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Fatigue des élargissements

Dans la sphère européenne de sécurité, on observe une nette fatigue des élargissements.

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1/ S'agissant de l'Alliance Atlantique, l'affaire a commencé au sommet de Bucarest (voir mon billet), et confirmé au sommet de Strasbourg-Kehl (voir mon billet ici sur ce sujet, et celui-ci sur les partenariats). Le refus d'accueillir l'Ukraine et la Géorgie est symbolique de la fin d'une dynamique initiée au milieu des années 1990. Il y aura certes encore de nouveaux membres. Ainsi, la Suède et la Finlande sont très proches d'ouvrir très officiellement le débat chez elles. Mais on ne voit pas très bien comment aller plus loin, y compris dans les Balkans (la Grèce a maintenu son veto contre la Macédoine - ARYM, et on voit peu de progrès en Bosnie, au Monténégro, sans même parler du refus serbe de rejoindre l'alliance).

2/ C'est que l'élargissement, qui avait du sens géopolitique entre 1996 et 2004, n'en a plus aujourd'hui. Car les Alliés se posent la question : quelle valeur ajoutée un tel élargissement apportera-t-il ? une augmentation de notre sécurité commune ? beaucoup en doutent, surtout que l'Alliance a bien d'autres soucis, opérationnels. Sans compter qu'on assiste à un raidissement russe sur la question. Je conviens que celui-ci est probablement surjoué, comme les acteurs qui en font trop (voir les réactions disproportionnées sur l'exercice Otan en Géorgie). Il reste que personne n'a vraiment envie, aujourd'hui, de continuer de provoquer le Kremlin.

3/ De côté de l'UE, on assiste à une problématique similaire : La Slovénie imite la Grèce et pose son veto à l'entrée de la Croatie, pour des raisons de frontières maritimes (vous savez, la frontière, ce truc inutile qui devait disparaître grâce à la construction européenne qui nous assurerait demain un "monde sans frontières"). Et si l'Islande a envie de rejoindre l'UE pour bénéficier de l'euro, personne ne voit les marges de l'Europe intégrer à terme l'UE.

4/ De même, les marges orientales voient la construction d'un partenariat oriental. On ne louera jamais assez la Pologne pour cette proposition à mon sens utile. Elle imite, toutes choses égales par ailleurs, les projets d'Union pour la Méditerranée (voir ce billet sur la Méditerranée, centre ou périphérie)). Cela renvoie à ce que je disais l'an dernier sur les limites du théorème européen de l'élargissement pacifiant.

5/ La conclusion commune à ces deux fatigues d'élargissement est limpide : nous sommes sortis collectivement de l'illusion que l'élargissement est la solution à tout. Même si ce n'est pas aussi formellement énoncé dans une politique collective (et à l'heure d'une campagne pour les élections européennes, ce pourrait être une excellent thème de débat...), chacun ressent bien qu'il faut trouver d'autres manières de dialoguer avec ses confins. N'y a-t-il pas là matrice à une doctrine de politique étrangère européenne ?

Olivier Kempf

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