : c'est cette décision (et l'arrivée de R. Gates) qui marque la fin du projet RMA-iste. D'ailleurs, le maintien de Gate en est le signe le plus marquant. En revanche, il ne faut pas assimiler la RMA à la seule cyberguerre, car le champ technologique est bien plus large. Et pour le coup, l'arrivée d'Obama introduit un changement, qui est celui de la remise en cause du bouclier anti-missile, pour des raisons politiques (dialogue américano-russe). Cela sans évoquer les coupes de programmes qui vont devoir être effectuées, notamment pour des raisons budgétaires (sur ce dernier point, on lira les chroniques fouillées de Philippe Grasset dans dedefensa).

2/ AU-delà de cette réponse, ce qui est intéressant, c'est le sous-entendu politique : la RMA serait une expression de la doctrine neo-cons. Et il est exact que cela correspond à une partie de la réalité, qui n'a pas forcément été vue jusque là. En effet, on concevait la doctrine neo-cons d'abord comme une vision politique, et on rattachait le plus souvent la mise en avant de la RMA à la vieille conception jominienne de la guerre. Il n'a pas été souvent dit que les deux coïncidaient plus qu'on ne le pensait.

3/ Cela n'est toutefois pas étonnant, puisqu'une politique de défense est l'expression radicale des vues politiques du'n pays, et d'abord d'un gouvernement. Mais je reviendrai sur ce sujet, qui me paraît très important.

O. Kempf

Références : on se reportera notamment à ce site qui entretient le débat sur la RMA.

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