Ainsi, la librairie américaine Brentano's va fermer (voir ici).

1/ On pourrait certes y voir la dissolution d'une influence américaine, l'affaiblissement du soft power américain, un effet non maîtrisé de la crise économique, etc..... J'y vois surtout, aussi paradoxal que cela paraisse, la fin d'une certaine diversité culturelle....

2/ Autrefois, j'ai caressé le projet d'écrire un guide des librairies de Paris : leurs spécialités (voyage, langue, dictionnaire, ...), leurs stocks, etc... Le temps (quoi d'autre ?) ne m'a pas permis de mettre en œuvre ce projet.

3/ Ainsi, membre de l'équipe d'Alliance géostratégique, il se trouve que je suis le plus ancien de la bande. Si mes compères sont eux aussi des lecteurs assidus, j'observe que je suis fondamentalement un homme de l'écrit. Or, je constate que nous assistons à un changement de "paradigme". Je me méfie beaucoup de ce mot, que tout le monde utilise à tort et à travers. Toutefois, il me semble adapté ici pour rendre compte de ce dont il s'agit : la métamorphose radicale de la façon d'acquérir la culture. Nous avons réellement changé de siècle.

4/ Les "nouvelles générations", celles de mes enfants, de mes étudiants, ont ainsi muté. L'internet va en effet plus loin encore que l'audiovisuel (pick-up et rock, radio, télé, walkman, magnétoscope, satellite, ...). L'écrit n'est plus la référence normale de la connaissance même s'il demeure la référence ultime.

5/ Le constat a déjà été fait. J'en ai évoqué des aspects (sur la presse, sur Internet comme lieu de débat).

6/ Ces conditions sous-tendent, forcément, des réflexions en cours sur le débat stratégique : qu'elles aient lieu à AGS, à Défense Nationale, à Participation et progrès. Plus que la pseudo sécheresse du débat stratégique (il n'y a qu'à lire le dernier numéro de Stratégiques sur les guerres irrégulières pour noter à quel point il y a une vraie richesse conceptuelle en France), la question cruciale me semble être celle de la diffusion de cette pensée, et de son accès.

7/ Enfin, on ne peut s'abstraire des considérations sur la Maîtrise stratégique de l'information (voir mon billet de la semaine dernière). De façon paradoxale, il s'agit de lier la stratégie de l'information à l'information de la stratégie. Mais les deux sont-elles réellement si différentes ?

O. Kempf