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GP de l'eau et Amazonie bleue

Un article passionnant de Ice station Zebra sur la géopolitique de l'eau, au large du Brésil, avec un commerce indu d'eau douce pompée "en douce" (comme l'eau) à l'embouchure de l'Amazone : un aspect de la géopolitique des ressources que je n'avais jamais vu mentionner.

Merci à Daniel pour cet excellent article.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 9 mars 2010, 20:52 par Yves Cadiou

Conserver son caractère potable à l'eau amazonienne est un des motifs de la lutte contre l'orpaillage clandestin qui pollue au mercure.

2. Le mardi 9 mars 2010, 20:52 par Daniel BESSON

Bonsoir Olivier et Yves ,
Merci de signaler cet article car ces prélèvements qui peuvent nous apparaître " anodins " , après tout cette eau va se " perdre " dans l'océan , choquent les Brésiliens qui ont tous en mémoire le vol des semences de l'Hévéa à la fin du XIX eme siècle et la ruine de Manaus qui en fut suivie .
Sur la pollution par le mercure , c'est totalement vrai et cela constitue la principale menace contre ce magnifique fleuve d'autant plus que cette pollution se concentre dans la chaîne alimentaire .
Elle a lieu surtout dans l'état du Rondônia sur le Rio Madeira , affluent de l'Amazone .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rio_Ma...
Très Cordialement
Daniel BESSON

3. Le mardi 9 mars 2010, 20:52 par Yves Cadiou

Merci de nous avoir signalé cet intéressant article. Il appelle un commentaire à deux niveaux : habitué d'EGEA, je fais ici ce double commentaire.

1/ Nous, Français, sommes concernés par l'eau potable d'Amazonie parce que nous sommes Amazoniens : notre département / région de Guyane déverse de l'eau douce dans l'océan par de nombreuses rivières côtières et au moins six fleuves qui ont chacun des débits comparables à ceux de la Seine ou de la Garonne : depuis le Maroni qui fait notre frontière avec le Surinam, à l'Oyapock qui fait notre frontière avec le Brésil.
Or l'on n'a pas entendu dire qu'il y ait, à l'embouchure de ces fleuves français, des voleurs d'eau comme ceux qui volent le Brésil.
L'on peut donc se demander pourquoi la Guyane française (concernant le Surinam et la Gyuana ex-britannique, je n'ai aucune info) n'est pas victime de la même piraterie.

2/ Par ailleurs, et c'est le deuxième niveau d'interrogation suscité par l'article, l'on s'étonne de voir avec quelle promptitude les stratégistes interprètent les faits de façon dramatisante et conflictuelle : "les décennies à venir seront marquées par une lutte accrue et de plus en plus âpre pour le contrôle de ces matières premières" nous dit l'intéressant article de Ice Station Zebra.
Mais c'est une vision un peu rétrograde : si cette eau a de la valeur (et elle en a), alors elle est une marchandise susceptible d'être vendue et achetée sous le contrôle des autorités brésiliennes.
L'échange commercial est un échange gagnant / gagnant. Pour les autorités brésiliennes, s'emparer des bateaux contrevenants et le cas échéant les confisquer jusqu'au paiement d'une amende, ou définitivement le cas échéant, est une opération conforme au Droit international : c'est d'ailleurs ce que nous faisons nous-mêmes, dans le respect scrupuleux du Droit, à l'encontre des bateaux qui transgressent les règles de circulation sur le rail d'Ouessant (en coupant au plus court à l'entrée sud-ouest de la Manche, qui est un parage dangereux) ou qui contreviennent aux règles de pêche dans nos ZEE (Kerguelen et Polynésie notamment). Les armateurs n'aiment pas du tout que l'on immobilise ou confisque leurs bateaux et de ce fait la réglementation est respectée, l'exploitation des ressources se fait selon le système gagnant / gagnant.

L'on comprend mal pourquoi l'exploitation des ressources devrait inéluctablement se faire selon un système gagnant / perdant ou même un système perdant / perdant au profit d'un troisième larron qui a su attendre son heure.
Un exemple : pour consommer le pétrole de la Caspienne, il y a deux méthodes. La méthode actuelle qui consiste à l'acheter contre une rémunération calculée au cours mondial. Ou la méthode stupide qui consiste à déclencher l'Opération Barbarossa et tout perdre en chemin à Stalingrad.
"On se bat aujourd'hui pour contrôler le pétrole et le gaz mais aussi le charbon et le minerai de fer" nous dit Ice Station Zebra, avec un tantinet d'exagération quant aux "batailles" évoquées.

Au-delà de cette vision excessivement pessimiste et éminemment contestable, il reste que cette affaire d'eau potable est très intéressante et valait la peine, effectivement, d'être signalée.

4. Le mardi 9 mars 2010, 20:52 par Daniel BESSON

Bonjour ,
Vous signalez avec raison que la France est aussi concernée par ce problème avec notre département de Guyane .
1 / L'Amazonie Brésilienne semble être encore considérée par certains comme une zone de non-droit à la différence de la Guyane , ce qui explique que ces prélèvements ne s'y font ( peut-être )pas .
D'autre part les fosses fluviales de l'Amazone et son débit permettent ces prélèvements alors que ce serait impossible avec les cours d'eau Guyanais ?
2/ L'interrogation suscité au Brésil par ces prélèvement amène certains à se poser la question s'il ne s'agit pas de " bio-piraterie " avec tout ce que cela implique par rapport à la mémoire collective Brésilienne et le vol des semences de l'Hévéa à la fin du XIX éme siècle .
Cette eau contient des micro-organismes qui pourraient servir de base à l'industrie pharmaceutique par exemple .
Les conditions de son prélèvement doivent donc selon certains être parfaitement réglementées ou il doit être interdit en dehors des opérations de ballastage .
Je ne suis pas stratégiste mais je constate que les "batailles " commerciales sont âpres pour le contrôle de ces matières premières et qu'elles risquent de le devenir plus encore et pourront , hélas , dégénérer
en conflits armés ou en des tentatives de déstabilisation de certains états producteurs .
Le Dr. Kissinger a fait la même constatation il y a un peu plus d'un an en faisant référence au XIX éme siècle .
Au delà de simples échanges commerciaux , il y a le concept de " sécurité " d'approvisionnement .
Disposer d'une source de matière première fiable , à bas prix et s'assurer de son acheminement et à un moment la " sécurité " fait immanquablement intervenir le militaire .
J'évoquais le cas de la Mongolie car les troubles qui s'y sont déroulés lors des dernières élections législatives
http://fr.rian.ru/world/20080703/11...
http://fr.rian.ru/world/20080702/11...

ont été interprétés à Moscou et à Pékin comme une tentative de prise de contrôle de ses ressources en cuivre , en charbon cokéfiable et en uranium par l'"Occident ".
Or les Russes et les Chinois préfèrent contrôler ces ressources et leur acheminement depuis l'extraction sans passer par l'intermédiaire d'une multinationale Anglo-Canadienne par exemple .
Je pense aussi que les médias ont largement développé une rhétorique qui consistait à nous présenter la " dématérialisation de l'économie " et que la réalité est tout autre .
Les matières premières ont encore un futur !
Très Cordialement
Daniel BESSON

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