Lavrov, Moyen-orient et varii
Par Olivier Kempf le mercredi 26 mai 2010, 19:54 - RDN (Revue Défense Nationale) - Lien permanent
Les ponts du mois de mai m'ont permis de lire en entier la dernière livraison de la RDN.
1/ Il faut absolument lire l'article de S. Lavrov, le Min AE Russe, qui expose la proposition russe d'un traité pan-européen de sécurité. Cela renvoie évidemment à la préparation du concept de l'Otan (je termine mon analyse du rapport Albright, il y en a déjà pour cinq pages...) mais aussi du sommet de l'OSCE (voir ici). C'est particulièrement stimulant pour qui veut bénéficier d'une appréciation alternative de la situation. Attention : je ne dis pas que tout est à prendre : seulement qu'on ne peut penser la sécurité européenne sans connaître la position russe.
2/ Le dossier sur le Moyen-Orient est éclairant : aussi bien l'article de A. Sfeir que celui de P. Viaud sur la question nucléaire : j'apprécie tout particulièrement l'analyse de la position saoudienne, qui choisit non le second best, mais le second worst : plutôt une décrépitude sur le dossier israélo-palestinien qu'y agir, tout cela pour bénéficier d'un parapluie plus ou moins illusoire contre une menace nucléaire iranienne.
3/ Divers : à lire également le renseignement à l'Onu, et le centre de rise du quai d'orsay. Eet surtout l'effrayant et passionnant "art de la guerre chez les moins de quinze ans" (lisible en ligne)
4/ recensions : outre une fiche de lecture de votre serviteur, il y a un long article de l'allié Victor Fèvre de RDO, sur la WWII et la Méditerranée...
5/ Et puisque nous saluons les alliés, bravo à Benoist Bihan (la plume et le sabre) qui vient de remporter un prix d'histoire militaire pour "le renouveau de la cavalerie dans les armées occidentales à l'époque moderne. Le cas du développement des unités de hussards en France 1693-1763". Mille bravos à Benoist, tout d'abord. Ensuite, quelle bonne idée de s'intéresser aux hussards qui étaient, si on me permet cet anachronisme, les troupes légères destinées à combattre la petite guerre de l'époque : en gros, des forces spéciales destinées à la contre-insurrection. Mais je suis sûr que mon goût indû des simplifications va provoquer des réactions horrifiées à ce sujet. Le débat est lancé. Et vivent les hussards.....
Bonne lecture de toute façon.
O. Kempf
Commentaires
Merci Olivier.
Ta comparaison est très juste pour ce qui est des forces spéciales, et je la fais en fait dans la conclusion de mon mémoire. En revanche attention : la contre-insurrection n'est pas le cadre d'emploi des hussards au XVIIIe siècle. Il ne faut pas confondre une tactique (la petite guerre, ou guérilla, ou...) avec le concept bien plus large de contre-insurrection, qui touche à la nature politique d'un conflit. Les guerres du XVIIIe siècle, petite guerre ou non, restent des conflits interétatiques, et la petite guerre est donc une tactique irrégulière dans un cadre régulier. En outre, les forces spéciales dans les conflits contemporains ont un emploi purement tactique, et ne visent que des résultats locaux - la contre-insurrection est une approche globale. Ainsi l'arrestation ou l'assassinat d'un leader insurgé n'est pas un résultat stratégiquement signifiant : le nombre de chefs Talibans tués ou capturés ne change pas de manière significative la situation stratégique en Afghanistan, tout au plus a-t-il un impact ponctuel. En définitive, il n'y a pas à mon sens d'unité tactique "dédiée" à la contre-insurrection. Il y aurait, en revanche, un art opératif spécifique à développer. Et c'est dans notre incapacité à penser ce niveau que se logent nombre de nos difficultés actuelles, au-delà de toute réflexion de fond sur la pertinence stratégique de nos engagements.
égéa: ces précisions me semblent fort utiles à éclairer le débat : il y a là de quoi écrire... un édito DSI ?