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L'Otan et les femmes

En ce 8 mars, je n'avais pas prévu de billet spécial sur la journée de la femme. Voilà qu'un correspondant m'adresse ce document et me demande de le publier : après tout, pourquoi pas ?

Bienvenue donc à Mme Stefanie Babst, secrétaire générale adjointe déléguée pour la stratégie de diplomatie publique. Elle est une des femmes les plus haut placées au sein du Secrétariat international. Les opinions exprimées dans cet article reflètent uniquement ses opinions personnelles et ne représentent pas une position officielle de l'OTAN.

O. Kempf

D'ailleurs, j'ai cru comprendre qu'il y a aussi des lectrices d'égéa, même si elles font moins de commentaires : mesdames, vous avez des choses à dire, n'hésitez pas. Nous avons d'ailleurs deux blogueuses dans AGS....

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LE PERSONNEL FÉMININ DE L’OTAN

Réflexions sur la Journée internationale de la femme, le 8 mars

L’OTAN et les femmes – une association d’idées qui ne vient pas spontanément à l’esprit. Les couloirs et les salles de conférences du siège de l'OTAN sont plutôt peuplés d’hommes en uniformes ou en costumes sombres - tenue de travail préférée des diplomates - et, plus important encore, ce sont surtout des hommes qui prennent les décisions. Il faut vraiment bien chercher pour trouver des femmes à des postes politiques de haut niveau à l’OTAN : l’ambassadrice de France constitue une exception : il est facile d’identifier Mme Andreani à la table du Conseil de l'Atlantique Nord puisqu’elle y est la seule femme. La grande majorité des postes de niveau élevé au sein du Secrétariat international de l'OTAN restent l’apanage des hommes. Sur les dix-neuf postes civils les plus élevés, deux seulement sont actuellement occupés par des femmes. Depuis sa création, l'Alliance n'a encore jamais nommé de femme à un poste d’envoyé de haut niveau ou de représentant spécial, et aucune femme n’a jamais occupé les fonctions de secrétaire général ou de secrétaire général délégué. Compte tenu du nombre de femmes à la tête de ministères des Affaires étrangères ou de ministères de la Défense dans les pays membres de l’OTAN, ce constat a de quoi surprendre. Des femmes occupent les fonctions de premier ministre en Croatie et en Islande et l'Allemagne a à sa tête une chancelière.

Un examen plus attentif permet toutefois de dresser un tableau moins sombre de la situation. Ces dernières années, le nombre de femmes employées à l’OTAN n’a cessé d’augmenter. Bien qu’elles ne représentent toujours qu’une minorité, elles accomplissent un excellent travail que ce soit dans les structures politiques ou militaires de l’Alliance. Elles s’occupent de politique de défense et de questions d’acquisition, elles exercent des fonctions de conseillères politiques auprès du haut représentant de l'OTAN à Kaboul ou elles gèrent le Programme pour la science au service de la paix et de la sécurité. Elles préparent les réunions des comités de l'OTAN et établissent des aide-mémoire et des analyses sur les opérations de l'OTAN à l'intention du secrétaire général. Bref, les femmes qui travaillent à l’OTAN, que ce soit au siège ou sur le terrain, y apportent une valeur ajoutée.

Il est clair que la politique OTAN relative à la parité hommes-femmes et à la diversité, que les Alliés ont adoptée en 2002, a aidé les femmes à se faire une place dans un environnement traditionnellement dominé par les hommes. Depuis plusieurs années, le nombre de candidatures féminines à des emplois au sein de l’OTAN augmente régulièrement. Dans le même temps, un Bureau OTAN sur la dimension de genre travaille à la mise en oeuvre d'un plan d'action spécifique, et un Comité militaire OTAN sur la dimension de genre facilite les échanges d’informations sur les politiques de parité hommes-femmes entre les pays membres de l'OTAN et les pays partenaires.

Il importe aussi de souligner que l’OTAN s’emploie désormais à contribuer à la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU (UNSCR) relative aux femmes, à la paix et à la sécurité. Adoptée le 31 octobre 2000, la Résolution 1325 propose un éventail de mesures ambitieuses dans toute une série de domaines. Cette résolution appelle les pays et les organisations internationales à protéger activement les femmes et les enfants contre la violence dans les conflits armés, à poursuivre les auteurs de violences sexuelles commises en temps de guerre, à placer la parité hommes-femmes au cœur des opérations de maintien de la paix, à améliorer la formation spécialisée et à appuyer les initiatives de paix prises par les groupes locaux de femmes. En outre, la résolution engage les pays membres à faire en sorte que les femmes participent davantage à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité, à étendre le rôle des femmes à tous les niveaux de prise de décisions dans les institutions nationales, régionales et internationales et à proposer davantage de candidatures féminines pour les fonctions de représentants et d’envoyés spéciaux des Nations Unies.

Il est extrêmement encourageant que le secrétaire général de l’OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen, ait décidé de s’engager personnellement en ce sens. S’adressant à une assemblée internationale de 400 professionnels de la sécurité, pour la plupart féminins, réunis à Bruxelles à la fin du mois de janvier, il a reconnu le rôle important que les femmes peuvent et devraient jouer en matière de prévention des conflits, de négociations de paix, d’opérations de maintien de la paix ainsi que dans la prise de décisions au niveau national et international. Son message a été repris par Mme Margot Wallström, nouvelle représentante spéciale des Nations Unies chargée de la lutte contre la violence sexuelle envers les femmes et les enfants dans le cadre de conflits, par l’ancienne secrétaire d’État des États-Unis, Mme Madeleine Albright, et par Mme Maria Teresa Fernandez de la Vega, première vice-présidente du gouvernement espagnol, qui ont souligné que la mise en œuvre de la résolution 1325 est une affaire de nécessité plutôt que de choix.

À ce jour, les pays membres de l’OTAN ont commencé à appliquer la Résolution 1325 surtout dans le domaine militaire : ils ont approuvé des directives concrètes pour intégrer les questions de parité hommes-femmes dans toutes les activités de planification et dans toutes les opérations de l’OTAN, y compris un Code de conduite pour le personnel militaire. Ils ont créé des postes de conseillers en parité hommes-femmes pour aider les commandants de la FIAS en Afghanistan, et ils examinent, de concert avec l’Union européenne, les Nations Unies et d’autres organisations internationales, comment on pourrait améliorer la formation et la coopération en matière de parité hommes-femmes. En outre, de nombreux pays membres de l'OTAN ont adopté des plans d'action visant à renforcer la mise en œuvre de la Résolution 1325. Enfin, la politique de l'OTAN en matière de lutte contre la traite des êtres humains contribue également à protéger les femmes en définissant des règles de conduite et de formation pour les personnels civils et militaires déployés dans le cadre d’opérations de l'OTAN.

Le tableau de la situation est donc réjouissant, mais fort de l’engagement personnel du secrétaire général dans ce combat, on peut peut-être faire preuve de plus d’ambitions. En Afghanistan et sur d’autres théâtres d’opérations, l’OTAN pourrait associer plus systématiquement des groupes locaux de femmes et les aider à acquérir des compétences. Il serait également très utile que l'OTAN établisse des liens plus étroits avec les différents réseaux féminins dans le monde. Il existe une multitude d’initiatives et de programmes de qualité visant à renforcer la participation des femmes dans les questions de paix et de sécurité. Il est clair qu’une coopération avec, par exemple, le Club de Madrid, la Fondation Hunt ou le « Global Women’s Group » serait utile dans le cadre de la contribution de l’Alliance à l’approche globale. Les initiatives prises en vue de susciter davantage d’intérêt pour les questions de sécurité transatlantique chez les jeunes femmes, tant dans les pays membres de l'OTAN que dans ses pays partenaires, figurent d’ores et déjà en haut de la liste des priorités futures de l’OTAN en matière de communication. Il y a deux semaines à peine, la Division Diplomatie publique a invité à Bruxelles un groupe de jeunes femmes spécialistes des questions de défense, et d’autres initiatives destinées aux femmes sont en préparation.

Tout comme leurs homologues de l’UE, les femmes ministres de la Défense et des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN souhaiteront peut-être se rencontrer occasionnellement pour examiner la manière dont elles pourraient user de leur influence politique pour accélérer la mise en œuvre de la Résolution 1325. Il est par ailleurs possible que les ambassadrices des pays membres de l’OTAN et des pays partenaires en poste à Bruxelles souhaitent en faire de même. Dernier élément, et non des moindres, l’Organisation enverrait un signal fort si elle renforçait les efforts qu’elle déploie pour former et encadrer plus systématiquement le personnel féminin de l’OTAN de manière à ce que, dans un avenir proche, davantage de femmes puissent jouer un rôle de modèle de référence dans des fonctions de haut niveau.

Le mois d’octobre de cette année marquera les 10 ans de la Résolution 1325 ; cet anniversaire donnera aux gouvernements, aux organisations internationales, aux organisations non gouvernementales et à d’autres institutions nombreuses occasions de réfléchir à ce qui pourrait encore être fait pour mettre en œuvre à tous les niveaux cette résolution novatrice. Grâce au secrétaire général de l'OTAN, M. Rasmussen, la contribution de l'OTAN à la mise en œuvre de la Résolution 1325 continuera à occuper une place de choix dans les priorités de l'Organisation. C’est une excellente nouvelle pour nous tous, en particulier pour le personnel féminin de l'OTAN.




Mme Stefanie Babst est secrétaire générale adjointe déléguée pour la stratégie de diplomatie publique. Elle est une des femmes les plus haut placées au sein du Secrétariat international. Les opinions exprimées dans cet article reflètent uniquement ses opinions personnelles et ne représentent pas une position officielle de l'OTAN.

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