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La chronique de J. Pellistrrandi, décembre 2009

Jérome nous fournit sa chronique, désormais trimestrielle. Mille mercis à lui.

EGEA

verbatim J. Pellistrandi :

Le vendredi 11 décembre restera comme une date historique dans la construction de l’Europe de la défense avec le premier vol de l’avion de transport stratégique A 400M.

Cet avion symbolise toutes les ambitions européennes mais aussi toutes ses contradictions. La difficulté de ce projet très complexe et très ambitieux a été sous-estimée tant par le constructeur EADS peu à l’écoute de ses ingénieurs, que par les Etats partenaires trop confiants dans ce programme censé être fédérateur. L’Afrique du Sud a même annoncé l’annulation de sa commande de 8 A 400M. Ce premier décollage est donc un vrai soulagement et ouvre de nouvelles perspectives même s’il faudra encore être patient avant de voir arriver les premiers A 400M dans les escadrilles. Les essais en vol doivent s’achever fin 2012 avec 4730 heures programmées dont 1850 consacrées à la certification civile de l’appareil. Cette certification civile est d’ailleurs un des multiples problèmes de l’A 400M puisqu’il faut adapter un système militaire à des normes très contraignantes et dont la justification opérationnelle n’est pas forcément évidente. Le deuxième prototype décollera au cours du prochain trimestre. 5 avions seront nécessaires aux essais.

Cet automne a été marqué par les interrogations autour de l’Afghanistan. Le bilan est inquiétant et les fraudes massives lors de l’organisation de l’élection présidentielle n’ont pas amélioré l’image de marque du gouvernement de Kaboul. Les annonces faites début décembre par le Président Obama avec un renforcement provisoire, le « surge », de 30000 hommes, indiquent le cap pour les mois à venir. L’OTAN a accepté d’y envoyer 7000 soldats supplémentaires, mais les exigences politiques des membres européens de l’Alliance obligent Washington à davantage réfléchir sur les options politiques que sur les options militaires. Le printemps 2010 sera donc déterminant pour évaluer la validité des nouvelles orientations prises par Washington et ses alliés. Le coût humain pour l’Alliance est devenu difficile politiquement. Londres a ainsi perdu une centaine d’hommes cette année, qui aura été la plus meurtrière en termes de pertes au combat depuis la guerre des Malouines en 1982. Kaboul reçoit cependant une aide massive depuis plusieurs années. Ainsi, l’armée de l’air afghane commence peu à peu à retrouver des moyens avec environ 45 aéronefs et 2800 hommes. L’armée de l’air dispose ainsi de 22 hélicoptères MI 17 de fabrication russe et de 9 hélicoptères de combat Mil Mi 35. Ces hélicoptères servent essentiellement au profit des troupes afghanes et non de la coalition. L’Australie prépare le déploiement d’hélicoptères de combat Tigre en Afghanistan, rejoignant ainsi les appareils français qui ont été engagés plusieurs fois au combat depuis leur arrivée au cours de l’été. La conférence de Londres, fin janvier, devrait permettre d’y voir plus clair quant aux engagements de renforcements promis par les pays de l’Otan, mais aussi sur la concrétisation de moralisation de l’administration afghane.

Défense dans le monde

Ce n’est qu’au début de 2010 que le Brésil validera définitivement le choix de son nouvel avion de combat. En septembre, le président brésilien avait annoncé que son pays achèterait 36 Rafale produits par Dassault, mais l’armée de l’air a manifesté depuis lors, ses réticences envers une déclaration considérée comme prématurée.

L’Algérie a reçu ses derniers avions de combat SU 30 MKA commandés à la Russie. Alger dispose désormais de 30 SU 30. L’Inde a poursuivi ses essais autour de sa dissuasion nucléaire avec des résultats mitigés. Ainsi, en novembre, le premier tir nocturne du missile Agni II d’une portée de 2200 km a échoué. A l’inverse, le 13 décembre, le Dhanush, une version navalisée du missile Prithvi, a été testé avec succès. Cet engin a une portée de 350 km et peut porter une tête nucléaire ou conventionnelle. Par ailleurs, l’armée de l’air indienne souhaite renforcer ses capacités de chasse avec l’acquisition probable de 50 appareils russes Sukhoi SU 30. Parallèlement, de nouvelles discussions vont s’ouvrir avec Moscou pour la livraison de 29 avions Mig 29 destinés aux porte-avions indiens. New Delhi a par ailleurs révélé son projet d’un premier vol spatial habité prévu pour 2015 ainsi qu’un programme lunaire avec la mise au point de lanceurs lourds.

La conquête spatiale redevient ainsi une véritable compétition stratégique en Asie, entre les quatre grandes puissances chinoises, japonaises, indiennes et coréennes, qui cherchent par cette voie là, à assurer le leadership technologique et scientifique. Le Japon a lancé fin novembre son cinquième satellite militaire. Il s’agit d’un satellite d’observation optique qui sera suivi en 2011 par un satellite radar. La course à l’espace actuelle n’est pas sans rappeler la compétition USA-URSS entamée à la fin des années cinquante et qui a permis au final la victoire plus que symbolique de Washington. L’Europe semble à la traîne malgré le succès d’Ariane V en raison du manque de projets ambitieux. En septembre, l’Iran a lancé un missile sol-sol d’une portée de 2000 km, permettant ainsi théoriquement d’atteindre Israël.

L’Argentine va moderniser 10 avions Super Etendard avec l’aide de la France et les faire passer au standard SEM utilisé par l’Aéronavale. Les avions argentins sont des vétérans de la Guerre des Malouines. Cette modernisation sera le seul gros programme d’armement conduit par Buenos Aires en raison de la crise économique et de l’absence de menaces réelles envers le pays.

La Turquie envisage d’augmenter le nombre de ses futurs avions de combat F 35 de construction américaine avec au total 120 appareils à acquérir. Les livraisons sont prévues à l’horizon 2015. Ce choix écarterait l’Eurofighter et renforcerait l’influence américaine sur Ankara. L’Australie a décidé d’acquérir un premier lot de 14 avions F 35 conformément aux orientations du Livre blanc publié en 2009. L’objectif est de disposer à l’horizon 2030 de 100 avions de combat dont 72 F 35A. La mise en service des appareils australiens n’est pas attendue avant 2018. Le vénérable avion de transport DHC 4 Caribou a été retiré du service cet automne après 45 années de service sous les cocardes australiennes.



Etats-Unis

Le budget 2010 pour la défense devrait atteindre 534 milliards de dollars. A cette somme, il faudra rajouter 130 milliards de dollars pour couvrir les guerres en Afghanistan et en Irak. Le renforcement temporaire de 30000 hommes sur le théâtre afghan devrait coûter également 30 milliards de dollars supplémentaires.

Le retrait irakien est cependant une réalité. En octobre, il ne restait plus que 120000 hommes sur ce théâtre. Le secrétaire d’état à la défense a annoncé le lancement des études pour un nouveau bombardier stratégique à long rayon d’action à partir de 2011. Les crédits de recherche pour ce programme seront de l’ordre d’un milliard de dollars pour la première année. Le bombardier furtif B2A va être adapté pour pouvoir mettre en œuvre la bombe MOP de 13 tonnes. La qualification de la bombe MOP sur le B2 avait été validée cet été.

L’US Air Force a renouvelé le contrat de maintenance des avions anti-chars A 10 stationnés en Europe pour une durée de cinq ans auprès de l’avionneur belge Sabca. L’A 10, critiqué il y a une dizaine d’années pour son manque de sophistication, est redevenu indispensable pour les opérations en cours. Prolongeant ses réflexions sur la lutte anti-guérilla, l’US Air Force envisage aussi de se doter d’une centaine d’appareils légers aptes au combat asymétrique. Les constructeurs comme Boeing ont ainsi ressorti les plans d’avions à hélice utilisés au Vietnam comme l’OV 10 Bronco. Les livraisons débuteraient dès 2012.

Le développement de l’avion multirôle JSF F-35 connaît quelques retards avec seulement 3 avions disponibles actuellement. La version embarquée devrait commencer ses essais en 2012. Le F35 est prévu pour un marché de plus de 3000 appareils. Northrop Grumman vient de diffuser les premières images du futur porte-avions Gerald R. Ford. Ce navire fera 100000 tonnes et aura une longueur de 333 m. Les études ont débuté en 2001. La construction a commencé en novembre et l’entrée en service est prévue en 2015. Il sera doté de catapultes électromagnétiques et non plus à vapeur comme pour les porte-avions de la classe Nimitz ou le Charles de Gaulle. 8 bâtiments de cette nouvelle classe sont prévus.



Russie

La dissuasion nucléaire russe connaît de sérieuses difficultés avec la mise au point très difficile du missile à tête nucléaire Bulava destiné à équiper les SNLE. Cet engin porteur de 10 têtes nucléaires vient de connaître, début décembre, son septième échec sur 12 tirs effectués. Cette situation critique remettrait en cause la crédibilité de la dissuasion à partir des années 2020. Le précédent échec, l’été dernier, avait entraîné un remaniement des équipes en charge de ce programme considéré comme prioritaire.

Moscou a reçu les premiers exemplaires de son nouvel avion d’entraînement avancé Yak 130. La commande initiale passée en 2005 portait sur 12 appareils mais des difficultés techniques ont entraîné des retards. Le Yak 130 a également été choisi par l’Algérie avec 16 engins dont le premier a été livré en septembre.

Pour répondre à ses propres besoins en drones, le ministère russe de la défense a commandé 12 systèmes auprès d’Israël. L’un des objectifs est d’acquérir un niveau de compétences que l’industrie nationale n’arrive pas à atteindre actuellement. Au cours de l’année 2010, cinq nouveaux bataillons d’artillerie sol-air équipés du missile S 400 vont être mis sur pied, renforçant ainsi cette composante. Le S 500 devrait succéder au S 400 à partir de 2012 avec une portée de 600 km.

Défense en France

Le plan de relance a permis à la DGA de poursuivre le passage de contrats permettant de renforcer l’équipement des forces et d’assurer à des PME une continuité de leur activité. Ainsi, la construction des engins de débarquement amphibie (EDA) devrait permettre de donner 170000 heures de travail et préserver 50 emplois. De même, le chantier Socarenam de Boulogne sur mer a reçu la commande d’une Barge d’incendie de rade (BIR) pour Toulon. La BIR sera livré au dernier trimestre 2010.

Le plan de relance est également mis en œuvre pour financer une partie du deuxième et dernier volet du programme Syracuse III avec 42,2 millions d’euros dont 27 financés par le plan. Cela permettra d’acquérir de nouvelles stations sol THD et MD, ainsi que la mise à hauteur du centre Syracuse de Djibouti.

Face aux besoins opérationnels, notamment en Afghanistan, les armées ont doublé le budget consacré aux « urgences opérationnelles » (UO). En 2009, 36 UO ont ainsi été conduites pour un montant de 260 millions d’euros contre 130 en 2008. 4 UO sont dédiées à la lutte contre la piraterie avec plusieurs programmes dont de l’optronique destinée à améliorer la détection des embarcations des pirates à partir des navires de la marine nationale.

En 2010, les armées devaient recevoir 22 aéronefs au total. Deux hélicoptères supplémentaires seront livrés à la marine afin de remplacer les Super Frelon au plus vite. 2 EC 225 de sécurité maritime seront ainsi disponibles en mars et en juin 2010. Les EC 225 se substitueront aux Super Frelon dont le coût en entretien est devenu ruineux, mais aussi aux EC 225 Caracal destinés aux forces spéciales mais utilisés temporairement pour le sauvetage en mer. Ces deux appareils seront stationnés en Bretagne sur la base aéronavale de Lanvéoc.

Le missile nucléaire ASMP-A a été déclaré opérationnel le 1° octobre sur la base d’Istres. Cette prise d’alerte a eu lieu 45 ans après la première prise d’alerte des Mirage IV équipés de l’arme nucléaire AN 11. 60 missiles ASMP-A ont été commandés et seront livrés d’ici 2012. Le nombre d’appareils sera limité de 60 à 40 avions Mirage 2000N et Rafale F3.

La succession des 2 Transall « Gabriel » dédiés à l’écoute électronique a débuté avec les premières études destinées à déterminer la plateforme la mieux adaptée à cette mission. L’échéance se situe autour de 2020.

Les lycées militaires devraient accueillir 500 jeunes issus de milieux défavorisés à la rentrée de septembre 2010, poursuivant l’effort engagé en 2009 avec un premier accueil de 150 lycéens.

L’Institut Géographique National (IGN), sous tutelle des ministères de la défense et de la recherche, va créer le 1° janvier 2010 une nouvelle direction « défense et espace » pour assurer une maîtrise d’œuvre déléguée sur les programmes de données cartographiques numériques destinés aux applications militaires. Le référentiel géographique disponible actuellement couvre un tiers des surfaces émergées du globe.

Armée de terre

Les canons de 155mm Caesar déployés en Afghanistan ont effectué leurs premiers tirs opérationnels à la fin de septembre.

Pour répondre aux besoins de formation initiale des EVAT, un premier centre dédié (CFIM) sera ouvert à l’été 2011 à Dieuze, en Meurthe et Moselle. Le CFIM succédera ainsi au 13° RDP qui aura gagné sa nouvelle garnison à Souge. Le CFIM assurera la formation des EVAT venant notamment de régiments de transmissions.

Le soutien des chars AMX Leclerc vient de franchir une nouvelle étape avec la finalisation d’un contrat avec NEXTER (anciennement GIAT industries) d’une durée de 10 ans, avec un montant annuel de 135 millions d’euros et qui couvrira la maintenance des 254 chars. Le programme Félin, au profit de l’Infanterie, a connu une nouvelle étape de son développement avec la commande par la DGA de 15454 nouveaux kits. Au total, ce sont 22588 ensembles qui commenceront à doter les régiments d’infanterie à partir du deuxième semestre 2010. Les livraisons s’étaleront jusqu’en 2015. Les 385 premiers équipements livrés il y a un an, en décembre 2008, sont actuellement utilisés pour les expérimentations opérationnelles.

L’ALAT recevra en 2010 7 hélicoptères Tigre. L’externalisation de la formation initiale des pilotes à Dax a commencé à prendre forme avec la mise en place des trois premiers hélicoptères d’instruction EC 120 NHE. La série prévoit 36 appareils qui seront déployés à l’école. La phase actuelle concerne l’entraînement des moniteurs. Les premiers élèves pilotes seront formés à partir du printemps. En février 2011, les formations seront exclusivement faites sur les EC 120 NHE. Le contrat d’externalisation avait été signé en janvier 2008 et doit durer sur 22 ans.

Marine

La première FREMM sera mise à l’eau le 29 avril 2010 à Lorient pour une entrée en service en 2012. La construction de la deuxième frégate française du type FREMM a débuté le 8 octobre sur le site lorientais. La Normandie sera ainsi la troisième FREMM puisque la deuxième est destinée au Maroc. L’étrave de cette FREMM est en cours de montage à Cherbourg. L’admission au service actif est prévue en 2014. A l’occasion de la découpe de la première tôle de la Normandie, le ministre de la défense a annoncé la commande des trois dernières frégates du type FREMM, se répartissant en une FREMM classique et deux frégates de défense aérienne (FREDA). Les deux FREDA vont se substituer aux deux frégates du type Horizon qui n’ont pas été commandées pour des raisons financières. Les FREDA seront admises au service actif d’ici 2022. La Grèce a exprimé son intérêt pour 6 FREMM avec une capacité anti-aérienne renforcée qui seraient ainsi très proches des FREDA françaises. Les 4 premiers hélicoptères de manœuvre NH 90 devraient être livrés à l’Aéronavale en 2010.

Les 10 Rafale F1, entrés en service à partir de 1999 et qui étaient stockés sous cocon à la base aéronavale de Landivisiau, vont être modernisés. Ils seront à nouveau disponibles entre 2014 et 2016. Ces avions ont effectué environ un millier d’heures de vol alors que la cellule est prévue pour 7000 heures.

Tenant compte des enseignements des déploiements des BPC, la marine va renforcer l’armement de ces navires armés jusqu’à présent avec des mitrailleuses de 12,7mm. Il est désormais envisagé d’installer des canons de 30 mm, sur les deux BPC actuels et sur le troisième en construction à Saint-Nazaire.

La mission de protection des thoniers français déployés en Océan Indien sera poursuivie jusqu’en mars 2010 avec une soixantaine de fusiliers-marins venant de Lorient. Le déploiement des Equipes de Protection Embarquées a permis de déjouer plusieurs attaques de pirates et a validé la formule retenue par le gouvernement et les armateurs.

Armée de l’air

8 Rafale seront livrés en 2010. Ces avions sont désormais au nouveau standard F3. A l’automne, l’armée de l’air mettait en œuvre 53 Rafale. A la mi-novembre, le ministère de la défense a passé une commande globale de 60 Rafale, portant ainsi le nombre d’appareils commandés à 180. La cible préconisée par le Livre blanc est de 286 exemplaires.

Pour faire face aux retards de l’A 400M dont le premier exemplaire n’est pas attendu avant le début 2013, des avions CASA vont être commandés avec une livraison à partir de la fin 2011. 10 Transall seront par ailleurs prolongés jusqu’en 2018. 22 Transall devraient ainsi être disponibles sur la période 2015-2018, durant la phase de montée en puissance de l’A 400M.

Gendarmerie

Pour renforcer la surveillance des grands ports, 8 vedettes de gendarmerie (ESLP) ont été commandées dans le cadre du plan de relance. Les ESLP auront une longueur de 12 m pour un déplacement de 10 tonnes et seront livrées entre l’été 2010 et le premier trimestre 2011.



Six nouveaux hélicoptères du type EC 145 vont être déployés outre-mer afin de renforcer la lutte contre les trafics de toute nature.

Service de Santé des Armées

L’Hôpital Militaire de Campagne (HMC) déployé à Kaia, à Kaboul, et soutenu principalement par le Service de Santé avec 80 personnels français sur un total de 130, vient de passer du rôle 2 au rôle 3, classification maximale de l’OTAN. Le concept de rôle 3 permet de couvrir un champ hospitalier très complet et est également une reconnaissance des efforts faits par le SSA pour couvrir les besoins santé en opération.



La décision de fusionner les écoles du SSA s’est traduite par l’intégration à la mi-août de la première promotion commune de 150 élèves-officiers-médecins à Lyon-Bron.

Industrie de défense

En 2008, les exportations d’armements ont atteint 6,58 milliards d’euros. L’augmentation est de 13% par rapport à 2007. La France reste le quatrième exportateur mondial avec 7,7% de parts de marché. Il faut aussi souligner un certain rééquilibrage de la répartition de la clientèle notamment en Amérique du Sud et en Asie.

DCNS espère poursuivre l’exportation de son sous-marin Scorpène notamment avec la Malaisie qui vient de mettre en service ses deux premiers Scorpène et qui n’exclut pas de doubler sa flotte. La Malaisie est également intéressée par l’hélicoptère de combat Tigre. Nexter a relancé la production de son canon tracté LG1 de 105mm pour un pays d’Amérique du Sud. La nouvelle version MK3 a une portée de 17km et devrait sortir des chaînes de Roanne à partir de la mi-2010. A ce jour, le LG1 a été fabriqué à 123 exemplaires.

Nexter négocie également deux contrats à l’exportation pour le VBCI qui vient juste d’entrer en service. L’Espagne pourrait acquérir 300 engins tandis que le Canada aurait besoin de 130 blindés. Ce serait un succès essentiel pour conforter l’industrie de l’armement terrestre française. Le motoriste SNECMA a lancé les travaux pour développer une version plus puissante du réacteur M 88 qui équipe les Rafale. Le futur M 88-X devrait atteindre 9 tonnes de poussée contre 7 pour la version actuelle. Le M 88-X sera nécessaire pour répondre aux besoins exprimés par les Emirats Arabes Unis, client potentiel du Rafale avec 60 exemplaires.

EADS a connu un automne très difficile et le succès du premier vol de l’A 400M ne doit pas occulter les difficultés du constructeur européen. Ainsi, le programme de petit drone tactique DRAC utilisé par l’armée de terre ne donne pas satisfaction sur le terrain avec l’accumulation de dysfonctionnements. Il en est de même pour l’hélicoptère NH 90 dont la mise au point est de plus en plus laborieuse en particulier pour la version navalisée. Le débat budgétaire à l’Assemblée nationale a permis de tirer la sonnette d’alarme et de réclamer à EADS une meilleure gouvernance de ses programmes.

Royaume-Uni

L’automne a vu le début du débat sur l’avenir de la dissuasion nucléaire britannique. Le renouvellement des SNLE doit intervenir d’ici une quinzaine d’années. La difficulté est d’ordre budgétaire et il n’est pas exclu une réduction du format en se limitant à 3 trois sous-marins au lieu de 4 actuellement.

Le sous-marin nucléaire d’attaque HMS Trafalgar vient d’être retiré du service actif au début décembre après 26 années de navigation. Il était le premier de sa série qui comporte 7 bâtiments. Malgré les restrictions financières, les premiers ailerons de stabilisation du futur porte-avions (CVF) britannique viennent d’être livrés. Si la construction du premier CVF, le HMS Queen Elizabeth, est acquise, il n’est pas exclu que le deuxième CVF voit ses capacités limitées et soit transformé en porte-hélicoptères. Le HMS Queen Elizabeth est attendu en 2016, tandis que le HMS Prince of Wales doit théoriquement être prêt en 2018.

Londres négocie l’achat d’un septième avion cargo C 17 auprès de Boeing qui pourrait être ainsi livré en mars 2011. Cette flotte stratégique confère au Royaume-Uni une capacité sans équivalent en Europe. Une étude récente du ministère de la défense britannique estime que le nombre de civils est trop élevé, au détriment des militaires. Il y aurait 1 civil pour 2 militaires. Le rapport estime ce nombre à un civil pour cinq militaires en France. De fait, pour les Britanniques, l’exemple à suivre serait français tandis que les Français pensent qu’il faut regarder le modèle britannique.

Défense européenne

La Belgique a retiré du service ses derniers hélicoptères Alouette 2. Les 23 appareils restants pourraient être cédés à Madagascar. 50 ans après son premier vol, il n’y a plus d’Alouette 2 militaire encore en service en Europe. Bruxelles poursuit la réduction du format de ses armées avec la suppression d’ici 2012 de 3325 postes. La composante terrestre se limitera à deux brigades avec une unité « médiane » et une « légère » autour des paracommandos. La composante maritime conservera deux frégates mais réduira sa flotte de chasseurs de mines à six navires. Le parc des avions F16 sera réduit de 60 à 54 appareils. Par ailleurs, plusieurs bases et casernes seront fermées. 32 implantations devraient ainsi être libérées.

Le constructeur de sous-marin allemand Thyssen-Krupp a dénoncé le contrat avec la Grèce pour la fourniture de 4 sous-marins du type U 214. Cet imbroglio technique et financier risque de mettre fin à la capacité d’Athènes à mettre en œuvre sa composante sous-marine. Le contentieux atteint trois milliards d’euros. De plus, la crise financière qui frappe le pays, risque de limiter ses capacités d’investissements militaires alors même que Paris nourrit de fortes ambitions avec les FREMM et les avions de combat.

Le Chef d’état-major de la marine allemande a confirmé le besoin d’un navire amphibie pour répondre aux nouvelles missions que Berlin veut pouvoir mener. Les réflexions viennent juste de débuter et il n’est pas prévu une commande immédiatement. La Suisse devrait annoncer au printemps son choix pour le futur avion de combat destiné à équiper son armée de l’air. Le Rafale est l’un des trois candidats. La décision helvétique sera très importante pour l’avenir de l’avion choisi.

L’Europe fête le trentième anniversaire de son lanceur Ariane. La fusée a effectué 192 vols et mis en orbite 276 satellites. Sans la détermination française, l’espace européen aurait été marginalisé et voué à la sous-traitance au profit des Etats-Unis. Kourou va voir son rôle encore renforcé en 2010 avec la mise en service du lanceur Soyouz à partir de la mi-2010 et du lanceur Vega à la fin 2010. Les deux premières fusées russes Soyouz sont arrivées fin novembre en Guyane. Si en 2009, Kourou a vu sept lancements d’Ariane V, l’année 2010 devrait être marquée par une dizaine de tirs. Par ailleurs, la France a décidé d’entamer les travaux de réflexions sur la future Ariane 6 dont le premier vol pourrait intervenir à partir de 2025.

Les années se suivent et se ressemblent. La vraie satisfaction pour 2009 concerne cependant l’Irak même si des attentats sanglants frappent encore la population. Les autorités politiques et les forces de sécurité ont progressé et contrôlent mieux le pays, permettant ainsi une reprise économique et la poursuite de la reconstruction des infrastructures. Le retrait américain devient une réalité tangible, obligeant les Irakiens à prendre en main leur destin. Par contre 2010 sera toujours marqué par l’Afghanistan et l’incertitude quant à la réussite du plan américain de renforcement.

L’autre grande question stratégique concerne l’Iran et sa progression pour le moment inexorable vers la maîtrise de l’arme nucléaire. Toutes les options sont désormais ouvertes, même si la Maison Blanche préfère à juste titre un scénario privilégiant l’action diplomatique. Quant à la piraterie maritime dans l’Océan indien, elle ne constitue pas un défi majeur à la sécurité mondiale mais elle reste à la portée de l’Union européenne avec l’opération Atalante. Certes, il faudrait plus de navires pour surveiller les étendues maritimes. Certes, le problème est à terre avec l’absence d’un état somalien viable. Mais, de fait, la piraterie reste une constante de l’histoire maritime sans pour autant amener de grands états à la faillite.

2010 verra également la poursuite du rééquilibrage stratégique du monde vers l’Asie. Washington a d’ailleurs bien compris que le Pacifique devenait le cœur du nouveau monde, au détriment de l’Atlantique et de la « vieille Europe ».

Jérôme Pellistrandi

Commentaires

1. Le mardi 15 décembre 2009, 20:19 par arf arf...

Mmhhh... Bien ces chroniques mais elles seraient encore meilleures si leurs sources étaient citées : j'y détecte du Meretmarine, du DSI, de l'Air et Cosmos... limite, tout de même...

EGEA : une chronique reprend toutes les sources ouvertes :l il ne s'agit pas d'un scoop, mais de rassemblement d'informations éparses. ça n'a pas plus deprétention que celle d'être une synthèse. Mais je transmets votre remarque à Jérôme.

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