Avatar

Vous le croirez si vous le voulez, je suis allé voir Avatar par hasard : je n'en avais quasiment pas entendu parlé, et c'est donc l'esprit candide (comme à mon habitude) que je suis entré dans la salle de cinéma, entraîné par mon critique préféré.

1/ Passons vite sur la critique de cinéma : c'est un film formidable. Comme souvent avec les films américains, il n'est pas ennuyeux. Il y a bien sûr énormément de poncifs, des gentils qui sont gentils, des diminués qui deviennent des héros, des méchants qui sont méchants, mais toujours avec une part d'humanité et de "belle âme" : on est loin, forcément, du côté "cynique revenu de tout" qu'on a dans les films "intelligents" de ce côté-ci de la rive gauche de la Seine. Le scénario tient le coup, les trucages sont époustouflants. On s'extasie beaucoup, ai-je compris, de la vraisemblance des "avatars", de leur démarche et expressivité humaine Et pourtant, ce qui m'a le plus impressionné, ce sont les paysages, tous composés et tous d'un réalisme absolument incroyable, tellement ils sont vrais. Les scènes de vols sur les coléoptères sont splendides. Un grand spcetcacle qui n'est pas que du tintamarre médiatique, et qu'on peut aller voir à tout âge sans déchoir.

2/ Le géopolitologue verra bien sûr énormément de clins d'œil. Le méchant qui annonce qu'il faut "faire la terreur à la terreur", et pour cela lancer une guerre préemptive. Les robots androïdes qui ne sont qu'en muscles mais qui n'ont pas de tête (quels symbole !). Enfin, le discours pangéiste (et au fond paganiste), selon lequel la terre est un être vivant, et que l'humanité (euh ! l'avatarité ?) a son sort indissolublement liée à elle, face aux grands méchants qui réunissent à la fois la puissance de la guerre et l'exploitation des ressources minières. De ce point de vue là, le film n'est absolument pas contre l'air du temps : c'est une machine commerciale, qui exploite tous les bons sentiments de l'époque.

3/ Au fond, c'est une "représentation", au sens de la géopolitique : un récit évoquant les valeurs communes de la société à laquelle il s'adresse (et accessoirement, un bel outil du soft power américain, qui a encore de beaux restes).

Une fois qu'on a dit ça, on y va avec plaisir, et l'air entendu de l'Européen à qui on ne la fait pas... mais qui est bien content, de temps à autres, de se payer une bonne séquence de bon spectacle : c'est tout ce que je vous souhaite.

O. Kempf

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