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Réorganisation territoriale russe

Le plus intéressant, à l’occasion de la dernière décision de Medvedev, ce fut la désignation d’un homme intègre à Stavopol. Ou plus exactement, la volonté de créer une super région qui regrouperait outre le territoire de Stavropol…, les régions autonomes de … Daghestan, Tchétchénie, Ingouchie, Ossétie du nord, Karatchévo-Tcherkessie, Kabardino-Balkarie... (capitale : Piatigorsk)

Cette réunification au tour de Stavopol aurait plusieurs mérites :

  • mettre fin au kaléidoscope russe, qui correspondait certes à la reconnaissance de spécificités locales, mais paraissait également comme un héritage de décisions staliniennes.
  • Rééquilibrer des différentiels démographiques, et noyer des populations identifiées dans une masse russe plus importante : il y aurait là une sorte de normalisation ethnique et d centralisation, d’autant plus nécessaire que la démographie russe n’est pas des plus brillantes (même si elle semble s’améliorer).
  • Volonté de rationaliser le dispositif territorial russe : la Russie comptait en effet 89 régions autonomes (86 aujourd’hui), et la simplification du Caucase nord, région la plus sensible, serait le prélude à une modernisation administrative (il n’y a qu’à penser aux débats actuels français sur la rénovation de la carte administrative).
  • Possible aussi, la volonté de gommer des limites administratives qui sont toujours dangereuses, dans la mesure où elles peuvent toujours donner lieu à des frontières : c’est ce qui s’est passé en Afrique (où des limites administratives internes sont devenues du jour au lendemain des frontières extérieures de nouveaux Etats indépendants), dans les Balkans (confer la Yougoslavie) voire dans le Caucase : Moscou tirerait ainsi la leçon du coup qu’il vient de porter à la Géorgie, dont il a séparé deux régions à statut spécial, l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, devenues « indépendantes ».
  • Cette expérience du Caucase vient aussi de ce qui s’est passé autrefois au Karabakh, région arménienne qui a fait sécession d’Azerbaïdjan malgré son statut de région autonome (sur le sujet, on écoutera avec intérêt l’émission « rendez-vous avec X » passé ce samedi 20 février sur France Inter).

Les regroupements de frontières ou de limites « administratives » ne sont jamais innocents : toujours, ils ont une signification géopolitique. Toujours, il fat les regarder avec attention.

A propos de la Russie, on écoutera également la conférence de presse donnée par M. Felgengauer au CAPE le 12 février (la réforme militaire russe et la situation dans le Caucase) : il y a des idées fort intéressantes sur la Russie.

Références :

  • article de M Jego (Monde, 19 février) : un consul pour éviter l'embrasement du Caucase.
  • Gaïdz Minassian : Caucase du Sud, la nouvelle guerre froide, éditeur : Autrement, parution : 2007
  • Viatcheslav Avioutskii, Géopolitique du Caucase, éditeur : Armand Colin, parution : 2005
  • François Thual, Une citadelle assiégée ? la crise du Haut-Karabakh, éditeur : PUF/IRIS, parution : 2003
  • revue Questions internationales, Le Caucase : un espace de convoitises, N°37, parution : Mai juin 2009

O. Kempf

Commentaires

1. Le dimanche 28 février 2010, 23:08 par

Bonjour,

Sur cette fameuse question des redécoupages administratifs pouvant engendrer de réelles conséquences en cas de bouleversements politiques majeurs, et toujours dans le périmètre de l'ex-Union Sovétique, je puis vous conseiller un article agrémenté de manière opportune par des cartes. Le Kazakhstan étant en effet un de ces Etats devenus indépendants avec un territoire "nationalisé".
http://www.vostok.infos.st/?p=101

Cordialement

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