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L'Asie et l'Afghanistan

L' Afghanistan : Asie centrale, ou du sud ?

Question classique, soulevée par AGS à l'occasion de son thème du mois.

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Sans tenter d'y répondre, il me semble utile de m'interroger sur la place de l'Afghanistan aux yeux de ses voisins asiatiques. C'est un article de Robert Kaplan, dans le IH.Tribune, qui m'y incite.

Que dit-il ?

1/ Qu'en Afghanistan, les intérêts de la Chine et des États-Unis convergent (vous me direz, il n'y a pas que là, mais c'est une autre question). En effet, l'Afghanistan constitue un moyen pour faire venir en Chine les matières premières, en provenance de l'océan indien, mais aussi de l'Iran, ou de plus loin. Sous-entendu : une liaison terrestre qui permette d'éviter le contournement de l'Inde, puis la traversée du détroit de Malacca et de la contestée mer de Chine.

2/ Mais alors, que se passe-t-il si les Américains décident d'abandonner l'Afghanistan ? Candahar et le sud du pays passent aux mains des Talibans, et c'en serait fini de la diversification des voies d'approvisionnement : un échec. Échec ? pas sûr. Car alors, l'Inde sera obligée de faire face à un Islamistan (un AfPak à tendance islamiste) : et même si elle résisterait à une guerre contre le Pakistan, elle serait obligée de bander toutes ses énergies dans cette opposition, au risque d'entraver son développement économique. Ce qui laisserait la Chine tranquille, dans toute l'Asie du sud.

3/ Pour résumer l'alternative : soit l'Asie centrale se stabilise, ce qui ouvre une porte à l'Asie orientale ; soit elle périclite, et cela handicape l'Asie du sud, laissant donc tranquille l'Asie orientale.

Peut-on aller plus loin que Kaplan? Oui, car l'analyse paraît un peu sommaire, monofactorielle. Un Afghanistan stabilisé favorise aussi l'Inde, ce qui, si on suit la logique de Kaplan, amoindrit l'intérêt chinois. Un Afghanistan déstabilisé, et ce sont les confins de la Chine qui sont eux-mêmes menacés (Xin Jiang), sans même parler de la dépendance accrue envers une unique voie d'approvisionnement, et donc une possibilité de contrôle indirect par l'Inde. Toute médaille a bien sûr son revers.

4/ Ceci explique probablement plus encore l'ambiguïté chinoise sur la question afghane.

Conclusion : Les questions d'Asie sont le creuset de relations intriquées, qui ne sont pas faciles à dénouer. Ce qui constitue, au fond, une grande "loi" de la géopolitique.

O. Kempf

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