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Marée noire en Louisiane & GP des ressources

La marée noire en Louisiane réunit tous les éléments qui viennent appuyer ma théorie d'une géopolitique des ressources : celle-ci recouvrant à la fois les ressources économiques (et pas seulement la question de l'énergie, ni des matières premières, ni même de l'économie de défense ou de la guerre économique, toutes choses incluses dans cette géopolitique des ressources) et les ressources écologiques (et les conséquences de leur raréfaction en termes de population, de conflit de frontières, ...), toutes deux "rares"

(carte trouvée sur le point, en date du 6 mai dernier...)

Mais revenons à notre Louisiane.

(notre : façon de parler, car depuis que les Américains l'ont rachetée à bas prix en profitant des difficultés du moment du Napo, en remerciement sans doute de l'aide apportée quelques années plus tôt, la Louisiane n'est plus "nôtre". Je pense quand même à Al, lieutenant de vaisseau cajun qui gardait le souvenir d'une lointaine ascendance francophone, même si ses ancêtres avaient suivi la "grand dérangement" : Al m'a appris l'analyse opérationnelle, mot britannique pour "recherche opérationnelle"...).....

Marée noire en Louisiane, donc.

1/ On y voit en effet la concurrence entre l'accès à deux ressources rares : celle de l'énergie ( la quête américaine pour le pétrole) et celle de l'environnement. Cela va d'ailleurs plus loin : la pollution des côtes de Louisiane et du golfe du Mexique affecte l'économie locale (pêche et tourisme).

2/ On y voit également les dangers d'une "nationalisation" de l'extraction pétrolière : certes effectuée par des firmes privées, mais "at home" afin de préserver un minimum d'indépendance énergétique. Mais l'indépendance a un coût, toujours. Et ces coûts ne se payent pas forcément en dollars, monnaie de singe habituellement acceptée par le "reste du monde".

3/ Par ailleurs, cette concurrence (ce conflit) entre la maîtrise des deux ressources s'avère durable.... Je ne sais s'il faut accoler cet adjectif, souvent associé au mot développement : à défaut, on parlera de concurrence durable des deux formes de ressources, l'une étant souvent exclusive de l'autre : car au fond, c'est la même ressource qui est utilisée. Insister sur cette rivalité, voilà l'approche d'une géopolitique des ressources.

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 3 juin 2010, 22:24 par Thibault Lamidel

OuiBonsoir,

C'est une fine analyse qui a le mérite de conceptualiser de nombreux problèmes de part le monde. Les sables bitumeux du Canada nous viennent de suite à l'esprit. Et pourquoi pas les mines de Nouvelle Calédonie.

Ce serait aussi le début de la reconnaissance que les écosystèmes sont une richesse.

Mais néanmoins, une chose me gêne. C'est que l'on prend conscience de cette opposition à l'occasion d'évènements spectaculaires : une marée noire, des paysages indescriptibles au Canada. Seulement, en ce qui concerne le pétrole rejeté en mer par exemple, la marée noire n'est que la partie immergée de l'iceberg. Il est souvent admis que les dégazages et autres pratiques analogues polluent "durablement" et continuellement tout au long de l'année de nombreuses côtes sans que cela soit visible.

N'est-ce pas une "sous-bataille" du court terme contre le long terme ? La guerre contre les multiples pollutions où les accidents spectaculaires forceraient dirigeants et opinion publique à se décider lors de ces "batailles. Choix de société, choix stratégique. Qu'est-ce qui est ou sera accepté ?

C'est là que revient un peu le débat géopolitique. Une marée noire, c'est une chose rare. En plus, elles sont en grande partie évitable. Et, sans jeté la pierre trop loin, il me semble bien qu'il y ait quelques pays, recouvert par une notion bien francophone, les "anglo-saxons" donc, qui ne seraient pas très à cheval sur la sécurité. La France promeut la "sécurisation" progressive de la "vie humaine". Le développement irait de paire avec des progrès dans la "sécurité humaine".
Et ce, autant par humanisme que par préservation de la puissance ! Un des moyens les plus "facile" à pratiquer pour tenir éloigner ses concurrents étant d'augmenter le "coût" de cette sécurité. Augmenter les standards. Cela va des retraites au code du travail. Et donc, si bien sûr je n'ai pas trop mal interprété, il y aurait les pays "très libéraux" qui pour ne pas entraver le commerce ne se lesterai pas de "trop de règles". Par exemple, ce sont les pavillons de complaisance. Ou les règlementations pétrolières qui sont peut être à revoir à la hausse.

Là où je veux en venir, c'est que si comme vous le dites, l'indépendance à un coût, il n'est peut être pas aussi spectaculaire. Du "pétrole à domicile", c'est certes des "nuisances de voisinages" de "temps à autre". Mais la plupart du temps, c'est un atout géopolitique intéressant.
C'est peut être aussi une "hérésie" de la Révolution industrielle verte : avoir une énergie fossile polluante à domicile. Alors que cette révolution vise à fournir de l'énergie propre à domicile. Donc, de concilier énergie et environnement.

Maintenant, et concernant votre introduction, je me demande si une ressource ne va pas faire ou refaire son apparition : l'espace. Et par cette notion, je pense à tout espace terrestre. Si on considère qu'il existe une économie des écosystèmes préservés et nécessité de besoin contraire, la concurrence durable va devoir s'établir. C'est par exemple une ville tout à l'ouest de la France que je ne citerai pas où il faudra choisir entre faire de l'étalement urbain ou préserver l'environnement. Ou, peut être plus parlant, c'est peut être le choix entre agriculture, zone industrielle, commercial, logement et autres.

En espérant avoir saisi le cadre du sujet, et cordialement,

Thibault Lamidel

2. Le jeudi 3 juin 2010, 22:24 par Thibault Lamidel

http://www.lemonde.fr/planete/artic...

J'ai trouvé un petit article porteur d'une grande ambition. Et qui tombe très bien dans les idées d'une certaine personne sur la géopolitique des ressources. La Commission Européenne veux assurer l'approvisionnement des industriels européens en métaux "précieux" ou "vitaux".

" Après dix-huit mois d'études, Bruxelles va publier, jeudi 17 juin, une liste de 14 métaux ou familles de métaux "critiques", importants pour l'économie de l'Union européenne (UE), et dont l'approvisionnement pourrait subir l'impact de tensions politiques ou de pénuries. "

" La liste de quatorze métaux ou familles de métaux mis en avant par la Commission s'inscrit dans un groupe plus large d'une quarantaine d'éléments, sur lesquels Bruxelles garde un oeil attentif. "

Il compte même développé le sol minier européen. Un petit rapprochement entre l'indépendance que l'on peut obtenir entre l'exploitation de son propre territoire et les dégâts potentiels pour l'environnement ?

" La Commission veut aussi faciliter l'exploitation des ressources minérales européennes. Notamment, explique M. Tajani, en évitant une application trop stricte de la directive sur les zones protégées, Natura 2000. Une proposition qui ne va pas manquer de déplaire aux associations écologistes. "

Une construction de l'Europe par l'approvisionnement en ressource ?

" Or l'accès à certains minerais pourrait à l'avenir s'avérer plus difficile, faisant peser sur l'économie européenne un risque réel. Le problème ne naît pas toujours de l'extraction insuffisante d'un métal face à la demande, mais aussi du contrôle de la ressource par un producteur dominant. "

Oh, il va donc falloir équilibrer les rapports... Par la puissance... militaire et diplomatique ?

Donc oui, c'est peut être une nouvelle voie de construction de l'Europe : la "société (civile ?) européenne' a besoin de ressources pour se développer. Elle doit donc mettre en balance l'intérêt d'être indépendante en développant l'exploitation de son territoire. Et les risques pour l'environnement domestique : le coût de l'indépendance. Et pour le reste, ce qui manquera,il faudra importer. Alors, il faudra disposer de moyens diplomatiques (Service Européen d'Action Extérieur ?) ou coercitif (Une coordination des moyens militaires à défaut d'avoir une Armée ?) pouvant soutenir l'action politique.

Tout un programme !
égéa : oui, mais au moins, il donne du sens....

3. Le jeudi 3 juin 2010, 22:24 par Thibault Lamidel

" Or l'accès à certains minerais pourrait à l'avenir s'avérer plus difficile, faisant peser sur l'économie européenne un risque réel. Le problème ne naît pas toujours de l'extraction insuffisante d'un métal face à la demande, mais aussi du contrôle de la ressource par un producteur dominant. "

1) Les Européens ont besoin de métaux pour faire fonctionner leur industrie et faire prospérer les sociétés civiles.

2) Une partie est à importer.

3) Il faut pouvoir aller outre les prétentions d'un producteur dominant et le contraindre à être raisonnable.

4) Affirmation de la nécessité d'un impérialisme européen ?

5) Le XXIe siècle sera encore européen, votre thèse ?

égéa : Ouh la la ! ma thèse ? non, je ne crois pas que le 21ème siècle sera européen. Peut-être le 22ème, une fois qu'on aura épuisé lé cycle asiatique et que l'évolution reviendra sur nos rivages.....

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