Inquiétudes coréennes
Par Olivier Kempf le vendredi 28 mai 2010, 19:08 - Corée - Lien permanent
Il y a actuellement un raidissement coréen qui suscite une certaine inquiétude.
1/ Disons les choses simplement : les rotomontades nord-coréennes ne m'ont jamais beaucoup impressionnées. Et la qualité "nucléaire.." du pays me paraît douteuse.
2/ On assiste toutefois...
... depuis quelque temps à un facteur déstabilisant : la sorte de négligence chinoise envers la Corée du Nord.
3/ Ceci expliquerait peut-être le torpillage de l'escorteur coréen, il y a trois semaines.
4/ J'en viens au fait : le danger ne vient pas actuellement de la Corée du nord, mais de la Corée du sud : j'ai l'impression d'un raidissement qui va au-delà des postures nationalitstes coutumières, même si on les avait un peu mises sous le boisseau ces dernières années. Autrement dit : la posture offensive viendrait du sud, non du nord, puisque celui-ci a intérêt au statu quo.
5/ La Corée du sud se sent-elle assez forte pour prendre des initiatives militaires ? ce qui signifierait que la menace de riposte nucléaire n'est pas tenue pour crédible ? et quelle serait l'attitude des deux grands parrains de la région (Chine d'un côté, Etats-Unis de l'autre) ? une guerre éclair est-elle envisageable, pour précéder tout gel extérieur du conflit ?
Autant de questions qui suggèrent un maintien des choses en l'état. Mais, cette fois, il y a comme une fenêtre d'une autre possibilité.
Réf :
O. Kempf
Commentaires
Je pense que vous avez raison sur un changement de politique sud-coréen, un message fort pour dire que la patience a ses limites.
Le problème de la Corée du Sud, ce sont les conséquences d'une action militaire trop poussée. Que faire en cas d'action terrestre ? Que faire s'il y a effondrement nord-coréen et que la Chine ne bouge pas ?
Le cauchemar de la Corée du Sud c'est de devoir prendre en charge économiquement la voisine du nord. L'Allemagne de l'Est de 1990 c'est le Pérou à côté de la Corée du Nord ! A côté, toutes les joyeusetés que l'on y trouvera, ce ne sera pas grand chose (camps, chambres à gaz etc).
C'est, au delà du problème politique qui n'est déjà pas mince avec une succession déjà préparée, le principal obstacle à une réunification de la péninsule coréenne (une transition de trente ans une fois les choses actées me parait un minimum). La Corée du Sud ne veut pas, pour le prix d'un rêve romantique, retourner en 1945 du point de vue économique.
Il est certain que le président Lee Myung-bak a adopté un ton plus ferme face aux provocations du régime de Pyongyang qui ont permis à ce dernier, et jusqu'à présent, d'obtenir des subsides (aides alimentaires, énergétiques) sans lesquels il ne pourrait pas se maintenir.
Maintenant, est ce que Séoul aurait intérêt à se lancer dans une aventure militaire? Quel en serait le but? Se débarrasser d'un voisin belliqueux? Mettre un terme aux provocations répétées? Réunifier la péninsule et gagner un conflit qui dure depuis 1950?
D'un point de vue économique, la Corée du Sud aurait également intérêt au statu-quo. Prendre en charge le Nord ne serait pas une partie de plaisir (il y a le précédent allemand) et coûterait sans doute plus que cela ne rapporterait, même si cela permettrait une réduction des dépenses militaires.
Et puis il n'est pas dit qu'une attaque contre le nord soit un succès immédiat. Mais admettons que Pyongyang tombe après, mettons, trois semaines de combats, voire moins. Et après? L'on sait que l'armée nord coréenne s'inspire des méthodes utilisées par les guérillas, ce qui supposerait une "pacification" à la fois longue et coûteuse. (voir ici : http://www.opex360.com/2009/10/02/l...)
égéa : oui, je crois comme vous que des hostilités sont improbables. Mais avant, elles étaient exclues. J'en profite au passage pour féliciter l'auteur d'Opex 380 pour la qualité de son blog...