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Sino-nippon ?

A l'occasion de la visite de B. Obama en Asie, on remarque les évolutions japonaises. J'évoquais fin aout (ici) une géopolitique fixe.

Évidemment, la géopolitique n'est pas fixe. Quelles évolutions observer ? Elles paraissent faibles, mais il faut y jeter un œil.

1/ Cela fait maintenant plus de dix-huit mois qu'imperceptiblement, le Japon se rapproche de la Chine. Au début, on pensait à un intérêt économique. Celui-ci n'est pas absent. Mais il semble y avoir quelque chose en plus.

2/ Entre temps, il y a eu la crise financière, et le retour de la récession. La confiance asiatique dans le modèle semble atteinte. Certes, on observe un rebond récent.... dû justement aux relations avec la Chine. Et Tokyo comme Pékin ont la même difficulté : leur haut niveau de créances en dollars... Si donc la deuxième puissance économique s'allie à la quatrième, cela commence à faire du poids....

3/ Dans le même temps, on voit s'installer une sorte de distance avec les États-Unis : comme si le nouveau gouvernement de M. Hatoyama marquait là sa différence avec le style du PLD, à défaut de le faire autrement sur le plan intérieur.

4/ Ces deux mouvements évoquent l'hypothèse d'une nouvelle "sphère de coprospérité" (Dai-tō-a Kyōeiken). Mais autant la première était inspirée par le Japon, autant celle-ci serait animée par la Chine.

5/ Il s'agirait d'un bouleversement : à un double niveau :

  • régional : car au fond, le but ne consisterait qu'à organiser localement une Asie autonome, remettant ainsi en cause l'idée de mondialisation culturelle : la mondialisation ne serait, à cette aune, qu'économique.
  • géoculturel (si on me permet ce néologisme) : car le Japon était traditionnellement évoqué comme le seul pays asiatique à être moderne et occidental ; longtemps, il a servi d'illustration de l'universalité du modèle occidental. Et c'est ainsi qu'on a, le plus souvent, tendance à comprendre (à l'imitation) le "miracle chinois". Or, il est fort possible que l'éventuelle sphère de coprospérité se bâtisse également contre ce modèle, et qu'il se présente comme une alternative.

On le voit, ces mouvements imperceptibles témoignent des ajustements de l'échiquier oriental. Le G2 ne serait alors qu'une illusion...

O. Kempf

Références

  • Sur l'ère de coprospérité : cet article de stratisc.org
  • Sur la visite d'Obama au Japon : ici et ici
  • Sur le gouvernement Hatoyama : cet article de la RDN

Commentaires

1. Le mardi 17 novembre 2009, 21:35 par

Bonjour,

Pour dépasser le strict cadre sino-nippon, je note depuis quelques années déjà un rééquilibrage de la politique étrangère Russe à l'égard de l'Asie centrale comme orientale. L'implication Russe dans le cadre de l'OCS tient pour beaucoup à cette volonté de resserrer les liens avec ses partenaires asiatiques (le Japon et la Corée étant pour l'heure en dehors de l'organisation, y compris en tant qu'observateurs).

La crise systémique actuelle a surtout mis en perspective le rôle des BRIC comme moteur de la croissance mondiale, et plus particulièrement le rôle de créancier mondial (et non plus seulement d'usine du monde) de la Chine. Cette dernière devenant même de plus en plus entreprenante sur les différents continents (Africain en première ligne). Toutefois des relations apaisées avec son voisin nippon lui faciliteraient énormément la tâche en sécurisant ses axes de communication maritimes comme aériens (l'archipel du Japon est un verrou géopolitique), tout en communautarisant les ressources disponibles dans le périmètre de la mer de Chine.

Cordialement

EGéA : vous avez raison. Mais la Russie investit dans l'OCS, tout en délaissant la question japonaise. La question des Kouriles est un obstacle à une réelle continuité géopolitique. A moins que vous n'ayez connaissance de rapprochement russo-japonais qui seraient peu connus en Europe : auquel cas, il y aurait l'ébauche de qq chose de plus important.... Pour l'instant, on n'en est visiblement pas là.

2. Le mardi 17 novembre 2009, 21:35 par

Bonjour,

Nonobstant le cas du Japon et des îles Kouriles (qui perdure et où il semble que la classe politique nippone dans son ensemble mette autant de force à ne pas oublier ces revendications que les autorités Russes à ne pas céder d'un pouce sur la question), le fait marquant est que l'oeil de Moscou envisage désormais la zone Asie comme la relève à terme de ses intérêts Atlantiques (Europe comprise). Le risque à terme serait que les Européens soient perçus uniquement comme des consommateurs et non comme des partenaires : le changement de sémantique serait tout sauf anodin. Or pour l'heure, la Russie trouve avec les pays d'Asie Centrale comme la Chine et la Mongolie des alliés politiques comme économiques. Dans le cadre de l'OCS, les Philippines, la Malaisie et l'Indonésie font partie des Etats invités et pourraient à terme obtenir un statut pérenne.

Pour en revenir à ce point des relations russo-japonaises, les rencontres en 2009 entre les responsables politiques se sont intensifiées singulièrement (la dernière en date du 15 novembre en marge du sommet de l'APEC entre Dmitri Medvedev et Yukio Hatoyama). Des accords ont été signés en mai sur l'entraide pénale et les questions douanières. Des petits pas assurément, mais qui vont de l'avant et non à reculons. De plus, le lent dégagement de l'archipel de l'influence Américaine ne pourrait que contribuer à consolider le rapprochement entre les deux Etats et faciliter une entrée dans l'OCS (je signale que les Etats-Unis ont été refusés en son sein, or le Japon est considéré souvent comme un supplétif régional des ambitions Américaines).

Cordialement

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