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Principes de guerre insurrectionnelle (Courrège, Germain et Le Nen)

On parle beaucoup de la guerre insurrectionnelle. On cite les principes de la guerre. Mais a-t-on décrit les principes de la guerre insurrectionnelle ?

En fait, ce n'est pas sûr, même s'il y a eu énormément de contributions sur les COIN. C'est pourquoi trois colonels (Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain et Nicolas Le Nen) vont bientôt faire paraître (25 juin chez économica) un ouvrage ouvrant le débat.

égéa les a interrogés : ce débat qu'ils réclament, animez-le.

O. Kempf

1/ Vous publiez prochainement un livre qui identifie des principes de contre-insurrection : pouvez-vous les présenter brièvement, et indiquer en quoi ce travail s’avère novateur ?

Depuis 1964, aucun praticien français n'a écrit sur cette très ancienne forme de guerre qu'est la contre-insurrection. Pourtant depuis cette époque, la majorité des guerres ou des conflits ont été peu ou prou des affrontements de type insurrectionnel. Les affrontements d'aujourd'hui en Afghanistan, en Côte-d'Ivoire, au Tchad, au Liban, au Kosovo, au Soudan, … impliquent des populations, des insurgés, des contre-insurgés et des forces extérieurs dans des conflits aux contours plus politiques que militaires et dont la trame est clairement celle de la contre-insurrection (COIN). Cette notion est communément admise par les membres de l'OTAN et parfaitement définie dans le récent manuel de contre-insurrection de l'armée américaine.

La guerre de contre-insurrection se caractérise par un contexte politique et des conditions d’emploi de la force toujours très complexes. Or, les praticiens que nous sommes ont besoin de repères simples, mémorisables par tous, pour concevoir et mettre en œuvre des stratégies et des tactiques efficaces permettant d’atteindre l’état final recherché. Comme Napoléon aimait à la rappeler, à la guerre, il y a des principes mais il y en a peu. La COIN n’échappe pas à cette régle. 12 règles, 28 articles ou 30 recettes traduites d'auteurs étrangers n'étaient clairement pas adaptés. Nous inspirant de la démarche du maréchal Foch qui avait défini trois principes de la guerre, nous avons, à la lumière des engagements passés et actuels, identifié trois principes de la guerre de contre-insurrection qui nous semblent allier simplicité et pertinence pour l’action que chacun, militaire ou civil, doit ou aura à mener à son niveau :

  • la légitimation de l'action ;
  • l'adaptation au contexte local ;
  • la marginalisation de l'ennemi.

Chacun de ces principes est propre à la COIN. Ils sont une traduction des principes de la guerre de Foch adaptés à ce contexte particulier d’engagement.C’est d’autant plus important que la COIN n'exclut pas, bien au contraire, le recours à la force armée et au combat de haute intensité. Tout cela fait donc de Principes de contre-insurrection (PCI) une démarche pragmatique et dont le seul but a été de proposer au plus grand nombre de praticiens quelques appuis solides pour raisonner un type de guerre qui s’est invité au banquet de la conflictualité moderne.



2/ Ces principes conduisent à ne pas perdre.Conduisent-ils à gagner ? Qu’est-ce que gagner en contre-insurrection ?

Qu’est-ce que la victoire ? Elle nécessite tout d’abord un objectif clairement identifié. Puis un adversaire nommément désigné. Dans ce contexte, son acception est fluctuante, sa détermination incertaine. Il apparaît cependant aux praticiens que nous sommes que le non respect des PCI conduit inéluctablement à l'échec militaire puis à l’enlisement politique. Une action qui n’est pas légitime aboutit toujours à un rejet politique de l'action des contre-insurgés à la fois par la population locale qui prend le parti des insurgés, et par l'opinion publique du pays d'origine des contre-insurgés.

De même, une action de COIN qui serait inadaptée au contexte local, c’est à dire qui ne répondrait pas aux attentes fondamentales de la population locale, serait contre-productive et conduirait in fine à renforcer la position des insurgés. La bataille politique serait dès lors immanquablement perdue.

Enfin, il est illusoire en COIN de viser une attrition pure et simple de l’insurrection. D’abord parce que ce type de stratégie est devenue inapplicable dans le contexte politique de nos engagements actuels et surtout, parce que toute solution pacifique durable passe par une réinsertion des insurgés dans leur population, ensuite. L’objectif doit être de marginaliser territorialement et tactiquement l’insurrection.

Les PCI sont très certainement des conditions nécessaires au succès d'une guerre de COIN. Ce sont des fondements. Pour autant, ils ne sont pas une garantie car le combat de COIN est un combat essentiellement politique. Pour se risquer à une allégorie, on peut dire que l’on fait de la COIN comme on mène une campagne électorale. Nul ne peut savoir avec certitude où va finalement porter le vote majoritaire.

En fait, gagner en COIN, c'est contenir l'insurrection à un niveau d'activité suffisamment restreint pour favoriser un fonctionnement presque normal des institutions en place et soutenues par les contre-insurgés. Politiquement et démocratiquement, il s'agit d'une victoire donnant une majorité confortable permettant de diriger et d'entreprendre les réformes indispensables et attendues sans une minorité déstabilisatrice du jeu politique.



3/ A vous lire, le temps paraît caché, presque absent : comment l’inclure dans la réflexion ?

Le temps est un facteur très important en COIN. Il intervient deux fois de manière déterminante.

Tout d'abord au déclenchement de l'insurrection. Dans cette période et notamment lors de la première année, le temps compte double ou triple. Au départ, l'insurrection a besoin d'une certaine impunité pour se développer jusqu'à l’atteinte d’une taille critique qui lui permettra ultérieurement de résister et de s'étendre. Pour la COIN, ces premiers mois sont décisifs. C’est le moment où l'insurrection peut être "tuée dans l'œuf" rapidement et sans autre effort que celui de la fulgurance. Après cette période de gestation empreinte de fragilité, l'insurrection est suffisamment résistante pour durer, des années voire des décennies. Le point clé pour elle est d’installer sa propre structure politique et administrative. Si elle y parvient, il faudra aux contre-insurgés des efforts de 20 ou 30 ans pour s'en débarrasser. La COIN des Britanniques contre l'IRA a duré 30 ans. Celle des Malais fut d’une durée identique et la plupart des conflits d’aujourd’hui se comptent eux aussi en décennies. Le temps long est un des facteurs clé du succès en COIN car le combat politique vise des cœurs et des esprits qui ne changent pas en une seule génération mais en plusieurs.



4/ Vous affirmez que la contre-insurrection est un phénomène politique et qu’il s’inscrit tout à fait dans une perspective clausewitzienne, trop rapidement négligée par certains. N’est-ce qu’un phénomène politique ? Où est le combat ? Où est le RapFor ?

La guerre de COIN ressemble, toutes proportions gardées, à une campagne électorale au milieu d’une guerre civile. Le but de chaque camp est de prendre le contrôle du pays en faisant adhérer la majorité de la population au projet de société qu’il porte et ce, en utilisant la force si nécessaire. En cela, nous rejoignons l’essence politique de la guerre telle que l’a définie Clausewitz. Le combat peut donc intervenir de façon aléatoire à tout moment mais n’est jamais le moyen principal de la stratégie de COIN. Il doit être parfaitement maîtrisé pour ne jamais se révéler contre-productif pour l’action globale entreprise vis-à-vis de la population.

Le Rapport de force, invariant immémorial de la guerre, prend ici une forme particulière dans la mesure où l’insurgé, en général plus faible cherche à éviter systématiquement l’affrontement direct. Il ne résume pas une simple quantification des forces militaires en présence. Il se mesure en termes de volonté politique, de capacité de persuasion, d’aptitude à satisfaire les attentes de la population et de patience. On n’oublie trop souvent l’importance du facteur temps dans le succès d’une guerre de COIN. Or, l’histoire montre qu’il n’existe pas de guerre éclair dans ce type de conflit et que la victoire a toujours sourit à ceux qui savaient être les plus patients et les plus endurants. On voit combien dans ce genre de guerre, le Rapfor est politique et non militaire. Ce n’est pas combien de compagnies face aux unités adverses mais combien de villages, de tribus, de vallées pacifiées face à tant d’entités insurgées. De même, les critères du succès ne se résument pas au body count même s’il faut être capable de démontrer en permanence son aptitude à surclasser militairement les insurgés, mais à l’évolution de la taille des zones d’influence des contre-insurgés et à celle de la liberté d’action des insurgés.



5/ Vous évoquez à la fois la légitimité, et les fondements juridiques : ceux-ci sont-ils absolument nécessaires à celle-là ? Peut-on convaincre une opinion uniquement avec l’argument selon lequel « l’action est légale » ?

Cette remarque vaut pour certaines périodes historiques. Les démocraties modernes engagées dans des guerres de COIN ne peuvent évidemment et heureusement pas s’affranchir aujourd’hui d’un cadre juridique fondant et encadrant leur action. Le droit humanitaire, le droit des conflits armés ainsi que celui de la protection des libertés individuelles sont autant de références sans lesquelles aucune légitimité n’est possible auprès des opinions publiques des contre-insurgés.

Vis-à-vis des populations locales, en fonction de leur contexte culturel, historique, de leur niveau de développement et de conscience politique, la perception des aspects légaux encadrant l’action du contre-insurgé n’est pas la même. La légitimité des contre-insurgés se construit beaucoup plus sur les références locales. C’est le cas en Afghanistan. L’adaptation au contexte local est une condition nécessaire du succès.

Mais notre principe n’est pas la légitimité de l’action mais la légitimation de l’action qui sous-entend que la seule conformité d’une action au jus ad bello et au jus in bello n’est pas suffisante pour conserver le soutien populaire à une action de contre-insurrection. Il est indispensable par une pédagogie active des dirigeants politiques, un emploi proportionné et judicieux de la force, des résultats concrets sur le terrain suffisamment mis en valeur, de conserver dans la durée ce soutien de la part des opinions publiques locales et internationales. La légitimation se gagne et s’entretient dès le déclenchement d’une opération de contre-insurrection, quel que soit son niveau.



6/ Vous recommandez la perméabilité à la culture d’autrui : ne s’agit-il pas plutôt d’une « contre-adaptation » ? en effet, c’est « l’autre » qui prend l’initiative de l’asymétrie, pour contrer autrement une puissance. Autrement dit, en COIN, on est toujours en réaction : est-ce toujours l’autre qui a l’initiative ?

Etre en réaction ne signifie pas qu’on laisse systématiquement à l’autre l’initiative. L’adaptation de chaque camp à la tactique de son adversaire est une constante de la guerre. Clausewitz disait qu’à la guerre, tout combattant décide du jeu de son adversaire. La COIN n’échappe pas à cette règle. La victoire appartient simplement à celui qui, le premier, sait prévoir et anticiper les réactions de son adversaire, donc qui finit par lire dans son jeu. On retrouve là toute l’importance du renseignement mais aussi de la connaissance intime du milieu humain, culturel et politique dans lequel on combat. La perméabilité à la culture d’autrui prend ici tout son sens.

Chaque acteur de l’insurrection a l’initiative qu’il veut se donner. L’insurgé attaque toujours les points faibles du fort et met en scène ses petites actions victorieuses pour discréditer son ennemi aux yeux de la population. Le fort, quant à lui, a l’initiative dans les domaines du développement politique, économique et social, celle des grands travaux qui nécessitent des moyens que les insurgés n’ont souvent pas. Il a aussi l’initiative des négociations à partir du moment où il parvient à enfermer l’insurrection dans une impasse militaire en la marginalisant sur un plan tactique. C’est ce qu’ont réussi à faire les Britanniques en Irlande du Nord et les Français en Algérie. Le rôle du militaire dans une guerre de COIN est de forcer l’insurrection à engager des négociations politiques avec ses dirigeants politiques. Il appartient ensuite au pouvoir politique et à lui seul, de décider de l’usage qu’il fera de ces négociations politiques.



7/ Vous évoquez un contrôle rigoureux du terrain (autrefois, on parlait de contrôle de zone) : à ceci prêt qu’il faut des moyens gigantesques, et d’abord humains pour y arriver : les Américains viennent de se retirer de certaines zones où leur contrôle était inefficace. Le contrôle de zone n’est-il pas une illusion ?

Le véritable enjeu pour le contre-insurgé est d’extirper l’insurgé de la population, en le chassant ou en le réintégrant. Le terrain le plus important est celui des consciences, des convictions, « des cœurs et des esprits » selon la formule du général anglais Templer en Malaisie. Le combat est politique avant tout. Evidemment, le contrôle physique du terrain y participe car la population y vit mais la contre-insurrection se pense aussi dans le champ des « perceptions ».

Occuper les points clés du terrain où se concentre l’essentiel de la vie sociale comme les villes et les gros villages, est important mais si une population convaincue prend ses affaires en main et arrive à se protéger elle-même des insurgés, la présence du contre-insurgé n’y est plus souhaitable. La stratégie de l’OTAN est un savant dosage politico-militaire, contraint aussi par les effectifs limités de troupes disponibles. On ne peut pas nier que la COIN sera toujours une guerre de gros bataillons et ce quelque soit le niveau technologique des armées déployées sur le terrain.



8/ Vous insistez sur le rôle de la logistique : la logistique n’est-elle pas devenue le point cardinal de la contre-insurrection, son vrai « centre de gravité » ? Aussi bien notre logistique (opérations expéditionnaire) que la leur (les isoler des soutiens extérieurs) ?

La logistique est une vulnérabilité critique du contre-insurgé comme de l’insurgé. Le contre-insurgé est vulnérable quand ses lignes de communication s’allongent et qu’il ne dispose pas d’effectifs suffisants pour les protéger. Une base avancée de contre-insurgés, isolée et sans logistique, peut se retrouver de facto en situation de siège militaire et empêchée de poursuivre son combat au sein de la population.

L’insurgé dépend lui de la population et des soutiens extérieurs. Le marginaliser territorialement de la population et le couper de ses soutiens, conduira nécessairement à son affaiblissement mais il ne s’agit pas là de la même logistique que celle du contre-insurgé.



9/ Vous évoquez la politique mais restez dans le champ stratégique : quel(s) principe(s) politique(s) adopter quand on est une force étrangèrequi soutient un pouvoir corrompu ?

Dans une guerre de contre-insurrection qui est un conflit avant tout politique, les frontières entre les champs politiques, stratégiques et même tactiques sont très floues. C’est pourquoi nos principes nous semblent complémentaires et proposent d'agir dans ces trois domaines de la COIN, Ils invitent les responsables politiques et les chefs militaires à faire des choix et à ajuster très régulièrement leur stratégie à leurs objectifs.

Dans le cadre que vous évoquez, un décideur est forcément partagé entre la légitimation de son action et l’adaptation au contexte local. Le premier principe le force à rechercher l’assentiment des opinions publiques nationales, internationales et locales, il doit donc être très exigeant vis à vis de la stature morale des dirigeants locaux qu’il soutient afin de ne pas délégitimer son action. Cependant, le deuxième principe le conduit à faire montre de pragmatisme. Il agit dans un contexte particulier avec un fond sociologique héritier d’une histoire dont il ne peut faire fi. Il doit s’adapter. S’il ne le fait pas il va chercher à importer son modèle de manière artificielle et le résultat est rarement au rendez-vous. Observons les échecs récurrents à imposer des dirigeants longtemps expatriés qui ne disposent d’aucune assise dans les opinions des pays considérés. Les principes donnent donc des orientations, ils doivent être raisonnés et ne sont surtout pas des « recettes », l’intelligence politique des responsables a de beaux jours devant-elle !

Principes de contre-insurrection s’adresse autant au responsable politique qu’au chef militaire étant entendu que dans une guerre de COIN, le second qu’il le veuille ou pas, devient toujours un acteur politique majeur dans la zone où il opère. L’ouvrage est court, accessible à tous et étayé de nombreux exemples historiques.

Mes colonels, je vous remercie. O. Kempf



Présentation des auteurs

Les auteurs sont saint-cyriens et diplômés du Collège interarmées de défense. Ils capitalisent chacun, en situation de commandement et en état-major, de nombreuses expériences opérationnelles dans des contextes de contre-insurrection en Afrique, au Proche ou Moyen-Orient et en Asie.

Le colonel Hervé de Courrèges est officier de cavalerie, titulaire d’un Mastère spécialisé de Supélec Paris et d’un DEA d’histoire (EPHE). Il a servi dans les troupes de montagne. Il est aujourd’hui conseiller en cabinet ministériel.

Le colonel Emmanuel Germain est officier d’infanterie de marine. Il est diplômé du MBA d’HEC, titulaire d’un DEA de droit musulman et docteur en droit public. Il sert actuellement à Paris au sein du Centre de planification et de conduite des opérations.

Le colonel Nicolas Le Nen est officier de chasseurs alpins. Il a commandé le 27e bataillon de chasseurs alpins et la Task-Force de contre-insurrection Tiger qui s’est illustrée en Afghanistan en 2009. Il est aujourd’hui stagiaire au Centre des hautes études militaires et est auditeur de l’IHEDN.



Publications des auteurs

Emmanuel Germain, La Centrafrique et Bokassa, 1965-1979 : force et déclin d’un pouvoir personnel, L’Harmattan, Paris, 2000.

Hervé de Courrèges, Pierre-Joseph Givre, Nicolas Le Nen, Guerre en montagne, 2e édition, Economica, Paris, 2010.

Nicolas Le Nen, Task force Tiger, journal de marche d’un chef de corps français en Afghanistan, Economica, Paris, 2010.

Les colonels Hervé de Courrèges, Emmanuel Germain et Nicolas Le Nen publient au mois de juin 2010 aux éditions Economica : Principes de contre-insurrection.

Commentaires

1. Le lundi 14 juin 2010, 20:51 par Jean-Pierre Gambotti

« Si on cède sur les mots, on finit par céder sur les choses ». Bien que j’aie beaucoup d’admiration pour nos jeunes chefs qui réactivent une pensée militaire laissée longtemps en déshérence, je voudrais modestement m’appuyer sur cette remarque de Sigmund Freud pour rappeler que les mots ont un sens et que ce sens en stratégie est action. Précisément, je m’interroge sur ce que nos auteurs appellent les principes de la guerre de COIN en les rapprochant des principes de Foch, alors que les principes de contre-insurrection proposés sont plutôt, selon moi, des lignes d’opérations génériques.
Les principes de Foch sont de l’ordre de la praxis, c'est-à-dire qu’ils s’exonèrent de la contingence et sont pertinents dans toute action de guerre. En l’occurrence ils s’appliquent aussi en COIN et sont transverses à ces PCI supposés. De toute évidence la légitimation de l’action, l’adaptation au contexte social, la marginalisation de l’ennemi, ne sont pas de même nature que l’économie des forces, la concentration des efforts, la liberté d’action. Les principes fochiens restent essentiels à la réussite de la manœuvre élaborée par la combinaison des lignes d’opérations parce qu’ils sont les éléments générateurs de l’action, transcendant ce faisant ces lignes d’opérations. Pour faire simple, je rappellerai que dans la Méthode les principes de Foch sont de manière pratique les ultimes filtres passe-bas du choix des modes d’action. Ainsi l’une des questions que le planificateur se pose in fine est la suivante : « Le MA envisagé, cette combinaison des actions des LO (PCI en l’occurrence), permet-il, en s’appuyant sur l’économie des forces et la concentration des efforts, d’assurer ma liberté d’action ? »
Pour boucler ce court commentaire, je rappellerai que le général Yakovleff dans son essai de Tactique théorique, précise qu’à la guerre il s’agit toujours de gagner ou de conserver sa liberté d’action.
Je suppose que la COIN, puisqu’il s’agit, me semble-t-il, « d’un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté », c’est toujours la guerre !
« Si je gouvernais », disait Confucius, « je commencerais par redéfinir le sens des mots. » Itou pour la stratégie, « ligne d’opérations » n’est pas « principe ».
Mais je lirai avec attention ce travail collectif, la production doctrinale de nos officiers est actuellement d’une très grande qualité. Elle est de surcroît indispensable.
Merci à eux qui méditent l’action et réaniment la pensée stratégique.
Très cordialement.
Jean-Pierre Gambotti

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