Sans même le vouloir vraiment, l'Union Européenne déploie une géopolitique orientale.
1/ Il y a d'abord eu le partenariat oriental, déjà évoqué ici en marge des élargissements. Je n'avais pas insisté à l'époque, mais ce partenariat signe aussi une politique européenne, politique presque involontaire. <!more> C'est d'ailleurs le plus remarquable, dans l'Union Européenne, que son caractère involontaire : comme si ces politiques n'étaient que le résultat de nécessités, sans volonté d'un acteur. Comme si la géopolitique n'était pas une pensée en action, mais la résultante de forces. C'est d'ailleurs ce qui rend cet objet si intéressant à observer : à la différence d'une géopolitique "nationale" qui promeut un projet, il s'agit d'une géopolitique a-nationale, sans but apparent.
. Carte tirée de http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Nabucco_Gas_Pipeline-fr.svg.
2/ On peut observer une démarche similaire à propos du gaz. En effet, les politiques nationales (italiennes et allemandes, pour faire simple), soutiennent les projets russes, Northstream et Southstream. Vient une guerre du gaz (on relira avec intérêt mon billet de janvier sur le vieil EGEA) : l'UE se voit obligée de promouvoir le tracé alternatif Nabucco (voir ici), presque à son corps défendant.
3/ L'UE a donc une géopolitique involontaire, ce qui la rend la plus fascinante à observer. ENtre un partenariat oriental et un contournement par le sud, elle trouve le moyen à la fois de satisfaire la Russie (en inventant une alternative à l'élargissement) et de la mécontenter (en contournant l'arme du gaz). A voir, bien sûr, dans la durée.
O. Kempf
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