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A propos des régions

En France, il y a plusieurs façons de comprendre les régions.

Il peut s'agir de l'objet géographique, inventé par Vidal de La Blache, ce que dénonçait Y. Lacoste (cette notion de "région naturelle" ne repose sur aucune justification sérieuse : il s'agit au fond de refuser l'importance du facteur humain).

Il peut s'agir de la région administrative, inventée en 1964 par regroupement de départements, construction au hasard qui peu à peu tente de s'inventer des identités (avez-vous remarqué à quel point les cartes des "régions" s'arrêtent net à leurs frontières, comme s'il n'y avait rien au-delà ?) Elle s'adaptent très vaguement aux anciens découpages d'ancien régime. Elle sont l'emblème de la nouvelle décentralisation (voir mon billet)

Il s'agit enfin du mot d'eurorégion clamé par certains comme si l'Europe était la garantie des régions contre les Etats, soutenant par là une proto indépendance (lecture allemande) : alors qu'en fiat, il s'agit (du moins en théorie) de régions transfrontalières, destinées à souder la cohésion européenne au-delà justement des cadres nationaux.

On le voit, ces régions sont bien controversées.

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 4 décembre 2009, 21:48 par

Le découpage des régions en 1964 (si je me souviens bien de mon cours de géographie en 1966) était, certes, un "regroupement de départements", mais ce n'était pas une "construction au hasard" : il s'agissait de faire coller le découpage administratif à des réalités économiques sous l'autorité d'un super-préfet (affublé d'un acronyme I.G.A.M.E. dont j'ai oublié la signification), flanqué d'un S.G.A.R. (secrétariat général pour l'administration régionale).
Ces liens économiques avaient été étudiés de près à l'aide d'un certain nombre d'indices, comme par exemple les volumes des échanges téléphoniques. Ce découpage était peu connu du public, ne concernait que les services préfectoraux et n'était pas destiné à prendre l'importance qu'il a aujourd'hui.

C'est avec la création de Conseils Régionaux élus (lois de décentralisation de 82 /84) puis l'attribution d'une fiscalité propre (je ne sais plus l'année) que la Région est devenue en quelque sorte "publique" (et politique, parfois pleine de calculs politiciens) et non plus discrètement confinée dans les bureaux préfectoraux.

Ce qui nourrit quelques controverses récurrentes (faux problèmes à mon avis), c'est que l'on a donné à ces découpages administratifs des noms de provinces d'Ancien Régime, une erreur qui avait été soigneusement évitée pour la création des départements en 1790 (par exemple le département de l'Allier correspond au Bourbonnais mais n'en porte pas le nom).
Plus réellement, les controverses donnent du grain à moudre à des militants parmi lesquels certains trouvent ainsi l'occasion de démontrer leur aptitude à attirer les suffrages, comme par exemple Hervé Morin, militant de la réunification de la Normandie, qui est à l’origine du serment d'Épaignes prêté le 26 novembre 2006 (source : wikipedia).

Lorsqu'on passe au niveau européen, le problème se complique : d'abord parce que les Etats d'Europe ont chacun leur propre conception de la Région ; il se complique aussi au regard des subventions européennes : la Catalogne, région considérée comme riche au niveau espagnol, est moins riche que ses voisines françaises Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, dont la richesse se situe plutôt vers la fin du classement chez nous. Donc difficulté de créer des euro-régions économiquement cohérentes et de distribuer des aides européennes avec une équité incontestable.
"L'Arc Atlantique" est (ou fut) une autre tentative d'Euro-région, le lien invoqué étant culturel (le celtisme) et économique (par la mer) : Galice, Bretagne, Cornouaille, Irlande, Ecosse. Je crois que ça n'a jamais vraiment fonctionné, chacune de ces entités ayant plus d'échanges terrestres (la Bretagne avec l'Île de France, l'Ecosse avec le Kent) qu'avec ses partenaires atlantiques.

Il reste un cas intéressant, celui de l'agglomération transfrontalière. C'est le cas par exemple de Mouscron, en Belgique, qui fait physiquement partie de l'agglomération lilloise : l'on y traverse la frontière sans le savoir si le GPS est éteint (le téléphone portable ne change pas de réseau). Toutefois je suppose que de nombreuses règles administratives compliquent ou retardent la création d'administrations transfrontalières : quid, par exemple, du contrôle budgétaire. On a déjà bien de la difficulté avec les intercommunalités qui sont à cheval sur deux départements.

Faire coïncider les découpages administratifs à des réalités économiques était le projet des années soixante, en même temps que prendre acte de l'étroitesse des départements alors qu'on ne circulait plus à cheval. Aujourd'hui, alors que toute l'info circule par internet et que les flux économiques ne sont plus ceux des années soixante, les Régions à leur tour n'ont plus de justification à leur existence si ce n'est notre hésitation à bousculer des situations établies. Pour le même motif que l'on conserve des sous-préfectures.

EGEA : merci pour cette contribution : je suis comme vous peu convaincu de l'utilité dela région. Mais il s'agit d'une opinion, pas forcément très fondée sur des arguments (et je m'en excuse). Jen ote enfin l'importance des noms dans la construction identitaire : votre remarque est judicieuse....

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