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Stratégie flamande

Le leader socialiste belge, Elio di Rupo, vient d'admettre qu'il ne réussirait pas à constituer un gouvernement. Les négociations avec les indépendantistes de la nouvelle alliance flamande de Bart de Wever ont échoué. Derrière les explications picrocholines, une réalité : la stratégie flamande de refus (le manneken piss?), malgré les assurances. Qu'est-ce à dire?

Tout simplement que les Flamands ne veulent pas être sécessionnistes et déclarer unilatéralement leur indépendance : à ce compte, ils perdraient Bruxelles, seule marque belge reconnue au niveau mondial.

Dès lors, pour ne pas "déclarer l'indépendance", ils jouent la montre : bloquer le système pour forcer les Wallons non à négocier des aménagements au système (ce qu'a essayé de faire di Rupo), mais à négocier la partition : alors, Bruxelles pourrait rester flamande.

Les Wallons s'y résolvent peu à peu, car leur esprit méthodique les pousse à vouloir trouver une solution. Alors que la seule stratégie à opposer aux Flamands consisterait justement à ne pas vouloir trouver une solution, moyen de les forcer à sortir du bois.

Deux autres facteurs viennent compliquer la donne :

  • Wallonie et Bruxelles n'ont pas forcément les mêmes intérêts.
  • si la richesse est aujourd'hui flamande, la démographie est wallonne : à l'heure où on évoque la question des retraites, peut-être n'est-il pas idiot de conserver une population qui fait des enfants, futurs cotisants, plutôt qu'une population de vieux... Mais je crois que le vieillissement européen est une cause fondamentale des problèmes du continent.

Dernière remarque : si les Flamands veulent leur indépendance, on peut très bien imaginer que les communes francophones de la banlieue déclarent, par référendum, leur sécession et leur rattachement à la Wallonie : alors, le tombolo de Bruxelles serait créé. Là encore, une idée à lancer pour taire les ardeurs des pousse-au-crime.

Réf : mon billet sur les élections belges

O. Kempf

Commentaires

1. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par FRA 368

Bonjour Monsieur,
Votre analyse appelle une autre question : Quid ensuite d'un referendum chez les Wallons qui leur permettrait de devenir le 102 departement francais (sans forcément le consentement de ces derniers)?
En ce qui concerne la démographie défaillante de l'Europe pourquoi n'adopte-t-on pas une politique nataliste comme le fait la Russie? Certains prônent l'immigration pour remédier au problème du vieillissement de la population mais est-ce moins cher et plus bénéfique? De plus si nous "prélevons" les élites de pays étrangers ceux-ci se développeront moins vite et l'immigration continuera vers un pseudo eldorado européen.
Cette solution est peut-être trop simple pour être appliquée...

égéa: si jamais la Wallonie devenait française (effectivement, l'hypothèse n'est pas à exclure), je crois qu'elle formerait plus d'un département. QUant à l a France, selon une tradition bien établie (et tout d'abord, celle du plébiscite de tous les jours au fondement du projet géopolitique français), elle accepterait les Wallons comme elle a accepté les Niçois en leur temps (même si les conditions du plébiscite furent celles de l'époque... souvenez vous, Garibaldi était niçois...).

2. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par

Et dans cet imbroglio, où finiraient les germanophones ? Et le pauvre roi des Belges ?

Moi je dis il faut que la France se positionne et dise clairement aux Wallons : faites comme vous voulez, mais sans Bruxelles, pas question que vous nous rejoigniez !

Dans les marques belges de réputation mondiale (voire galactique) : le Grand Prix de Spa, les frites, la bière, le chocolat, la BD, Lio, Lara Fabian, Jean-Claude Van Damme et Plastic Bertrand ;-)

égéa : les Germanophones rejoindraient sans état d'âme le Luxembourg. Le roi des Belges..... il serait pauvre. Et pourquoi ne pas en faire le "chef d'état de l'Europe" ? Derrière ce qui semble une plaisanterie, il y a une vertu.....

Lara Fabian ? l'héroïne de jeux vidéo? non, je dois confondre....

3. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par

Pour le roi des Belges en chef d'Etat de l'Europe, il va d'abord falloir ratrapper les Habsbourg ! Ils ont vraiment une longueur d'avance actuellement (bien implantés politiquement en Autriche et en Hongrie, en plus d'un vieux lien avec une région orientale française), avec une grosse expérience. :)

Bruxelles n'est pas que la marque, c'est ce qui produit la richesse en Belgique. D'où la tentation de vouloir créer une ville-Etat en cas de fin de la Belgique et donc de laisser les deux autres parties bien maries ...

4. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par Nono

De toutes façons, le noeud du problème, c'est Bruxelles: les flamands la considère comme leur capitale (c'est la capitale de la région flamande alors que Bruxelles est dans la région de Bruxelles Capitale!!!!), mais les bruxellois sont à 90% francophones, à 5% néerlandophone... bref, un rattachement de Bruxelles à la Flandre n'aurait qu'une justification territoriale et non démographique. Sans compter que la "tache d'huile francophone" part de Bruxelles...

Mais dans le mêem temps, il ne faut pas oublier que si la Flandre est riche, plus que la Wallonie, c'est aussi parce qu'une grande partie de sa richesse vient de Bruxelles et des flamands qui ont un emploi à Bruxelles. Sans Bruxelles, la Flandre perd énormément!!

Sans compter qu'à mon sens, jamais les pays européens ne laisseront entrer dans l'UE une Flandre qui aurait forcer la main de son indépendance: ils ont trop à perdre avec les catalans, écossais, nordistes, corses,...

Mais la question est de savoir ce que veulent les flamands, parce que malgré tout, ça reste flou et très contradictoire...

Même si les priorités bruxelloises sont différentes des priorités wallones, je doute que les wallons soient prêts à tout accepter: on a dit que le PS wallons voulait tellement le pouvoir (enfin un premier ministre francophone depuis.... très longtemps) qu'ils auraient tout accepter pour gouverner. Heureusement, ce n'est pas le cas, la preuve avec Di Rupo qui a jeté l'éponge.

Bref, ce que j'en pense, c'est que la situation n'est pas prête à se décanter, loin de là!!

5. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par Midship

Il n'empêche : si les wallons veulent se séparer du reste de la Belgique (avec ou sans Bruxelles), le rattachisme (mouvement pour le rattachement de la wallonie à la France) est loin d'être dominant. Beaucoup de wallons n'ont pas envie d'un rattachement à la France, comme l'Autriche n'a pas envie de se rattacher à l'Allemagne, ou comme l'Irlande au Royaume Uni.
Et de fait, la Wallonie a tout pour devenir un pays. Avec 3,5 millions d'habitants, elle deviendrait un petit pays, certes, mais bien plus grand que de nombreux États d'Europe (dont bon nombre touchent la France, d'ailleurs, mais aussi les pays de l'est comme la Lettonie). La Wallonie dispose d'institutions politiques propre à fonctionner indépendamment sans délais. Plus important encore, elle dispose d'une unité de culture, d'un projet commun, bref : d'une nation.

Si la Wallonie devenait indépendante, la France et elle auraient tout intérêt à engager des partenariats très poussés dans de nombreux domaines. Mais il est encore prématuré de penser à fusionner les deux pays, surtout que la culture française en la matière est extrêmement rigide. Pour être acceptée, la France ne devrait avoir aucune concession à faire sur les principes, y compris dans les détails, et la Wallonie ne serait qu'assimilée.

Mais en même temps, la France, se disant unie, une et indivisible, est la reine des régimes d'exception. Les Dom-Tom sont une bizarrerie constitutionnelle, l'Alsace et la Moselle continuent de subir / profiter d'un droit différent (concordat), la Guyane abrite des réserves naturelles humaines et 30% de chômage, et Mayotte, avec son immigration, sa pauvreté et ses tribunaux islamiques deviendra l'année prochaine un département français. Tout est donc possible !

6. Le lundi 13 septembre 2010, 12:23 par

Pour les germanophones, il faut quand même distinguer la Région de langue allemande (cantons d'Eupen et de St-Vith), qui en accueille environ les 2/3, de ceux qui sont éparpillés ailleurs, notamment dans le reste de l'aire germanique de la Wallonie (Arlon, Bocholz, Aubel). Sans oublier le corridor francophone (mais avec facilités linguistiques pour les germanophones) de Malmédy et Waimes (communes malmédiennes) entre les 2 cantons cités ci-dessus, qui "coupe" le lien entre Eupen et le Luxembourg.

Alors en cas de scission belge : indépendance, rattachement au Luxembourg (celui-ci irait-il jusqu'à réclamer également la restitution de la Province de Luxembourg :-)), à l'Allemagne, "solidarité" avec la Région wallone (après tout la région de langue allemande se trouve sur son territoire)?

Voilà ce qu'en a dit leur ministre-président cet été (http://www.rtlinfo.be/info/belgique...) : "Mais ils voulaient savoir ce qu’allait devenir la Communauté germanophone en cas de scission. J’ai alors dit que dans ce cas hypothétique, il fallait avoir plusieurs alternatives et ne pas être contraints à une seule solution. Que ce sera à la population de choisir par voie de référendum. J’ai dit que le spectre sera assez large. Ca allait d’une attitude où on suit le sort de la Région wallonne jusqu’à l’autre extrême où on devient un Etat indépendant comme le Liechtenstein, Saint-Marin ou Andorre. Et qu’entre les deux il y avait tout un spectre d’associations avec d’autres Etats comme le Grand-Duché du Luxembourg ou un retour à l’Allemagne".

Un avis éclairé serait le bienvenu...

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