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Sécurité européenne

Ainsi, la Grande Bretagne a décidé de réduire son budget de défense d'environ 8 % (voir ici). Nicolas Gros Verheyde conclut son billet ainsi : "Cette révision stratégique pourrait entraîner un bouleversement de l’ordonnancement européen qui, s’il perdure, pourrait changer la donne stratégique sur le continent. A la faveur de cette réduction budgétaire, la France pourrait, en effet, dépasser le Royaume-Uni et devenir ainsi l’Etat membre de l’UE qui consacre le plus de moyens à la Défense, que ce soit en termes de pourcentage du PIB ou de montant net, ou de militaires sous les armes." (on lira aussi cet article)

Changer la donne stratégique en Europe ? incontestablement, il s'y passe des choses, qui dépassent de loin le seul cas britannique.

Il y a tout d'abord tous les point connus :

  • Bien sûr, tout le monde focalise sur le sommet de l'Otan (le concept, la réforme de structure, le débat sur la DAMB et le retour de la question nucléaire).
  • Bien sûr, chacun note déclin général des États-Unis comme de l'Europe, perceptible notamment dans l'ordre économique (on lira d'ailleurs l'édito de Martin Wolf dans le Monde éco de lundi, où il explique que si le monde souhaite que les États-Unis entrent en déflation, ceux-ci au contraire veulent nourrir une certaine inflation pour éviter le syndrome japonais).
  • Bien sûr, il faut remarquer la tendance au repliement national, (guerre des monnaies, ou radicalisations politiques des opinons publiques sur des boucs émissaires : Roms, Musulmans, minorités nationales) et le moindre esprit de coopération internationale, tout bonnement inquiétant : on se croirait en 1931 ou 32, non?
  • Bien sûr, il y a les réductions générales des dépenses de défense (UK donc, mais aussi Allemagne), la généralisation du syndrome du passage clandestin (et heureusement qu'il y a les Américains pour continuer de payer).

Bref, beaucoup de signes assez défavorables.

Toutefois, ils marquent également un changement de grammaire, que l'on observe par ailleurs :

  • les négociations Franco UK, certes bilatérales, certes soumise à caution : nous attendons bien sûr le sommet du 2 novembre pour voir ce qu'il en sortira réellement, mais la décision (par un gouvernement conservateur) du désarmement anglais, et notamment des deux grands symboles que sont la Navy et la RAF montrent bien à quelle extrémité en sont rendus les Anglais : si on désarme l'Ark Royal, on peut même envisager de s'allier avec les Français.... Bref, autant j'étais un peu sceptique il y a encore deux semaines, autant la radicalité en cours laisse entrevoir, peut-être, des possibilités de débouché.
  • le sommet tripartite franco germano russe de Deauville démontre, pour ceux qui ne l'auraient pas observé, le rééquilibrage intra européen à l'œuvre depuis maintenant quelques années, et signalé dans ce blog depuis qu'il existe : comme si la Russie était dorénavant le seul commun dénominateur à l'axe franco-allemand...
  • Cela peut vous paraître anecdotique et négligeable, mais le prochain sommet de l'OSCE à Astana, en décembre, sera le premier depuis onze ans....
  • enfin, alors que le scepticisme européen est partagé par les opinions communes, il faut noter que le SEAE se met tranquillement en place, et que Mme Ashton a l'air de mieux connaître ses dossiers (c'est au moins Mme Clinton qui le dit) : autrement dit, la PSDC prévue par Lisbonne s'installe, tandis qu'Atalante continue d'exister.

Bref, tout n'est pas aussi sombre qu'il y paraît et dans le brouillard actuel, le flot d'informations contradictoires doit être trié. Il donne clairement l'impression d'une certaine accélération, comme si les événements se coagulaient à la suite des stimuli précédents (la crise économique). La seule question qui demeure : ces stimuli vont-ils cesser, ou bien nous dirigeons-nous vers une fragmentation économique encore plus abrupte ?

Réf :

  • lire le billet récent de J.-S. Mongrenier sur la notion d'occident

O. Kempf

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 19 octobre 2010, 22:32 par VonMeisten

Serions-nous au seuil d'une rupture ? Les crises se superposent, s'emboitent, se croisent, s'alimentent. Passionnant (et un peu inquiétant parfois).

2. Le mardi 19 octobre 2010, 22:32 par Nono

La question que je me pose: comment ces décisions politiques au plus haut niveaux vont-elles être appliquées par les échelons inférieurs? Car pour l'instant, malgré le long historique depuis la rencontre de St-Malo il y a une dizaine année en matière de volonté politique de coopération franco-britannique, je n'ai pas l'impression que dans la réalité beaucoup de choses aient avancées.

Alors, problème du politique pour imposer ses choix ou sorte de double langage (toujours possible avec la perfide Albion) ? On a parlé de coopération dans le domaine nucléaire, personnellement, j'en doute, vu que la dissuasion britannique est plus que liée à la dissuasion américaine, et j'ai peine à voir une autonomie de décision britannique dans ce domaine...

égéa : mais SAint Malo a eu de vraies suites : les sommets de Cologne puis d'Hlesinki, la transformation de la PESC en PESD au traité de Nice intégré dans Lisbonne, puis les headline goals et les GT1500. Bref, pas mal de choses quand même.

Quand au FRUK, la GB n'est pas aussi anti-européenne qu'on le dit souvent (d'ailleurs, Atalante a son OHQ à Londres....). Il reste que là, c'est une nouvelle étape qui s'annocne : on en verra les fruits, visiblements plus bilatéraux qu'européens.

3. Le mardi 19 octobre 2010, 22:32 par

Admettons.
Ceci signifie-t-il qu'il y aurait un ménage à trois au coeur de la construction européenne, entre le couple franco-allemand sur les aspects économiques (attention à ne pas se couper les pieds avec la vaisselle cassée qui jonche le sol) et un couple franco-britannique sur la défense ?

égéa: ben... c'est ce que ça suggère, bien sûr : tu ne crois tout de même pas que le bilatéral est une solution de long terme, dis ?

4. Le mardi 19 octobre 2010, 22:32 par Nono

Mouais, permettez moi de disconvenir! On en reste au niveau politique, sans "redescente" plus bas. La relation FR-UK reste au même niveau que l'UE ou l'OTAN, sans approfondissement comme la France peut l'avoir avec l'Allemagne (Eurocorps avec la Brigade Franco-Allemande) ou la Belgique (Ecoles de pilotage communes pour les spécialisations chasse et transport). C'est pour ça que je dis que ça reste des mots politiques sans applications concrètes.

égéa : mais heureusement que vous disconvenez : c'est bien comme ça qu'il y a un débat, non? Pour le FRUK, je ne cache pas ma prudence ; et c'est vrai, également,  il y a eu beaucoup de fait du côté franco-allemand : mais est-ce parjure que de constater qu'il y a une sorte de désenchantement actuel ? bref, il y a aujourd'hui une tendance qu'il faut constater : peut-être n'est-ce qu'un feu de paille, peut-être est-ce plus profond....

5. Le mardi 19 octobre 2010, 22:32 par Nono

Effectivement, il y a un désenchantement actuel. Plus généralement, j'ai l'impression d'un désenchantement envers l'Europe et la "vie commune" en général. Ne vient-on pas de voir un secrétaire d'état aux affaires européennes déclarer publiquement que la France était "la gardienne des traités", au contraire de la Commission, alors que le traité de Lisbonne et le TCUE défendus par cette même personne il y a quelques années, de même que les traités précédents, précisent bien expressément que c'est la Commission qui a ce rôle. Et ça n'est le cas que depuis 1957. Depuis l'origine en fait, et c'était la volonté expresse des fondateurs.

Et malheureusement, cet exemple n'est que symptomatique, il n'est même pas un épiphénomène: on n'accepte plus de vivre en commun, de prendre en compte le fait que nous ne sommes pas seuls (et pas au sens Mulder&Sculy du terme!! :-) ). Si encore ça procédait d'une politique affichée et claire (comme les néerlandophone en Belgique), ça pourrait se comprendre. Même pas... On est dans le domaine de la politique à ultra-courte vue...

égéa : oui, il y a du court-termisme. Mais du coup, il laisse des grandes tendances se dégager, ce qui est d'autant plus intéressant.

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