Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Réunification est-européenne

La drame de Katyn m'avait forcément, fortement surpris : cette coïncidence incroyable entre deux drames, en un même lieu et presque un même temps renvoyait aux règles de la tragédie de façon si exceptionnelle : le destin, l'exception étaient à l'œuvre. Il y a des moments où les grandes tendances de la géopolitiques s'effacent pour laisser place à autre chose, non maîtrisable et mystérieux. Il reste que l'événement une fois passé, l'analyse géopolitique reprend ses droits et une certaine légitimité.

Dix jours ont passé, et l'on peut réfléchir.

1/ La première inquiétude tenait aux relations russo-polonaises : or, c'est une vraie émotion qui a touché la Russie, avec des dirigeants sincèrement émus, et faisant tout pour apaiser les douleurs polonaises : une solidarité slave s'est exprimée, pour la première fois si collectivement depuis.... combien de temps ? l'émotion d'aujourd'hui a permis au peuple russe de sincèrement s'approprier l'émotion d'autrefois, et la rediffusion à grande écoute du film de Wajda, Katyn, sur la télévision russe a favorisé ce partage commun.

2/ Autre "hasard" : un volcan islandais obscurcit opportunément (voir cet excellent billet du fréro) le ciel européen, sauf ses confins orientaux, et le seul à assister aux funérailles nationales est le premier ministre russe (et non pas M. Medvedev : le maniement des symboles appartient au vrai titulaire du pouvoir). Être seul à partager la douleur augmente, encore, la vigueur du rapprochement.

3/ J'étais inquiet. Ce drame est donc au contraire l'occasion d'un rapprochement. mais il ne se limite pas au seul cas russe. C'est en fait toute l'Europe de l'est qui s'est solidarisée, ce que l'ouest a moins senti, tout à ses problèmes (euro, crise, retraites, avions, ...) sans voir qu'il se passait là-bas quelque chose d'essentiel et d'inspiré. Minute de silence en Hongrie, deuil national en Lituanie, en Russie, en Ukraine, en Tchéquie, .... Comme si la fin de la controverse entre nazis et communiste, ouverte symboliquement à Katyn, prenait fin ce 10 avril 2010 et libérait, émotivement, toute l'Europe de l'est. Lui permettant enfin de se réunifier !

Vraie fin d'une époque pour toute l'Europe de l'est : voilà la bonne nouvelle qui surgit du drame de Katyn, même s'il a fallu pour cela 96 morts : en adressant mes condoléances à leurs proches et aux Polonais, c'est ce message d'espoir que je veux, si possible, ajouter pour apporter un peu de consolation. RIP

O. Kempf

Commentaires

1. Le vendredi 23 avril 2010, 22:00 par

Bonjour,

Si je souscris à cette analyse, toutefois je me dois de préciser que c'est bien Dmitri Medvedev qui s'est rendu aux funérailles de feu Kaczyński à Cracovie et non Vladimir Poutine (qui a en revanche rencontré une nouvelle fois en Russie son homologue Donald Tusk pour lui donner une très touchante accolade à Smolensk sur les lieux du drame).

Sinon il est tout à fait juste que suivant ce deuil, la majeure partie des pays slaves a observé à l'unisson un recueillement particulièrement surprenant ayant échappé à pourtant à bon nombre d'observateurs (mais pas à l'hôte de ce blogue et je l'en félicite).

Cordialement

égéa : oui, bien sûr, Medvedev et pas Poutine.... Désolé

2. Le vendredi 23 avril 2010, 22:00 par boris friak

Au nombre des bégaiements de l'histoire polonaise citons aussi la mort prématurée du général Sikorski, premier premier ministre du gouvernement polonais en exil décédé dans un accident d'avion.

Depuis 1991 la "cause" serbe aurait pu catalyser toutes les sympathies slaves si les dirigeants des différentes entités (RFY, Serbie-Monténégro puis Serbie et Republika srbska) avaient fait le choix de lignes politiques défendables.

BF

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/587

Fil des commentaires de ce billet