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Mangas entre orient et occident

Me femme me faisait remarquer l'importance des mangas : effectivement, Kempf junior en collectionne une rafale, alors que j'ai toujours considéré que c'était des dessins japonais avec des héros un peu stupides et des gros yeux.

Mais si on va plus loin, on s'aperçoit que c'est le seul produit culturel oriental adopté sans réticence par l'Occident. Au fond, c'est un facteur d'unification "occidentale" en admettant que l'Occident réunissent les pays industrialisés et développés. ce serait la seule vérification d'une unification culturelle de la triade.

Bon, je sais, j'oublie un peu vite Kurosawa et Oshima.

Toutefois, le succès relativement récent des mangas est aussi dû, au-delà de la mondialisation, à un rapport différent à l'image. Les mangas (le peu que j'en ai vu) me semblent avoir moins de textes que les BD européennes, plus écrites et donc littéraires. En un certain sens, leur graphisme épuré (artistique, pour les meilleures, la question n'est pas celle du niveau) correspondrait mieux à une génération de l'image : plus celle d'ailleurs de l'ordinateur que de la télé....

Bref, moins une question "occidentale" que le signe de la disparition de ceelui ci

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par

Bonjour,

Les mangas peuvent parfois (rarement serait un terme plus exact) être employés à escient par les occidentaux. J'en veux pour preuve cet exemple célébrant en l'expliquant les 50 ans de l'amitié américano-nippone. Même s'il y aurait bien à dire sur cette fameuse amitié qui coûta son poste en grande partie à Hatoyama...
http://www.usfj.mil/manga/

Cordialement

2. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par behachev

Il est intéressant que dans le cadre d'un sujet géopolitique, vous abordiez la question du succès des manga en Europe.

D'abord laissez moi rester sceptique lorsque vous parler d'une adoption « sans résistance ». En effet la volée de boucliers déployée durant la décennie 1990, tout comme les termes utilisés pour votre introduction encore m'incite à penser qu'au contraire leur diffusion à déplu, fait peur ou au moins été victime d'un délit de méconnaissance. La percée du manga n'a été possible que par la démocratisation d'Internet qui à alors permis de court-circuiter les canaux de diffusion établis, et mettre les promoteurs culturels devant un état de fait.

Un autre point soulevé, celui du manga comme avatar d'une culture « occidentale », il me semble que le manga s'inscrit plus dans une « culture planétaire », où chacun choisit ce que chacune des cultures propose de mieux/d'original/à la mode. On y retrouve autant le manga que le cinéma hollywoodien, la gastronomie française ou Harry Potter.

A mon sens, la demande initiale du publique française (une généralisation au publique européen et américains n'était pas forcement juste) en manga et due à une lacune de la production culturelle autochtone durant la décennie 1990 :
En effet la jeune génération des années 70-80 ayant grandit avec le nouveau média qu'était alors la télévision se retrouve dans les années 90 sans production culturelle adaptée.

La production autochtone (française) d'envergure a disparu après la privatisation des chaînes de télévisions et se cantonne au programmes pédagogiques et pour tout petits.
La bande dessinée elle reste cloitrée dans un modèle « art et luxe » peu adaptée à la surproduction culturelle qui s'amorce alors (concurrence de la TV, puis des jeux vidéo et ensuite de l'Internet).
Le cinéma aussi en refusant un premier temps d'utiliser les recettes du succès hollywoodien, passe aussi un dans un creux. Et Disney, principal pourvoyeur de dessins animés rassemblent la famille, accumule les déceptions durant cette décennie 90.

Les chaines de télévisions, sont aller chercher les programmes jeunesse au Japon après les privatisation car ils sont de bien meilleur marché que faire des productions locales (fragmentation du marché en Europe avec aucun acteur transnational).
Or La production des dessins animés japonais à une caractéristique, c'est qu'elle produit des feuilletons hebdomadaire qui tendent à inciter (gestion du suspence, qualité du fils rouge de l'histoire) à poursuivre. Ajouter avec l'arrêt l'inquisitorial pour raison de « protection de la jeunesse » de leur diffusion sans proposer de remplacement digne de ce nom, font que dès qu'Internet en a donné la possibilité, le publique pas encore sevré saute sur l'occasion.

Le succes du manga-livre enchaine alors de par la rapidité des éditeurs de BD franco-belges locaux à les importer. D'autant que la traduction d'œuvres déjà existantes permet de combler une des grosse faiblesse de la BD : le délais de parution entre deux albums.

Enfin après l'évolution factuel. J'aimerais aborder la raison de la bonne réception du contenu de ces oeuvres et surtout de leur redemande.
Au delà des caractéristiques graphiques très cinématographique qui correspondent en plein avec la génération de l'image à la quelle vous faites justement allusion, les thèmes traités et les idées contenues sont beaucoup plus en phase avec le jeune publique.
A la différence de la « production américaine grand publique », elle est ni messianique (vis à vis de la Constition), ni bêtement politiquement correcte, ni manichéenne. Au contraire, le « méchant » est plus souvent un rival, qui pousse le héros à se positionner sur des choix et à les argumenter (Faire le bien, c'est jolie mais pour quelle raison ?) Ainsi les personnages sont globalement assez bien construits et les « méchants » sont souvent en soit intéressants. Il n'y a que rarement de méchant naturel.
En outre le ton donné aux œuvres sont généralement optimiste, tourné vers l'avenir à la différence de l'atmosphère globale française tournée vers le passé, misérabiliste et incapable de finir de tourner la page.
Du même ordre, l'incapacité à la société française à imaginer l'avenir et à penser les sciences et technologies : maintiens de la science fiction et de l'anticipation c'est sous-genre littéraire de gare, place faite à la robotique et au nouvelles technologies dans le discourt publique (cf l'archaïsme et inexistence du du discourt des politiques français sur ces question)

Enfin pour finir en recadrant plus sur le sujet géopolitique/géoculture plus européenne :
pour l'anecdote il peur être intéressant d'observer la place prise (ou non) par l'idée/construction européenne à travers la BD et éventuellement comment elle transparait ou non à l'autre bout de la planète à travers le manga.

A travers la BD franco-belge :
Jusque dans les années 90, quand cette idée apparait elle reste idéalisée/expérimentale/de dernier recours. Alors que depuis très logiquement elles transparait beaucoup plus intégrée que ce soit par une coopération réaliste, voire même la création « d'agences » européenne supranationale fictives là ou dans la production des années 80, le héros travaillais pour la CIA. En soit la BD suis donc le mouvement d'une population qui à intériorisé ce fait.

A travers les manga :
Jusqu'à une date très récente, très logiquement l'Europe n'existe pas. Seuls existent dans la « géopolitque des manga » que le japon, la Chine, les Etats-Unis, la Russie/URSS. Les européens n'apparaissant que soit par l'héritage de l'histoire soit par stéréotype pour personnages secondaires (rocker anglais, latin-lover, savant allemand, aristocrate français..., scandinave protecteur des droit de l'homme).
Par contre depuis quelques années il est intéressant de noter l'apparition d'un fait européen. Un « truc » souvent collégial, morcelable, au contour flou, porteur d'humanisme. Mais qui n'efface pas ses constituantes. Par contre quand les choses sont un peu approfondit, les japonais on tendance à simplifier vers le fédéral (assimilation d'Europol à un FBI).
J'y vois là plus la transcription vue de très loin d'une simple constatation de l'environnement planétaire actuel du Japon actuel, sans aucun sous-entendu.
Néanmoins ce retour tranche très nettement du retour par « hollywood » à travers laquelle l'Europe n'existe tout simplement pas.

Je m'excuse pour avoir développé beaucoup plus longuement que je n'escomptais initialement, mais ce thème du succès des manga est à mon sens révélateur de caractéristiques socio-culturelles beaucoup plus profondes qu'un simple effet de mode. Et peut servir d'illustration à la géopolitique perçue par les masses qui n'est pas forcement totalement identique à celle des connaisseurs.

égéa :merci pour cette longue contribution : il y a là matrice à un article "géopolitique des mangas" : contactez moi si ça vous dit, à paraitre en revue ou en billet.

3. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par

Là encore attention à ce qu'on appelle "Orient". Après tout la principale religion occidentale" en vient.

Si l'on s'en tient au Japon et à la diffusion culturelle en Occident, difficile de ne pas parler de la japanime (certes proche du manga), des arts martiaux (le judo, dont les championnats du monde se déroulent en ce moment à Tokyo, a l'un des plus grands nombres de licenciés en France par exemple), des consoles de jeu vidéo, de certains éléments gastronomiques et effectivement du cinéma (cf. Kitano et ses multiples récompenses à Cannes) !

Sur le manga, il convient enfin de souligner le pont qu'il forme aussi entre le Japon, la Chine et la Corée du Sud, ce qui n'est pas rien.

égéa : J'ai fait exprès de parler d'orient, et non d'Asie, ce qui a surpris ma femme. Mais il y a trop souvent, de nos jours, l'assimilation de l'Asie à l'Asie orientale pour que je ne veuille pas fair ela différence; de même, l'Orient ne peut se résumer au proche ou au moyen orient....

Pour le judo, mille excuses, j'avais oublié (ainsi que les films de kung fu,...). Jeux vidéos : construction technologique, donc d'emblée occidentale, même si on peut y voir une déclinaison locale. Quant à la vogue des sushis, elle est très récente (dix ans) d'ailleurs contemporaine des mangas.

Japanisme : mon fils me parle du phénomène des cosplay, pratique dérivée consistant à se déguiser en héros de mangas, et qui touche aussi la jeunesse européenne : cf le festival du Japon mais avec également des déclinaisons provinciales...

Dernière question : le Japon n'est-il pas admissible que depuis qu'il est en déclin (éclatement de la bulle immobilière il y a vingt ans)?????

4. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par grade : moquette

1.Sur le manga comme produit global et son utilisation au profit du smart power japonais on ne peut que conseiller les ouvrages de Jean Marie Bouissou.
2.Votre remarque concernant les grands yeux des personnages de manga prête à sourire étant donné qu'Osamu Tezuka le père du manga moderne n'a jamais caché qu'il ne faisait que copier ceux de Walt Disney. Le style actuel n'est-il pas qu'un retour de boomerang artistique lancé par une précédente globalisation culturelle issue d'Hollywood ? Ainsi pourquoi l'occident y serait réticent ?
3.Vous avez surement raison de souligner la stupidité des personnages de manga. Vous en avez de toute évidence l'image qu'en a donné la télévision française (Club Dorothée notamment) en traduisant mal et censurant des séries violentes (Hokuto no Ken)ou osées (Cutey Honey)à une époque où l'on achetait pas une série comme produit culturel mais du temps de pellicule pour occuper les mioches. (D'où les légitimes débats de Mme Royal à l'époque).
4.Pourquoi illustrer votre article par la couverture d'un manhua (BD chinoise),si ce n'est le titre évocateur? Encore pour démonter Huntington n'est-ce pas ? Pourriez vous confirmer le raisonnement d'un l'universaliste Français : Japon = occident mais Chine = Japon donc le monde n'est pas si simple à cloisonner.
5.Le manga, seul produit nippon à "envahir" l'Occident sans réticence ? On a pourtant beaucoup parlé du développement des restaurants de sushi surtout aux Etats-Unis. Et en tant que Français, y a-t-il honnêtement quelque chose de plus culturel que la cuisine ?
6.Je viens de voir que vous abordez le thème du cosplay (costume playing, phénomène lui aussi apparu dans les conventions américaines. Décidément le Japon ne fait-il que dans l'innovation ou peut-il inventer ?

5. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par

Sur un Japon plus acceptable parce que en déclin (ou ralenti), je ne pense pas.

Behachev a raison, le manga est d'abord le fruit d'un manque pour la génération Capitaine Flam/Albator/Goldorak/Ken le Survivant (souvenez-vous, les noms des producteurs étaient francisés pour faire passer la pilule aux parents ...). Ce dernier étant notoirement censuré, les épisodes finissent par avoir des longueurs variables, ce qui finit par se faire s'interroger ceux qui suivaient la série et ont pris de l'âge. D'où un intérêt grandissant, en opposition aux parents qui eux sont alarmés par la violence de Ken mais aussi par l'aspect "niais" du dessin animé importé. Cet aspect (les grand yeux sont hérités de W. Disney) est en plus reforcé par le travail baclé des adaptateurs/doubleurs (Ken encore, mais aussi Nicky Larson alias City Hunter).

Ces frustrations, avec la volonté de se démarquer, et avec l'ouverture vers la culture japonaise que constitue les arts martiaux et au premier rang desquelq le judo, voilà à mon sens comment la France est devenu le second marché mondial du manga.

6. Le samedi 11 septembre 2010, 23:02 par

Vous avez cité des cinéastes japonais. Et il y a les écrivains aussi. Le cas de Mishima est intéressant : écrivain qui vivait à l'occidentale, lisait Thomas Mann, avait un style "européen" (L'école de la chair a été adapté au cinéma) mais qui, dans le même temps, défendait les valeurs traditionnelles du Japon jusqu'à se suicider dans les traditions des samouraï.

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