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Catalogne : la Flandre espagnole

1/ Ainsi, certains Catalans organisent des référendums sur l'indépendance. La démarche n'a pas de valeur légale, ce qui n'empêche pas qu'elle a une signification politique. On trouvera aisément les explications motivant ce vote : un nouveau statut voté il y a quelques années, qui attend depuis trois ans une validation par la cour suprême ; des fuites semblant indiquer que celle-ci "raboterait" le statut. Il y aurait à ce propos un beau billet à écrire sur le rôle géopolitique des cours constitutionnelles, si on pense également à la décision de la CC turque qui vient d'interdire la légalisation d'un parti kurde, entravant par là le processus de rapprochement entre le pouvoir central et cette communauté. Mais revenons à la Catalogne.

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2/ La participation de 30 % était le seuil à partir duquel le "vote" (on n'ose parler de votation, puisque là aussi l'actualité donne des idées de rédaction d'un billet sur les consultations populaires). Elle est juste atteinte, signe qu'on est à un point limite.

3/ Or, ce point limite paraît assez général en Europe. On a d'un côté des situations où les séparatismes s'atténuent : c'est le cas de l'Écosse, mais aussi du pays basque espagnol (voir ici) : preuve qu'il n'y a aucune fatalité à ce processus d'éclatement. Mais dans le même temps, on observe des situations où l'éclatement paraît bien plus avancé : sans parler du Kossovo et de la reconnaissance trop rapide de son indépendance par la plupart des pays européens (sauf l'Espagne...!), le cas de la Belgique paraît notable. Le départ de M. van Rompuy (voir billet) a laissé la place à M. Leterme dont on ne peut dire qu'il s'est avéré un brillant politicien (il a été obligé de démissionner deux fois du poste de premier ministre...). Si dans mon billet je laissais ouverte la possibilité d'un maintien de l'unité belge, je le crois peu probable. La Flandre se séparerait dans ce cas de la Belgique.

4/ On sait qu'autrefois les "Pays-Bas espagnols" désignaient l'ancêtre de la Belgique. Il se pourrait qu'aujourd'hui, la Catalogne soit la Flandre espagnole. Là aussi, le processus touche à sa limite, même s'il paraît moins avancé que dans le cas belge. Il faut espérer, pour la stabilité européenne, que le gouvernement de Madrid soit plus délicat. Heureusement, M. Zapaterro paraît beaucoup plus habile que M. Leterme.

5/ Pourquoi s'opposer à ces fragmentations ? parce que l'Union Européenne a vocation à maintenir dans la durée les parties qui la composent. Or, elle n'a jusqu'à présent pas vraiment protégé ces nations, contrairement à ce qu'on attendait. S'étonnera-t-on alors que ces Etats se rebiffent, et refusent des transferts supplémentaires ?

Car il y a un lien direct entre la dissolution par le haut et la dissolution par le bas. On ne peut accepter que ces deux dissolutions soient simultanées. A défaut, c'est la stabilité de l'ensemble qui serait atteinte.

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 14 décembre 2009, 18:36 par Marc

L'Union Européenne mène sciemment un plan de fragmentation ethnorégionaliste des Etats-nations visant à leur substituer des Etats-régions. Il faut absolument lire les travaux du géopoliticien Pierre Hillard pour se rendre compte de la politique meurtrière et irresponsable des instances européennes. On notera que l'Espagne, se sentant menacé par l'autonomie catalane, a été un des rares pays européens à avoir refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo, prélude à la constitution d'une grande Albanie et à l'intégration de celle-ci dans l'UE (après celle de la Turquie qui détiendra la majorité qualifiée). Voilà comment les dirigeants français soutiennent l'autodestruction de la France. Merci à eux.

2. Le lundi 14 décembre 2009, 18:36 par Ipar Jeltzalea

N'ayez pas peur ! Le malheur de l'Europe actuelle provient surtout des vieux Etats qui gardent de leur puissance passée et actuelle une farouche volonté de souveraineté à conserver. Ces futurs Etats catalans, écossais, flamands ou basques conduiront certes à une modification de certains Etats en place, mais ils accéléreront le fédéralisme européen par le bas. Ce n'est pas un hasard si le vote indépendantiste progresse dans les territoires les plus sensibles. Mais tous les mouvements pro-indépendantistes sont également pro-européistes et fédéralistes. Ils sont me semble-t-il dans le sens de l'Histoire : mondialisation et recherche d'enracinement, nouvelle économie de la connaissance et de l'innovation qui oblige à une gouvernance de proximité et à des pouvoirs locaux puissants, le rôle de l'identitaire dans le dynamisme économique et le travail en coopération, ... Ils conduiront à une réflexion sur l'Europe à promouvoir. Il est inconcevable que les Etats anciens se contentent de refuser l'indépendance de ces nouveaux Etats pour les punir. Cela revient à rejeter hors de l'Europe et de l'euro des territoires économiquement puissants qui certes s'affaibliront, mais affaibliront l'économie européenne dans son ensemble. Un Pays Basque et une Catalogne hors de l'Europe cela serait catastrophique par ricochet pour l'Espagne dans son ensemble.
Cela conduira les anciens Etats qui ont aussi une composante ethno-culturelle (langue, culture, histoire) à bouger. . Des Etats comme l'Espagne ou la Belgique devenus moins puissants deviendront plus fédéralistes. La clé réside dans la nouvelle union européenne et non dans la préservation forcée de l'ordre ancien des Etats du XIXe siècle.

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