Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Les partenariats après Lisbonne

Je profite de ce que j'ai un peu de calme en ce moment pour continuer mon analyse du sommet de Lisbonne.

AFGHANISTAN/

Ce soir, la question des partenariats, telle qu'elle est évoquée dans la déclaration finale.

1/ D'emblée, il faut remarquer que les partenariats ont été présentés comme une quasi innovation, à tout le moins comme le volet politique de l'approche globale. Or, le partenariat pour la paix (PPP) date de 1994, tout comme le dialogue méditerranéen (DM) ; l'initiative de coopération d'Istanbul (ICI) date de 2004. N'y a-t-il donc rien à en dire ? ne serait-ce qu'une opération de communication ?

2/ Les partenariats servent à tout : sécurité et stabilité de la zone euro-atlantique "et internationale au sens large" ; valeurs commune ; succès des opérations ; soutien des réformes ; préparation à l'adhésion ; réponse aux défis transnationaux émergents (tiens : il n'y a pas que les pays qui sont émergents !). L'article 24 définit, en quelques lignes, toutes les fonctions des partenariats, ces instruments qui servent à l'Alliance à coopérer avec ceux qui ne sont pas alliés mais amis.

3/ L'article 25 précise que l'AA continuera "de respecter la spécificité des partenariats multilatéraux" : Cela signifie que chacun est bien séparé, et qu'un même mot désigne des cadres fort différents et qui ne veulent pas fusionner : PPP, DM, ICI et "relations de l'OTAN avec d'autres partenaires" font l'objet de mentions particulières. Ainsi, derrière l'unicité du mot, on constate une diversité large de relations.

4/ C'est bien cette difficulté sous-jacente qui motive l'article 26 : "les mécanismes de partenariat ... gagneraient à faire l'objet d'un effort de réforme ciblé", avec "une orientation plus stratégique". Il faut dès lors "rationaliser les outils de partenariat", "mieux interagir avec nos partenaires dans le monde qui apportent une contribution importante à notre sécurité", mieux utiliser "les mécanismes OTAN de formation" : D'ici avril, le Conseil doit élaborer une "politique de partenariat plus efficace et plus souple".

5/ Cela signifie tout simplement que le dispositif actuel n'est ni efficace, ni souple. Il date en effet d'une période où l'on cherchait à stabiliser les confins de l'Alliance à l'issue de l'écroulement de l'URSS (PPP & DM), ou à traduire le "grand Moyen Orient" en développant des relations avec les pays du Golfe (ICI). L'Alliance n'a plus ces besoins là aujourd'hui. En revanche, elle veut trouver des mécanismes plus précis pour les pays qui ne sont pas du voisinage de la zone, mais qui apportent des contributions concrètes aux opérations de l'OTAN. IL s'agit de ce qu'on appelle couramment les pays de contact (Australie, NZ, Corée du sud, Japon, voire Chili ou Argentine). Pour autant, il ne s'agit pas de passer à une alliance globale (la question a été tranchée il y a deux sommets). Mais le pragmatisme (l'utilitarisme) de l'alliance pousse à tenir compte de la réalité, et des besoins actuels.

6/ C'est l'objet de l'article 28 qui charge le conseil de renforcer "les habitudes de coopération établies dans le cadre de la KFOR et de la FIAS". Il faudra suivre attentivement les décisions qui seront prises; car on peut voir là l'amorce de procédures semi-automatiques ou d'échanges d'information, voire de consultations lors des grandes décisions ayant des conséquences d'interopérabilité. Ce ne serait d'ailleurs pas anormal que ceux qui contribuent concrètement aux activités de l'Alliance soient consultés sur les décisions alliées. Il y aurait là un partenariat opérationnel, plus efficace et plus utile que les partenariats existants à vocation plus politique, même si certains partenaires contribuent activement aux opérations.

7/ Cela a bien sûr une signification géopolitique, plus douce que les constructions théoriques des néo-cons d'il y a cinq ans. Et cela confirme que la transformation réelle de l'OTAN passe par les opérations, et tout particulièrement celle en Afghanistan.

O. Kempf

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/871

Fil des commentaires de ce billet