Il faut cultiver son jardin

Chacun connaît le gimmick de Candide, qui au travers des plus incroyables pérégrinations et au milieu des fracas du monde, à la recherche de l'eldorado en compagnie de Gertrude et de maître Pangloss, n'avait pour seul horizon que "il faut cultiver notre jardin" : remarquable conclusion de géopolitique que cet attachement à la terre.

voyage_candide.gif (parcours de Candide)

Surtout si l'on pense, comme Erik Orsenna (in portrait d'un homme heureux), qu'un jardinier est un des seuls hommes à connaître une vraie aventure.

Je ne suis pas jardinier. Tout juste m'initie-t-on, à force de patience, à cet art pittoresque et fantasque qu'est la mise en place d'un jardin : je découvre ainsi qu'un jardin a systématiquement tendance à foutre le camp, et qu'il faut un temps incroyable pour parvenir à le domestiquer. Un jardin est un animal rebelle et rétif, sans cesse prompt à s'évader, ne supportant pas la longe mais la longue : un être vivant qui ne demande qu'à être apprivoisé, tout en restant libre pour ne pas verser dans la bête de cirque.

Bref, je ne suis pas un naturaliste de nature. Plutôt fleur de bitume, homme d'intérieur, voyageur de boîte crânienne... Mais je me soigne, et admets la vertu du jardin, et les vertus des jardins médiévaux au cœur des cloitres, microcosme végétal des milles vertus théologales.

Aussi est-ce avec le plus grand ravissement que j'ai découvert, au plus grand centre de Paris, une merveilleuse boutique, où le rez-de-jardin étale en son chaland divers accessoires de jardin plus raffinés et authentiques les uns que les autres (des sécateurs à manche en bois : imaginez-vous la chose ?), et où l'étage présente un mini muséum avec une incroyable collection d'animaux empaillés au milieu d'œufs d'autruche décorés et de reproductions de cartes scolaires... un vrai éblouissement.

ça n'a rien à voir avec la géopolitique ? vous avez parfaitement raison, et je suis désolé de vous avoir importuné. Mais cet entrebâillement du rêve, ce fantasme de jardin au milieu de l'infernal brouhaha environnant, ce moment apparemment si éloigné des inutiles boutiques de fringues, meubles et autre idioties (oui, vous avez raison, c'est un suprême marketing), bref, c'était très bien. Et si un géopolitologue n'a plus le droit de rêver, alors....

Alors, il faut retourner cultiver notre jardin....

O. Kempf

Réf :

  • A propos de Candide, un lien intéressant, notamment pour un œil géopolitique : ici
  • A propos de la boutique si raffinée : le prince jardinier
  • A propos de ce "naturaliste" si éblouissant : Deyrolle
  • Ca se trouve au 46 rue du Bac, et je n'ai aucune commission. J'ai juste aimé.

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