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L'espace se rétrécit

Je tire cet extrait d'un commentaire posté sur AGS du billet de SD (sortir de l'étroitesse de l'hexagone). Cadfannant explique ainsi : Dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, il faut un espace beaucoup plus vaste pour entretenir une population que pour une société d’éleveurs, et ceux-ci nécessitent encore un espace plus vaste que les agriculteurs. La lutte pour l’espace a donc existé très tôt.

(image tirée d'ici)

Poursuivons donc le raisonnement :

une société s'organise selon deux paramètres : sa population et l'espace disponible. A mesure que la population augmente, l'espace disponible décroît et nécessite donc des formes d'organisation sociale renouvellées.

On est ainsi passé de chasseurs-cueilleurs, à des éleveurs, puis des agriculteurs, puis des industriels, puis des urbains. Le passage d'une forme à une autre se faisant à un rythme de plus en plus élevé.

Or, l'espace continue de rétrécir, c'est ce que nous dit la planétisation. Quelle est donc la nouvelle forme d'organisation sociale qui apparaît de nos jours ?

Le savoir permettrait de penser les rapports de force.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par oodbae

proposition: L'empilement à travers la construction d'immeubles toujours plus hauts. Ou une sorte de tridimensionalisation de l'espace initialement plan de l'habitat.

égéa : Mais oui, la construction d'immeubles toujours plus hauts fait partie de cet espace rétrécissant

2. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par

L’on me permettra d’être circonspect, voire méfiant, envers les théories sociologiques qui s’appuient sur des données totalement imaginaires et hypothétiques.

Ici, l’on affirme que les sociétés primitives fonctionnaient de telle et telle façon selon qu’il s’agissait de chasseurs-cueilleurs, d’éleveurs ou d’agriculteurs. En fait, on ne sait rien des sociétés primitives. Celles que notre civilisation a rencontrées ont été détruites avant d’être étudiées et l’on ne connaît les Amérindiens et plus généralement les Aborigènes que par des racontars visant le plus souvent à justifier a posteriori leur disparition.

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Notre façon de déclarer que « de tout temps » les groupes humains ont été confrontés à tel ou tel problème n’est, à y bien regarder, qu’une transposition de notre actualité : en soixante ans j’ai personnellement vu les hommes préhistoriques beaucoup évoluer. Ou du moins notre représentation des hommes préhistoriques évoluait à mesure que notre propre société évoluait.

Dans les années cinquante, l’homme préhistorique allait en bandes chasser le mammouth à l’aide de bâtons taillés en pointe (taillés avec quel outil, l’on ne sait) et durcis au feu ; mais surtout la femme restait à la grotte pour s’occuper des enfants.
Puis, à mesure que le XX° siècle avançait, l’homme préhistorique devenait moins gourmand (ou plus intelligent ou plus prudent) et préférait éviter le mammouth et chasser des gibiers moins dangereux ; mais surtout la femme allait désormais, elle aussi, à la chasse et l’on ne savait plus exactement comment les enfants étaient gardés.

En fait, l’on ne sait rien de la Préhistoire et nous transposons notre propre fonctionnement social vers ces périodes imaginaires : l’on fait de la science-fiction. Le roman « la guerre du feu » (1911) ainsi que le film (1981) sont superbes mais totalement imaginaires et leurs différences montrent à quel degré le public a évolué en soixante-dix ans, notamment au regard du comportement de la femme.

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La théorie selon laquelle « l’espace se rétrécit », même si elle tente de s’appuyer sur des prétendues vérités éternelles, n’est en réalité que la traduction d’un problème actuel : les conflits diffus entre ceux qui veulent d’un aéroport, d’une autoroute, d’une voie tgv, d’une ligne tht, d’un champ d’éoliennes et ceux qui n’en veulent pas.

Sur ce postulat de base selon lequel l'espace s'est toujours rétréci, totalement indémontrable (comme tout bon postulat) mais surtout postulat dont l’origine est inconsciemment actuelle, l’on fonde un raisonnement qui amène à conclure que « la situation du “peuple en armes” est une situation plus naturelle que celle d’une armée professionnelle. »

L’on me permettra de douter de la validité de l’ensemble.

égéa : cher Yves Cadiou, on me permettra également de ne pas être d'accord avec vous.

3. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par Arthur

le domaine du virtuel peut être...
Je m'explique: si c'est effectivement un besoin d'espace qui structure la société, un jour ou l'autre les contraintes purement physiques risquent de nous rattraper.
La solution dans ce cas là serait de se défaire du physique pour chercher de la place ailleurs, pourquoi pas dans le virtuel?
Là il y a autant de place que l'on peut en rêver, et le développement des systèmes de réalité virtuelle devenant de plus en plus poussé,on peut s'attendre à ce que dans quelques décennies, la plupart de notre quotidien se déroule sur un plan virtuel.
Je suis conscient que cette idée évoque plus un roman de science-fiction qu'une perspective d'avenir, mais après tout ce ne serait pas la première fois qu'une idée de s-f devienne réalité.

égéa : oui, pourquoi pas... même si nous demeurons de chair et de sang. Mais effectivement, qu'une part importante de notre activité soit dans un nouvel espace( plus approprié, me semble t-il, que virtuel), c''est envisageable

4. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par Arthur

Pour ma part, je vois deux solutions:
-on ne trouve pas d'espace supplémentaire, on commence à tous être entassé les uns sur les autres et on décide de déplacer notre besoin d'espace: le passage au virtuel qui permettrait de gommer tout du moins partiellement le besoin d'espace, avec les technologie de réalité virtuelle qui commence déjà à apparaitre.
-On trouve de nouveaux territoires en tentant de coloniser l'espace ( entreprise impossible pour le moment et ô combien ardu avec une meilleur technologie).

5. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par

On a le droit de ne pas être d’accord, nous sommes au moins d’accord là-dessus.

J’y reviens parce que je vois que dans les commentaires une seconde théorie hasardeuse vient se greffer sur la première, concernant cette fois la concentration de l’habitat.

Cette concentration dans des immeubles en hauteur ne peut s’expliquer par le manque d’espace que dans certains cas particuliers (le Japon) mais certainement pas chez nous. L’existence d’immeubles en hauteur résulte de nombreux facteurs : progrès des techniques de construction, rentabilité des services fournis collectivement (« eau et gaz à tous les étages », indiquent encore des plaques bleues à l’entrée d’immeubles vieux de plus d’un siècle) et multiples autres avantages de l’habitat collectif.

Le saupoudrage pavillonnaire qui s’est développé depuis cinquante ans correspond à d’autres motivations (une chaumière et un cœur) mais contredit la théorie du manque d’espace, contredite aussi par le dépeuplement des campagnes dont les habitants souffriraient plutôt d’un excès d’espace.

La théorie du rétrécissement de l’espace est hasardeuse pour expliquer le présent comme pour expliquer le passé. Pour le futur, je découvre à l’instant l’hypothèse d’Arthur : mieux que de la science fiction, c’est déjà du réel comme le montrent les communautés virtuelles qui se constituent sur ce blog et sur d’autres. Ces communautés ne sont pas créées sous la contrainte d'un manque d'espace mais grâce à des infrastructures nouvelles. A cet égard, l'on peut avoir l'impression que la planète se rétrécit mais ce n'est qu'une impression qui ne doit pas nous amener à conclure trop vite au manque d'espace.

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Ce n’est pas la première fois, ni sans doute la dernière, que des théories du rétrécissement des ressources (en l’occurrence l’espace disponible) apparaissent. Leur intérêt est d’attirer l’attention sur ce qui pourrait être un problème et par conséquent d’entretenir notre vigilance.

Mais elles sont toujours démenties par les faits, même si elles ont du succès pendant un moment comme celle de Malthus.

égéa : je suis anti-malthusien, c'est d'ailleurs ce que je reproche aux apôtres de la décroissance

6. Le mercredi 28 avril 2010, 19:52 par Jean-Pierre Gambotti

Sans participer le moins du monde à ce débat, je voudrais signaler à Yves Cadiou l'existence d'un livre de Lawrence H.Keeley "Les guerres préhistoriques" Collection Tempus. Cet ouvrage permet, en outre, d'approfondir notre connaissance de la guerre comme phénomène social. J'ai bien écrit social, ce qui veut dire que l'utilisation de la force pour imposer sa volonté à l'adversaire date de l'homme en société.
Description d'une préhistoire complexe avec la guerre comme rapport entre les groupes. Atavisme et modernité.
Jean-Pierre Gambotti

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