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A propos de la stratégie des moyens

Les colloques du début de la semaine sur l'actualité de la pensée stratégique ont soulevé, indirectement ("approche indirecte" ?), la question des moyens.

1/ C'est la question de la "stratégie des moyens", soulevée par l'amiral Lacoste dans une question, lundi soir. Qu'il me soit permis de proposer quelques réflexions d'observateur.

2/ Tout d'abord, si je me souviens, la stratégie des moyens était très connotée dans le débat stratégique des années 1960-1970 (en corrélation, si j'ai bien compris, avec la question de la dissuasion : un lecteur voudra bien corriger s'il y a lieu) : ce fut pour cela que je n'ai pas très bien compris ce que voulait signifier l'amiral.

3/ S'il s'agit d'évoquer l'approche technologique de la stratégie (comment l'armement modifie la façon de penser la guerre), et donc, indirectement, la question des armements et des bases industrielles de défense -BID), je crois qu'il y a suffisamment de production intellectuelle sur le sujet pour que ce ne soit pas la question. Joseph y a d'ailleurs répondu dans son billet où il indique le nombre d'articles que DSI et DSI T ont consacré au sujet.

4/ Il s'agit probablement d'évoquer le financement de la pensée stratégique. La question, selon moi, est double. Elle est "médiatique" : en clair, les difficultés de toute presse papier dans le monde informatisé d'aujourd'hui. C'est pour cela que j'ai prétendu, dès lundi soir, que la blogosphère (et donc, vous, cher lecteur) consistait en un moyen d'éveiller la curiosité pour cette pensée stratégique. Les succès d'EGéA, d'AGS et des autres l'illustrent avec éclat. Moyen parmi d'autres, qui en couvre pas tout le spectre, voir mon billet.

5/ Mais elle est aussi pécuniaire : comment payer des stratégistes (payer suffisamment, et en nombre). Ce débat a été soulevé incidemment à deux reprises : dans le premier commentaire au billet de JD M, et dans une intervention au colloque de l'IRSEM, mardi après-midi : alors qu'un jeune professeur faisait l'étalage des thèses et "recherches" universitaires sur les questions de défense, une 'consultante' s'est levée et a posé la question de ce métier : car il s'agit, si on y réfléchit bien, de chercheurs qui n'ont pas trouvé de postes en université et qui sont obligés d'avoir une démarche commerciale pour monnayer leur savoir.

6/ Or, je m'interroge : la fusion des organismes dans l'IRSEM va-t-elle vraiment enrichir le débat? la centralisation, qui fait disparaître la compétition, n'appauvrit-elle pas le débat? Y a-t-il des moyens supplémentaires apportés à la structure, ou s'agit-il seulement de l'agrégation de coquilles déjà existantes ? Il est trop tard, bien sûr, pour y répondre puisque la décision est prise. Mais il semble probable qu'il n'y aura "enrichissement" de la pensée que s'il y a "enrichissement" des moyens.

7/ A défaut, seule l'agitation moléculaire d'Internet, selon une pensée stratégique 2.0 (pour reprendre l'intéressante idée de Charles Bwelé) permettra un réel enrichissement, fondé non sur la centralisation, mais au contraire sur l'extrême décentralisation, à faible coût : la solution la plus innovante permettant de créer un modèle économique qui suscitera de nouvelles sources de financement.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 7 octobre 2009, 21:54 par JH

Salut Olivier,

Effectivement, dans une approche "financière", je rejoins l'amiral comme ton billet. Une petite observation, toutefois : l'innovation, technologique comme stratégique, ne dépend pas de l'argent, elle ne se commande pas. Elle arrive "comme elle peut".

J'ai quelques exemples de jeunes auteurs qui proposent des choses très intéressantes sans être intégrés à des structures. Ces dernières posent par ailleurs la vieille contrainte du "qu'est ce que mon directeur va penser... bon, je me tais", un réflexe très courant dans le milieu des facs.

Ceci dit, l'IRSEM peut être une bonne chose - tout dépend de sa gestion et de sa culture propre. Or, c'est bien de culture dont il s'agit avant tout : l'environnement va-t-il accepter une innovation ? Là, point question d'argent : il doit d'abord favoriser la création. L'argent devient alors subsidiaire : ce cher Carl était certes au chaud dans une école de guerre lorsqu'il a écrit mais il n'a pas tiré de bénéfice autre qu'intellectuel de la rédaction de Vom Kriege.

Notre équivalent national, c'est H. Coutau-Bégarie : plus de 215 volumes en 15 ans pour l'ISC et, pour y être chargé de recherche (non rémunéré, je précise ;o), une production... de dingues. Plus de 300 pages par mois. Les maigres rentrées servent essentiellement à payer les imprimeurs. Et pourtant, ça marche ;o)

La recherche, ça marche à deux choses : la passion et la sueur. L'argent apporte le confort et la survie, ce qui n'est pas négligeable (mon record, c'est 2 mois d'affilée de tartines à la confiture)... mais pas la créativité ;o)

EGéA : Eh!Eh! quel débat.... Joseph est donc le nouveau HCB..... La relève est assurée ! Vivent les tartines au chocolat.

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