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Fragile Chine (MAJ)

Il faut lire l'excellente analyse de François Fourquet dans le Monde du 23 février sur la Chine : on y comprend pourquoi la Chine ne dominera pas le monde, puisqu'elle n'est pas tolérante. Cela renvoie à l'analyse d'Arnaud de La Grange dans le Figaro de vendredi (Chine Occident, le grand malentendu) mais comme le figaro ne met pas en ligne les seuls trucs intéressants de son journal, je ne peux le mettre en lien.

Toutefois, la conclusion de l'auteur est la suivante : du coup, les Etats-Unis resteront à la manœuvre. Or cela, j'ai du mal à le croire durablement. Car si la Chine est fragile, l'Amérique l'eest tout autant. Est-ce à dire qu'un monde multipolaire est impossible ? je ne sais. Je ne sais même si le mot multipolaire convient. A tout le moins sera-t-il multilatéral.

Mais c'est bien LE débat de ce XXI° siècle.

MAJ : on lira avec le plus grand intérêt cet article du Monde sur l'implantation navale de la Chine autour de l'Océan indien : passionnant. Et purement géopolitique.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 24 février 2010, 22:29 par

Bonjour,

Ces deux entités pour l'heure sont pieds et mains liées, et la danse qu'ils offrent au reste de la planète n'est guère grâcieuse . Pour autant, l'équilibre est maintenu, et une crise démultipliée a été évitée par l'action de la Chine sur les marchés financiers mondiaux, en priorité Américain.
François Fourquet néanmoins me paraît bien trop péremptoire dans son analyse : il n'observe le monde et ses acteurs que par le prisme du libéralisme économique et de la démocratie. Cette vision globalisante, pour séduisante qu'elle soit dans sa simplicité, n'est aucunement une réalité. Une société individualiste est-elle supérieure à une société holiste? Je ne m'avancerai pas sur la réponse tant cette dernière serait dépendante d'un contexte particulier...
La Chine suit une voie qui lui est propre, avec une façon de procéder qui manque parfois de souplesse (je pense à ses revers en Afrique). Mais elle apprend ce faisant et en étant devenue le créancier numéro un des Etats-Unis elle sait qu'elle bénéficie d'un "bouclier" financier fort pratique la mettant à l'abri de toute action directe à son encontre. Pour autant il est vrai qu'elle peine à séduire car elle inquiète par son dynamisme et l'atypisme de son régime.

Maintenant, difficile de prédire la suite des évènements à moins de tomber dans la futurologie. Ce qui est certain c'est que la Chine est devenue un acteur géopolitique qui compte sans avoir eu à renier de nombreuses particularités de son héritage politico-social multi-millénaire.

Cordialement
égéa : merci pour ce commentaire nuancé, y comrpis dans sa critique.

2. Le mercredi 24 février 2010, 22:29 par

@ Olivier/EGEA,

Il manque un truc à la Chine dont disposent pourtant La France et les US : le rayonnement culturel, idéologique et philosophique. De Voltaire à Hollywood en passant par Google et consort. La Chine aura beaucoup mal à exporter ses valeurs, l'universalisation et/ou la "cosmopolitisation" de sa nation n'est pas pour demain.

Ces valeurs ont l'air de rien, mais ce sont elles qui font l'attrait d'une culture pour des hommes politiques et a fortiori pour des cerveaux des cinq continents.

Cordialement

égéa : tu as trop lu Joseph Nye, Charles. Tu oublies un truc : la diaspora. Regarde l'Australie qui a de vraies craintes de se faire coloniser par les Chinois, sans parler du pourtour Pacifique ou del 'océan indien. Le rayonnement passe par les hommes.
Enfin, regarde la plate-forme qu'est HongKong pour cette dynamique culturelle : Wong Kar Wai est un cinéaste génial (in the mood for love), et il n'est pas seul.

3. Le mercredi 24 février 2010, 22:29 par

@ Olivier / EGEA,

Oui, j'ai lu Nye. L'avoir trop lu n'implique point qu'il ait tort, à mes yeux.

Achtung : je ne dis pas que la Chine ne produit rien côté rayonnement culturel et philosophique. Je précise donc ma pensée : je ne vois aucune volonté chinoise de projeter des valeurs humanistes comme le font l'Amérique ou l'Europe. La migration massive et le succès de qq cinéastes (que j'apprécie bcp également) ne font à eux seuls ni le rayonnement culturel ni la projection des valeurs.

Y a certes bcp de Chinois qui vont vers le Monde (en Océanie et en Afrique notamment) mais la Chine va-t-elle pour autant "vers le monde" ? Laisse-t-elle réellement le monde venir à elle comme ce fut le cas autrefois pour l'Europe et aujourd'hui encore pour l'Amérique ?

Je vois surtout une sur-fascination européenne pour la réussite chinoise bien réelle, fascination vécue en quelque sorte par procuration par le Vieux Continent.

Enfin, projection des valeurs et rayonnement culturel ne sont guère compatibles avec cette obsession du PC chinois = Etat chinois pour la censure tous azimuts et pour son je-m'en-foutisme marqué des droits de l'Homme.

Bref, la Chine a encore énormément de progrès à faire car, selon moi, pour l'instant ce n'est pas du tout reluisant malgré qq volets rutilants par-ci par-là.

Cordialement

égéa : je suis d'accord avec ce que tu dis. Je suis un de ceux qui disent que derrière le mirage, il y a d'immenses fragilités et que le géant est aux pieds d'argile : sans même parler des DH ou des valeurs : surconcentration de la population, non-maîtrise du développement urbain, déséquilibre frlagrant de la démographie, difficultés sociales grandissantes, sacage communiste de l'environnement, inflation de croissance, régulation politique désuète (même si elle fascine, sans qu'on le dise bien fort, tout un tas de commentteurs "capitalistes" et au fond envieux), ...
Bref, je ne m'illusionne pas et affiche un scepticisme de bon aloi, d'autant qu'il est "contracyclique" : j'entends déjà les commentateurs dans un an ou cinq expliquer pourquoi il était inéluctable que "ça pète" alors qu'aujourd'hui ils s'émerveillent de la capacité de résistance et de la dmoination économique etc.... Il reste que mêm quand ça aura "pété", il demeurera des fondements de puissance très solides.
Bref, prenons la Chine au sérieux, sans ni la suréavaluer, ni la sous-évaluer. Olivier

4. Le mercredi 24 février 2010, 22:29 par

L’idée de "transfusion de civilisation" est la clef de l’argumentation présentée par François Fourquet. C'est excellent.

Il explique, et sa démonstration se tient, que le XXI° siècle ne sera pas chinois parce que la Chine refuse les apports extérieurs. Cependant les exemples historiques choisis, Hollande, Angleterre, Etats-Unis, sont contestables et très américano-centrés comme en témoigne l’utilisation du mot « leadership », moins expressif que ses équivalents francophones.

Surtout est contestable, parce qu’elle contredit la démonstration qui précède, la conclusion selon laquelle « les Etats-Unis tiennent le manche, et pour longtemps encore ». Faux parce que les Etats-Unis sont les tenants, dans leurs théories comme dans leur pratique, du «choc des civilisations ».
Alors si la tolérance, comme le dit François Fourquet à juste raison, constitue la clef du succès, les Etats-Unis sont mal placés.

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En revanche, et François Fourquet a tort de ne pas le voir, les Nations de la vieille Europe sont bien placées. Je ne parle pas du machin institutionnel qui s’est approprié le nom d’Europe, mais bien de nos Nations qui attirent des migrants de qualité venant d’Europe de l’est et du sud, d’Asie et d’Afrique. Ces gens ont franchi des parcours d’obstacles inimaginables et très sélectifs pour devenir Français, Anglais, Allemands. Il faut les rencontrer et leur parler, c’est très instructif et très différent de l’image qu’en donne la presse. Celle-ci est traditionnellement impressionniste et suscite l’intolérance de ses lecteurs, auditeurs, spectateurs. « Vous regardez trop la télévision », disent les Guignols de Canal+. Il faut rencontrer nos immigrés pour les connaître.

Ce mouvement de population, notre capacité à attirer et assimiler de nouveaux talents, est conforme à notre histoire et à notre géographie. Nous sommes depuis toujours les adeptes du mariage des civilisations et c’est ce qui a fait nos succès : Gallo-Romains, Francs, Slaves, Maures, Vikings, la liste est longue depuis la nuit des temps. Nous avons toujours été en pointe de la civilisation, y compris pendant la Préhistoire comme en témoignent nos menhirs vieux de cinq mille ans.

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Mais parce que nous faisons tout plus fort que tout le monde, nous avons fait au XX° siècle les pires des guerres. Celles-ci nous ont éclipsés pendant un instant, un court instant en comparaison de notre longue histoire. Cette éclipse prend fin actuellement par l’effet d’une "transfusion de civilisation" qui se déroule sous nos yeux. Trop près de nos yeux peut-être pour que l’on puisse bien en saisir l’ampleur.

L’observation de François Fourquet est excellente mais l’observateur manque un peu de recul et, de ce fait, sa conclusion est entachée d’un américano-centrisme datant du siècle dernier.
égéa : je suis d'accord avec votre réticence envers "le manche tenu par les Américains". de là à dire qu'ils s'y prennent comme un mache, c'est une autre histoire lol

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