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Victoire et chiffres

Le dernier DSI est excellent, il faut bien le dire. Parfois, certains numéros ne me passionnent pas trop, mais là, le père Joseph a produit qq chose de très bon. Je ne parle bien sûr pas de l'édito de Carl, qui m'a comme toujours fait hurler de rire : on voit que Joseph est belge, amateur de pommes de terre frites et donc porté sur la patate....

Non, ce sont surtout deux articles qui m'ont fait réfléchir : ceux de Benoist Bihan (la plume et le sabre) et de Florent de Saint-Victor (Mars attaque). Deux alliés d'AGS, ceci explique peut-être cela (savez vous qu'AGS est la meilleur plateforme de stratégie francophone? oui, vous le savez, mais sait-on jamais...).

Que dit Benoist ?

1/ Que la notion de victoire appartient au passé, qu'elle a été inventée sous le nom de victoire décisive par les Allemands au XIX°, mais que cela ne correspond pas vraiment à ce qu'on observe dans l'histoire, et pas du tout à ce qu'on observe aujourd'hui. (bon, après, je ne suis pas d'accord avec ses aperçus sur l'opératif par rapport au stratégique, mais c'est une autre histoire, ça nous a pris un peu de temps l'autre jour, on y reviendra peut-être).

2/ ça me rappelle ce que je disais l'autre jour sur un média quelconque, et qui a bien sûr été mal interprété par des esprits chafouins (que dis-je : malveillants) qui n'ont pas tout écouté : parler de victoire ou de défaite sur les théâtres modernes est illusoire, car je ne sais pas ce que c'est que gagner ou perdre une guerre irrégulière. Il serait d'ailleurs opportun que tout un tas de commentateurs réfléchissent un peu à ces questions.

3/ Cela nous amène alors à l'article de Florent : aujourd'hui, tout est bataille de chiffres. Il évoque bien sûr Mc Namara et les origines de la recherche opérationnelle au cours de la 2GM, puis le prisme des chiffres (au VietNam mais aussi en Afghanistan) : puisque la réalité est difficile à appréhender, modélisons la, cela permettra au moins de dominer ce terrain.

4/ Je précise immédiatement que malgré les apparences, une telle approche "technocratique" (une autre forme de technologisation de la guerre, c'est probablement ce qui a intéressé le rédac chef) n'est pas dénuée de sens : avez-vous remarqué comme les OPLAN modernes ressemblent à des business plans ? on fait la guerre comme de l'économie. Ce n'est pas l'économie qui imite la guerre, comme on le dit trop souvent, c'est la guerre qui imite l'économie.

5/ Dès lors, les chiffres de la bataille constitue une bataille de chiffres. La victoire "objective" y est improbable. Peu importe, en fait. Gagne celui qui dit qu'il a gagné, et qui en convainc l'autre. On y reviendra au sujet d'un autre cas qui est en train de bouillir (billet à venir). Mais cela renvoie au débat sur la bataille de Qadesh....

Bref; pas de victoire constatée, mais une victoire affirmée; pas de défaite "concédée", mais une défaite "admise". Au fond, derrière les mots, derrière les langues (et les chiffres sont langage), on comprend que la guerre est affrontement de volontés. Perd celui qui dit qu'il a perdu. C'est pourquoi le défaitisme occidental est bien plus dangereux que les opérations talibanes.

Nous avons le temps pour nous ! car à la fin, nous gagnerons.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par

Merci pour la citation et bravo pour la mise en perspective. Si le chiffrage est un élément de discours pour le façonnage de la victoire, il ne peut être élevé au rang de fondement stratégique. Rester un outil, non un but. Là est pour moi la dérive observée.

2. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par

Je pense que parmi nos petits jeunes d'AGS figurent de futurs grands noms du débat stratégique francophone :-)

Par ailleurs les indicateurs ça peut être très vicieux. Souvent ça part d'un bon sentiment, quand il faut rendre concrète la bonne application d'une stratégie donnée : pourquoi ne pas définir des objectifs chiffrés pour les personnes en charge de cette application ? Le problème qui surgit est double : une focalisation exclusive sur les valeurs de ces indicateurs au détriment de tout le reste, et la perte du lien entre l'objectif stratégique et la signification de l'indicateur (déjà que ce lien est parfois très mince...)

3. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par Christophe Richard

Bonsoir,
Vous mettez le doigt une fois de plus sur LA question, le temps...

Jacques Frémeaux dans son étude comparée des deux "guerres d'Algérie", que sont la conquête de 1830-1870 et les "évènements" de 1954-1962 (désolé pour le double anachronisme du terme guerre d'Algérie), propose une analyse trés intéressante des facteurs qui font que dans les deux cas le temps choisit son camp...
J'en retire trés schématiquement les idées suivantes:

Le temps stratégique favorable : TENIR (Plus la victoire est tardive, plus elle est totale…)
- Situation internationale neutre ou favorable au sens de la guerre
- Effet de la guerre sur l’outil militaire (endurcissement et pas usure)
- Résonnance du débat sur l’opinion publique nationale… (poids de la guerre ressenti/enjeux/légitimité)
Lors de la conquête de l’Algérie le gouvernement doit surtout s’efforcer de rester crédible en ne multipliant pas les bulletins de victoire. Des solutions se dégagent de manière empirique par les échecs et les atermoiements… L’expérience finit par permettre l’adaptation, et le "droit de conquête" reste suffisament légitime pour justifier le conflit... D'autant que ce droit se double d'une présence de plus en plus importante des colons, et donc d'intérets globaux.

Le temps stratégique défavorable : GAGNER (la guerre confondue dans le mythe de la bataille décisive…)
- Position internationale à restaurer (l'ère du temps est à la décolonisation...)
- Refaire l’armée (une "vraie" guerre nous attend en Europe)
- Empêcher la guerre civile (L'opinion se divise entre radicalisation et lassitude)
Le général de Gaulle ne veut pas que l’on s’installe dans la guerre. Le plan Challe doit matérialiser cette victoire qui pourra entraîner sinon un succès, au moins une solution politique. Le divorce entre une partie de l’armée et le pouvoir politique a rompu cette dynamique, en affaiblissant la position française lors de la négociation.
Cela entraîne un enchaînement mortel, le temps passant et les succès remportés radicalisent l’ennemi qui mène une guerre totale, alors que la France ne peut le suivre dans cette voie et s’épuise…

Bref, la question du temps et des perceptions est effectivement première, car si à long terme une chose est sûre, nous serons tous morts, avant cela certains auront eu le temps de faire de grande choses... Mais le temps choisit son camp.

Pour finir sur les mesures d'efficacités et autres indicateurs qui font que les plans d'opérations militaires modernes tendent comme vous le soulignez à ressembler à des buiseness plans, ils sont pris dans une tension entre leur vocation première, qui est d'éclairer le chef de guerre sur la marche de son opération, et la tentation tyranique de les utiliser comme "preuves" de succès vis à vis de la bulle politico-médiatique, puisque le succès a désormais remplacé la victoire pour un certain temps... Sans compter les difficultés qu'ont certaines capacités à en produire de satisfaisants (Influence...)

Bien cordialement

égéa : je partage tout à fait votre analyse. Je crois que là est le ressort de la guerre irrégulière actuelle, plus que dans les adaptations tactiques à l'ennemi (même si ces adaptations sont nécessaires, et comme vous le soulignez, s'améliorent au cours du temps). Mais l'objectif stratégique est effectivement celui-ci : tenir. Courage, on les aura !

4. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par yves cadiou

Victoire : des chiffres et des lettres. Surtout des lettres. Il est convenu de dire que l’Afghanistan est une « guerre asymétrique ». Le mot asymétrique pour une guerre est une tentative de traduire l’ambiguïté politique d’une guerre dont l’un des deux belligérants au moins n’a pas une idée claire du but vers lequel il tend.
Dans cette guerre d’Afghanistan dite « asymétrique », deux éléments essentiels manquent pour que l’on puisse un jour futur parler de victoire ou de défaite. Premièrement il faut définir quel est le résultat à obtenir : lorsque le résultat sera atteint, on pourra considérer que c’est une victoire. Mais sans but défini, on est sûr de ne pas y arriver. Deuxièmement il faut que la question se pose en ces termes binaires de victoire ou de défaite : dans le cas de la guerre afghane, la non-victoire ne sera pas nécessairement une défaite. Les stratégistes s’interrogent sur la notion de victoire parce qu’ils peinent à traduire dans leur langage la langue de bois des politiques.

Comme je l’ai déjà écrit au début de ce mois ici-même et sur le forum de La Saint-Cyrienne, on peut organiser un referendum en Afghanistan pour demander aux Afghans ce qu’ils pensent de notre présence militaire. Puis l’on se conforme au résultat : nous partons ou nous restons selon la volonté exprimée par les Afghans au suffrage universel direct et non selon l’intérêt d’un Karzaï infréquentable. Partir ou rester selon le résultat d’un referendum, c’est dans les deux cas une victoire de la Démocratie.

Voilà donc une définition de la victoire qui participe à la réflexion « sur un changement global de paradigme » (Jean-Pierre Gambotti).

Pour nos gars qui sont sur le terrain (on ne les oublie pas, Florent de Saint Victor), la réponse est donnée par cet excellent reportage video de France24 « ce Sergent-chef ne se demande pas si la guerre est gagnable : il la fait » http://www.france24.com/fr/20091126...

Enfin méfions-nous des formules raccourcies : il n’y a pas « défaitisme occidental », cher Olivier Kempf. Je ne reviens pas sur cet « occidental » que je préfère traduire par « otanien » (auquel s’ajoute un contingent d’Australie, pays dont on a déjà évoqué la position particulière). Il ne peut pas y avoir de défaitisme dans une guerre où l’on est incapable de définir ce que serait une défaite. Cependant on peut définir une victoire de la Démocratie comme je l’ai dit plus haut.

5. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par

Merci Olivier pour la pub et tout le reste... Mais Carl, ce n'est pas moi, inutile donc de chercher à donner de mauvaises idées à la DPSD ;o) Carl est anonyme(s ?) afin de préserver sa liberté de ton. On ne sait s'il est ou non dans les forces, Français, Belge, Allemand ou Singapourien. Bref, Carl est partout et nulle part ;o)

Et puis surtout, le DSI dépend de ses auteurs. Mille merci donc de leur rendre par ton billet la gloire qui leur est légitimement due ;o)

égéa : arrête, on va croire qu'il y a une connivence entre égéa et DSI : pour rassurer les lecteurs, il n'y a qu'une sympathie réciproque entre les deux tenanciers de ces belles maisons. Et quand je parle de tenance, je peux vous assurer qu'elle est dignement arrosée ... à la bière (d'abbaye).

6. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par Jean-Pierre Gambotti

Simple commentaire des commentaires !

Je ne voudrais pas jouer le docteur en science stratégique ou apparaitre comme « le sage qui montre la lune » du proverbe chinois, mais je souhaiterais revenir sur quelques principes érodés jusqu’au contresens par un trop grand usage.
D’abord je pense que c’est la notion de « bataille décisive » qui est pertinente en stratégie et non, à condition qu’elle existe, la notion de « victoire décisive ». Et si j’étais orwellien, en faisant dans la novlangue, je supprimerais même « bataille » pour garder « décisive » ou plutôt « décision ». Car à la guerre, régulière, irrégulière, symétrique, dissymétrique ou asymétrique,…, l’acte cardinal c’est bien d’emporter la décision. Fût-ce sans un coup de canon, et je citerai Sun-Tsu qui pousse la notion de bataille décisive concrète jusqu’ à sa négation : « Le plus habile consiste à vaincre sans combat ». C'est-à-dire emporter la décision par la seule force de l’esprit, par la réflexion. Ainsi dans la conception contemporaine des opérations la notion de bataille décisive doit-elle être comprise comme l’action à mener pour gagner le duel clausewitzien, quelle que soit sa nature, physique ou psychologique, attritionnelle ou d’influence.
Ensuite, dans la même démarche un peu pédagogique, je dirai que je sais ce que « c’est que de gagner ou de perdre une guerre irrégulière !» : c’est d’atteindre ou ne pas atteindre l’état final recherché. Et par voie de conséquence et de récurrence, les objectifs politiques et militaires stratégiques et opératifs, les centres de gravité, les points décisifs etc.… Notre terrible méprise quand on traite de la guerre en Afghanistan tellement atypique, c’est d’oublier que les principes de la guerre s’appliquent à elle, parce que ce sont les principes universels de la conflictualité, parce que plus largement ce sont des lois de la praxis. Et si l’on s’interroge avec autant de maladresse sur la défaite ou la victoire, c’est parce que cette interrogation ne concerne pas le stratège mais le politique. Personnellement, malgré l’intérêt que je porte à ce conflit, je n’ai jamais pu en cerner ni l’EFR, ni bien entendu la stratégie de la coalition. A mon sens l’absence de vrai débat ne peut que rendre cette guerre suspecte, inutile et illégitime aux opinions publiques.
Sur l’utilisation de la recherche opérationnelle à la guerre, je dirai que la RO a été créée par le soldat pour le soldat, elle s’est naturellement imposée dans la planification et la conception, parce qu’elle est consubstantielle au raisonnement des opérations. En permanence en stratégie on recherche l’optimisation des moyens en fonction de l’objectif et ce qui ressemble à un business plan n’est en fait qu’un plan d’opérations d’une grande finesse dans le cadre spatio-temporel de la manœuvre envisagée. Mais je ne nierai pas l’emprise du soft power anglo-saxon dans cette hyper-planification. Ce sur quoi il ne faut pas céder à mon avis, c’est sur le « comment ? ». La seule prise en compte du rapport de forces qui conduit à la manœuvre du point culminant ne doit pas nous faire abandonner le concept d’effet majeur, cette manœuvre à la française efficace et pertinente dans la confrontation de deux centres de gravité. Je prends d’ailleurs le risque d’avancer que ce pourrait être l’un des rares concepts napoléoniens que Clausewitz n’a pas pris en considération dans son œuvre. On perçoit aujourd’hui toute son utilité dans ces guerres complexes.
Enfin même si la victoire peut être aussi le résultat d’une campagne déclaratoire bien conduite, et je pense toujours que Qadesh en est un exemple fossile, on ne pourra pas jamais changer une déroute en succès. Même dans les guerres asymétriques le faible a un EFR, ne pas le nommer peut constituer une adresse politique circonstancielle pour une sortie de théâtre honorable, mais le subterfuge prendra vite l’eau. N’oublions pas que le web ce n’est l’épigraphie du Ramesseum, il peut être mortel pour les manipulateurs…

Cordialement.
Jean-Pierre Gambotti

7. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par Cyrille

Bonjour

A propos de victoire, nous avons eu cette semaine la démonstration qu'en effet, la victoire, quand elle n'est pas militaire (une armée écrasant l'autre, comme au bon vieux temps...) ne peut pas être décisive tant que l'Autre ne l'a pas acceptée. Je veux parler de la bataille des communiqués après les manifestations d'hier. Chaque "camp" revendique la victoire, aucun ne concède de défaite, et l'on se donne rendez vous pour une prochaine bataille (2 autres dans le cas qui nous occupe).
Du coup, j'en viens à me demander si la question de la victoire, décisive ou non, n'est pas liée au "niveau" où l'on se place : les armées peuvent remporter des victoires puisque c'est leur but premier, la politique a plus de mal, spécialement dans le cas des démocraties dont le but n'est pas l'élimination de l'Autre, fut-il l'Ennemi. Ou plus précisément, les démocraties ont besoin d'une cause suprême pour engager la lutte à mort, et bien souvent, dans ces cas là, le régime politique n'est plus vraiment démocratique (cf la mise en sommeil du parlement français durant la première guerre mondiale). D'autres régimes politiques ont moins de préventions, ou de contraintes, ne serait-ce que de temps : pas de réélection à préparer pour un monarque par exemple, qui peut donc "prendre le temps" nécessaire pour aboutir à la victoire (acceptée par l'Autre) sans avoir la pression de l'opinion publique (moins prégnante en tout cas).

égéa : oui, guerre des communiqués, guerre des comptages.... C'est évident pour ces manifestations : le chiffre fait la victoire !

8. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par Christophe Richard

Et oui, ces conflits sont vus comme du "maintien de l'ordre" international, où on prétend "convaincre"... L'ennemi étant issu du corps social que nous prétendons remettre sur "le droit chemin", il ne saurait être traité avec trop de légèreté, et doit faire l'objet d'une analyse minutieuse afin de discriminer l'adversaire circonstanciel qu'il convient de dissuader, décourager et finallement rallier, de l'ennemi proprement dit, irrécupérable mais avec lequel il n'est pas non plus possible de négocier politiquement, en tous cas de manière ouverte.
Pourtant dans les faits, il me semble que nous soyons appelé à plus de mesure, comme en témoigne les solutions politiques qui finissent par être proposées à ces conflits (Moqtada Al Sadr rejoint le jeu politique en Irak, et les Sunnites se retournent contre les Djihadistes... Les islamistes algériens se réconcilient avec les pontes du régime contre l'amnistie... Des appels du pied sont adressés aux Taliban...)
Cela pose la question du bouc émissaire, nécessaire pour séparer hostis d'inimicus.
Cela pose aussi la question de la tension qui pèse sur "l'Assessment" de ces conflits, entre éclairage du chef sur l'évolution de sa campagne, et autojustification politique du succès de l'entreprise stratégique. Finalement, n'essaye-t-on pas plus que l'ennemi de nous convaincre nous-même de la pertinence de notre récit stratégique.
Bien cordialement

égéa : intéressant, ce rôle de bouc émissaire qui permet de différencier hostis et innimicus : serait-ce la réconciliation de Girard et de Schmitt ? cela mériterait d'être approfondi.

9. Le mercredi 15 septembre 2010, 12:30 par yves cadiou

L’exemple donné par Cyrille est intéressant à deux titres :

D’abord il faut remarquer l’abus du mot « victoire » dans les communiqués politico-médiatiques, et d’une façon permanente l’abus des mots qui sont galvaudés par une utilisation impressionniste : « guerilla urbaine » pour « émeutes », « catastrophe » pour « accident », etc.

Cette mauvaise habitude conduit trop souvent les décideurs à mal évaluer les situations, à sur-dimensionner les réactions dans les crises bénignes et à sous-dimensionner les réactions dans les crises graves.

.
Deuxième remarque : en réalité il n’y a pas de victoire parce que ces manifs ne changent rien à l’équilibre des pouvoirs en France. L’on sait que, de toute façon, les gens qui défilaient hier ne voteront pas, et n’auraient en aucun cas voté, pour le pouvoir actuel la prochaine fois qu’ils en auront l’occasion (je ne mentionne pas la date parce que des élections anticipées sont toujours possibles). Ce sont à peu près les mêmes qui manifestaient le 4 septembre dernier.

Le 4 septembre, les quelques uns avec lesquels j’ai bavardé quand la rue fut enfin libre (ils repliaient leurs calicots en attendant sagement le tramway) n’avaient pas conscience que c’était l’anniversaire de la Troisième République, le régime le plus meurtrier de l’Histoire de France. A Nantes où j’habite, ils ont eu involontairement l’irrespect de faire ça sur le « Cours des Cinquante Otages », victimes de la faillite de cette même Troisième République.

Le 4 septembre comme cette semaine, les manifestants déclarent en fait, et sans en être conscients pour la plupart, « nous voterons sans trop réfléchir selon les consignes qui seront données par ceux qui nous ont rassemblés ». Rien de nouveau, aucune modification de l'équilibre des pouvoirs, aucune victoire.

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