Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Elections 2010 : Belgique

Nous poursuivons notre tour d'Europe des élections de ce premier semestre avec la Belgique.

Les élections belges se sont déroulées le 13 juin dernier, et ont vu le succès du parti "Nouvelle Alliance flamande" de Bart de Wever. Mais ne s'agit-il que du succès de l'indépendantisme flamand ? Je crois que les choses sont un tout petit peu plus compliquées, même si je persiste à penser que l'on se dirige vers un éclatement de la Blgique. Toutefois, il risque d'y avoir encore un certain nombre d'étapes auparavant ....

1/ Pourquoi ces élections ? parce que les votes de 2007 n'avaient pas réussi à donner une majorité stable au pays. Depuis le triomphe d'Yves Leterme (leader de CD&V, le grand battu de cette édition) aux législatives de juin 2007, le pays a connu trois Premiers ministres et quatre gouvernements, après une période de vacance de plus de six mois entre juin et décembre 2007. Il fallait retourner aux urnes. Le facteur déclenchant a été le cas de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV)

2/ Tout d'abord, les résultats. Pour cela, on peut lire l'article de La Croix ou celui ci de Wikipédia. On observe le succcès en Flandres du NVA au détriment du parti chrétien démocrate (d'Y. Leterme) : mais celui -ci avait fait un "score" en 2007 et revient donc à un étiage plus normal. Surtout, on constate le recul du "parti flamand d’extrême droite Vlaams Belang qui est aussi en perte de vitesse (12,7%), de même qu’un parti populiste, la Liste De Decker (3,7%). Toujours en Flandre, les socialistes du SPA et les écologistes de Groen s’en sortent mieux (respectivement 15% et 7%)".

3/ En Wallonie, c'est le parti socialiste qui progresse nettement, après avoir surmonté les "affaires" qui le minaient il y a quelques années. Il progresse au détriment du parti libéral, mais aussi des centristes et des écologistes.

4/ On a donc deux pôles bien formés : une domination NVA en Flandres, une domination PS au sud. L'interprétation immédiate que chacun fait est bien sûr celle du "triomphe" des indépendantistes, donc de l'extrême droite. Et pourtant, je crois que ce n'est pas aussi simple. En effet, on ne peut pas lire les choses comme aux Pays-Bas, par exemple, où la xénophobie s'exerce envers l'étranger, ou comme en Slovaquie où c'est contre la minorité hongroise. Certes, les radicaux flamands utilisent des méthodes discriminatoires et excluantes, mais le succès du NVA ne semble pas celui d'une dérive raciste : c'est du moins l'impression que j'ai, vue de Paris, sans connaître les choses de l'intérieur. J'ai le sentiment que le NVA constitue une offre "politique", marquée par la crise économique, et donc à la recherche de solutions économiques et sociales. De même, les francophones ont probablement évolué et semblent plus disposés à transiger sur un certain nombre de réformes. Bref, il faut relativiser l'analyse ethnicisante.

5/ En fait, paradoxalement, les élections dégagent une autre opposition que celle entre nationalités belges : celle entre une droite libérale qui veut réduire les impôts (qui se trouverait plutôt dans le nord du pays, donc en Flandres), contre celle d'une gauche qui prône l'intervention de l'Etat. Pourquoi cette lecture ? à cause de la crise économique et financière qui vient, en Belgique comme ailleurs, affecter les clivages habituels. On lira avec intérêt ce billet.

6/ Toutefois, la crise a été déclenchée par l'impossibilité, par Yve's Leterme, de résoudre la question de Bruxelles ou plutôt, des arrondissements BHV. La stratégie de Bart de Wever est ici très claire : refuser de constituer un gouvernement, et laisser les francophones s'y essayer (le socialistes, nord et sud réunis, totalisent ainsi 39 sièges sur 150). En effet, cela fait plus de 40 ans qu'il n'y a pas eu de premier misnitre francophone. Symboliquement, si c'était le cas, cela symboliserait un renouveau belge. Se pose la question de ce que les francophones sont prêts à accpeter pour cela. E. DI RUpo, le leader socialiste, est de ce point de vue plus ouvert que d'autres francophones. Mais jusqu'où aller, sachant qu'on peut penser que le NVA veut seulement grapiller une nouvelle réforme, puis constater son échec avant de passer à l'indépendance, sur un modèle tchèque ?

7/ Dès lors, c'est la question de la réforme de l'Etat . Constatons ici qu'elle n'a pas le même sens qu'en France où elle symbolise la désétatisation, quand en Belgique elle signifie l'augmenttion de la séparation entre les deux communautés. Car si une réforme est adoptée avec un gouvernement Di Rupo, une autre veindra (voir article )

8/ L'enjeu principal est bien sûr la région bruxelloise. Elle est francophone, mais localisée en Flandres, comme un isolat. J'ai déjà évoqué la solution du tombolo, qui organiserait une continuité territoriale entre Bruxelles et la Wallonie : mais cela signifierait que la ville et la région ont les mêmes intérêts, ce qui est loin d'être le cas. Surtout, cela demanderait l'accord des Flamands, qui voient très bien Bruxelles dans une Flandre indépendante, comme le suggère l'incident de la carte qu'ils ont mise en ligne (confer la carte flamande publiée le 16 août dans le figaro et le soir.

9/ Quels sont les enjeux ? "Pour les francophones, l’enjeu est de ne pas laisser filer la Flandre avec Bruxelles en cas d’éclatement du pays. Pour les néerlandophones, l’enjeu est de mettre un terme à la progression de la tache d’huile francophone dans et autour de Bruxelles, laquelle serait toujours susceptible de déboucher sur de nouvelles revendications territoriales. Ces enjeux sont rédhibitoires" affirme Martin Buysse, professeur à l'UCL. (voir Article dans Le Soir du 10 août). Il propose une autre solution, celle del'élargissement de la région bruxelloise.....

Réf :

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 19 août 2010, 18:42 par Kalimero

La fin complète de la Belgique paraît toutefois impossible, par contre, sa transformation en une coquille vide ou presque me semble plus probable: cf http://news.suite101.fr/article.cfm...

2. Le jeudi 19 août 2010, 18:42 par yves cadiou

D’accord avec Kalimero parce que l’évolution vers une coquille vide est en général le sort des institutions dont on ne veut plus.
C’est une disparition « en douceur » qui permet d'éviter de créer un événement et se conclut quelques années ou décennies plus tard par une disparition formelle relativement discrète.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/734

Fil des commentaires de ce billet