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Gendarmerie et Sécurité des espaces du territoire

La Gendarmerie nationale est passée dans le giron du MIOMCT. Elle garde pourtant son statut militaire.

Pourquoi ? probablement pour une raison d’organisation de la sécurité du territoire. Il s’agit pour l’Etat d’organiser dans l'espace français le monopole de la violence légitime : bref, une vraie question géopolitique.

Bref, plus qu'une curiosité, une nécessité, même si l'emploi de la force gendarmesque est confié à l'Intérieur.

Statut : est-ce que le maintien du statut militaire sert à quelque chose ? oui, bien sûr, mais pourquoi ? pour des raisons d'conomie. En effet, la GN assure la sécurité publique sur 95% du territoire national, où vit une petite moitié de la population (cela devrait augmenter un peu, avec les évolutions démographiques en cours). La police sur 5 % du territoire, où vit l'autre moitié. A densité différente, force différente.

Car il n'y a pas le même besoin en Creuse et dans le 9-3. La police nationale est organisée avec une logique de "police secours" : des gros bataillons intervenant en masse en tout temps. Si on transposait ce système à l’ensemble du territoire, il faudrait 250 000 gendarmes au lieu de 100 000 actuellement. En effet, l'organisation de la gendarmerie est différente. Elle suit un maillage territorial organisé selon le principe d'une intervention dans un délai d’une demi heure (trop long en urbain).

Ce système ne fonctionne qu’avec le principe du logement dédié ("en nécessité absolue de service") et le principe de disponibilité (militaire) unique en Europe : au fond, l'autorité réglemente les délais dans lesquels elle admet que le gendarme ne travaille pas. La disponibilité est la règle.

C'est valable pour le rural et les petites communes, d’où les questions régulières de redécoupage de zones. A ce compte là, le système est économique. Là se trouve la vraie justification du statut. L'organisation opérationnelle, déduite de la gestion d'un territoire grand et peu dense, impose une force particulière, avec des conditions d'emploi propres, et donc un statut particulier.

Ce statut est militaire.

Cela explique enfin que l'important de la gendarmerie réside dans la départementale, et non la mobile, la garde ou le GIGN. Quelle que soit leur valeur (grande) par ailleurs.

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 6 février 2010, 21:05 par Toto

J'ajouterai que leur statut particulier appliqué en OPEX les autorise à jouir d'une "autonomie judiciaire" très appréciée par les acteurs publics locaux. Ainsi notre organisation est enviée par de nombreuses nations sur les théâtres d'opération, particulièrement en raison de la montée de la judiciarisation et des spécificités nationales des ROEs.

2. Le samedi 6 février 2010, 21:05 par Richi

Pourrait-on dire que la police est une force de sécurité publique qui s'intéresse avant tout aux individus dans leur rapport à la loi, quand la gendarmerie est d'abord une force de sécurité territoriale qui assure la souveraineté sur l'ensemble du territoire?
En temps de paix civile la nuance n'est peut-être pas perceptible, mais en temps de crise...

Cordialement

égéa : on ne saurait mieux dire : vous avez parfaitement exprimé, en une simple phrase, ce que je voulais exprimer. Merci

3. Le samedi 6 février 2010, 21:05 par tibo

La "violence légitime" ....lapsus pour la "force légitime" ou profession de foi ?

égéa : ni l'un ni l'autre: citation de Max Weber himself : l'État est le détenteur du monopole de la violence légitime.

4. Le samedi 6 février 2010, 21:05 par Richi

J'ajouterai que de mon point de vue la force est par essence légitime, soit qu'elle bénéficie de la légitimité que lui confère celui qui la mobilise, soit qu'elle crée elle même de la légitimité par ses faits accomplis... Dès lors qu'elle cesse d'être légitime, ce n'est plus une force... Mais je vous renvoie au DSI de février pour explorer plus avant la question.

Cordialement

égéa : là, je ne suis pas d'accord avec vous, car cela revient à justifier toutes les exactions et tous les crimes

5. Le samedi 6 février 2010, 21:05 par Boris Friak

Il me semble opportun de soumettre deux questions à l'auteur et aux lecteurs :

1) les polices municipales ne signifient-elles pas la fin de la revendication du monopole étatique de la violence légitime ?
2) la dualité de polices n'est-elle pas un pilier de toute démocratie ?

Merci

BF

égéa : pour ce qui me concerne (auteur) : 1) pas sûr car cela a toujours existé 2) c'est probable, même s'il faudrait le théoriser plus avant. Mais les lecteurs ont le droit de penser radicalement différemment, et surotu le devoir d'exprimer leurs doutes/réflexions...

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