2/ Tout d'abord, cette réussite est celle du surge, donc une victoire posthume (!) de G. W. Bush. Comme tout le monde, j'ai dit suffisamment de mal dudit "Dobbia" pour lui rendre cet hommage. Et la théorie obamienne du basculement (vers l'Afghanistan) ne put réussir que parce que préalablement, il y a eu le sursaut.
3/ Ensuite, la victoire est surtout irakienne : car elle prouve que la démocratie, pour peu que l'Occident se résolve à "jouer le jeu" dans ce Moyen-Orient trop souvent considéré comme incapable de l'accueillir, rencontre un vrai succès. 62 % de participation alors qu'aux prochaines régionales, nous autres Français n'allons pas dépasser les 50 %..... Là aussi, une sorte de victoire posthume des neo-cons, même si, je le précise aussitôt, je ne crois pas à leur théorie du "grand moyen-orient". Mais prôner, à terme, une démocratisation du moyen orient : oui, c'est dans l'ordre des choses. Il n'y a pas, là-bas, fatalité à la dictature.
4/ D'autant que ce sont des lignes "nationales" qui triomphent. Là est le plus curieux: un nationalisme qui perdure dans un pays arbitrairement découpé à l'issue de la décolonisation. Il est vrai qu'il a "subi" une guerre "nationale" contre l'Iran pendant dix ans, et que le sang versé ensemence les nations.... Cela confirme que le facteur religieux, qu'on nous présente aujourd'hui comme si dirimant (j'utilise même l'adjectif à la mode), n'est pas autant explicatif que Ben Laden, et ses théoriciens occidentaux, veulent nous le faire croire. Bref, la solidarité arabe (linguistique) tient plus que la solidarité religieuse. Arabophone plus que sunnite ou chiite.
5/ Sauf que... sauf que le faiseur de roi, qui déterminera la coalition au pouvoir (les affres de la démocratie : combinazione et négociations) sera la mouvance kurde : divisée chez elle, mais unie à Bagdad. Là est peut-être la vraie morale : le Kurdistan, que nous voyons comme un tout, n'est au fond unifié que par rapport à la "domination irakienne".
Ultime paradoxe et clef de lecture de cet orient compliqué... mais décryptable.
O. Kempf