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Pensée stratégique et liberté d’action

Un interlocuteur, qui prépare une école de guerre, m'envoie ce devoir sur "Pensée stratégique et liberté d'action". ça tombe bien, un autre correspondant me demande des devoirs CID. Avant de lire le corrigé, vous pouvez vous essayer à écrire un plan détaillé.

Qu'en pensez-vous ? L'aiderez-vous, par vos commentaires, à s'améliorer ?

O. Kempf

Pensée stratégique et liberté d’action.

La guerre a connu à travers les âges, et selon les circonstances, différentes formes qui ont été conceptualisées et théorisées par les grands stratèges. Grace à l’invention d’armes de guerre de plus en plus élaborées et perfectionnées, de nombreux chefs guerriers ont su puiser dans la richesse de l’anthologie stratégique pour mener leurs Hommes vers la victoire, ultime objectif des confrontations armées. Déclarée pour divers motifs, la guerre a petit à petit dessiné le Monde contemporain, jusqu’à aboutir à l’équilibre de la dissuasion nucléaire avec l’avènement de l’arme atomique. Seulement, à l’issue de la bipolarité, ayant entrainée la disparition d’un ennemi classique, et l’apparition d’une insurrection particulièrement coriace et irréductible, les décideurs au sein des armées occidentales, quoique disposant d’un armement nec plus ultra, sont surpris par leurs échecs dans la guerre asymétrique des temps modernes. La technologie, trop mise en avant, devient l’unique instrument de la stratégie de guerre, sans réduire pour autant les champs d’incertitudes, dus au brouillard et à la friction lors des opérations. Enfanté par la Révolution dans les Affaires Militaires et impliquant plus d’économie des forces et nettement moins de concentration des efforts, force est de constater que le tout technologique ne garantit pas toujours l’obligatoire liberté d’action.

De ces trois principes, toujours aussi valides, c’est justement le dernier qui est le plus important dans l’art de la guerre. Aussi est-il légitime de se demander dans quelle mesure la pensée stratégique pourrait encore l’assurer dans un environnement incertain. La pensée stratégique à l’aune des guerres irrégulières, devrait favoriser une certaine liberté d’action par l’élaboration de modèles dynamiques visant à rétablir un semblant de symétrie des conflits afin de replacer la guerre dans son contexte normatif et en renforçant l'harmonie et la communion du couple politico-militaire au moyen d'une sorte de synchrostratégie afin de concrétiser les objectifs politiques.

Pour argumenter cette approche, il serait possible d’imaginer des études prospectives à propos d’une nouvelle modélisation de la guerre au niveau stratégique, ses implications sur l’art opératif et son impact sur le champ de bataille.

  • *

Une réactualisation de la réalité de la guerre, une définition d’objectifs réalistes et une recherche permanente de sortie de crise honorable constituent le noyau dur de la future démarche stratégique.

En effet, il est primordial de rappeler aux objecteurs de conscience que la guerre demeure toujours l’une des activités naturelles de l’Homme. Il est communément admis aujourd’hui que la majorité du public, en particulier dans les sociétés occidentales, renie la notion de guerre en raison des conflits meurtriers du siècle passé. Or, depuis les temps les plus reculés, cela va de soi que dès qu’il y a recours à la violence sur un théâtre, il y a la guerre. Ce ne sont pas les images choquantes et les critiques véhiculées par les médias sur les guerres et leur déroulement qui fuiront cette réalité. Affrontement des volontés pour Beaufre, caméléon selon Clausewitz, elle peut prendre des formes moins familières comme l’insurrection - longue et coûteuse en vies et en matériels - qui nécessite de solides motifs et griefs pour gagner l’adhésion populaire.

De plus, il faut songer à éviter que la guerre irrégulière finisse par exister d’elle-même sans commune mesure avec la finalité politique. La manifestation de telles guerres dans la durée en raison de l’incapacité à neutraliser ou détruire l’adversaire, leurs répercussions sur le taux d’attrition en raison de la montée des effectifs engagés au sol ainsi que leur impact budgétaire en raison des équipements coûteux mis en oeuvre comportent le risque de plonger ces guerres dans une spirale impossible à maîtriser. Une intervention ne peut aboutir que si des objectifs réalistes et clairement identifiés sont désignés pour concourir rapidement, dans des délais respectables et dans un climat de confiance, à la pacification et à la reconstruction d’une contrée au lieu d’imposer une situation ne répondant pas aux attentes et espérances des locaux et de l’opinion publique.

Enfin, la mise à profit d’avantages acquis sur le terrain devrait permettre une sortie de crise louable sans perdant ni gagnant. Les efforts à entreprendre passent par le confinement de l'insurrection dans des poches de terrain pour symétriser le conflit. Il faut donc chercher une rapide capacité d’influence sur la population, berceau où se terrent les insurgés selon Mao, non pas en procédant à son évacuation, mais en gagnant son coeur. La rupture des liens qui unissent civils et rebelles peut être réalisée par l’aménagement de routes carrossables contrôlées qui permettront tout naturellement aux non-combattants de converger vers les agglomérations sécurisées. En appréciant le retour à la quiétude de la vie paisible, cette population prendrait aussitôt le relais en réduisant elle-même les fauteurs de trouble tout en créant une issue favorable au retrait des forces.

Ainsi, une bonne vision stratégique devrait prendre en considération la justification d’un engagement irrégulier, la cohérence de ses objectifs et son heureuse issue. Cela n’a de sens que si sa prévision opérationnelle est menée avec perspicacité.

  • *

Le principal défi futur de la planification opérationnelle réside dans un profil de commandement versatile, dans l’adéquation entre fin et moyens et dans la parfaite perception de l’environnement du théâtre des opérations.

En effet, il y a lieu d’instaurer un commandement opérationnel polyvalent capable d’établir des directives en toutes circonstances. Dans un environnement de plus en plus multinational et face à un adversaire subversif, furtif et souvent disséminé, les centres de commandement, bien qu’ils soient censés établir à l'avance des planifications, devraient donc évoluer pour être en mesure de réagir à une perturbation soudaine des opérations en cours. Il s’agirait de mettre en place, dans et autour de ces plateformes, des réservoirs de réflexion politico-militaires dotés de hautes facultés cognitives. Ceci, pour tenter de réduire les délais incompressibles dans les décisions avant, pendant et après la gestion de la crise, tout en s’opposant aux actions de diversion pouvant directement interférer avec la désignation des objectifs prioritaires sur le théâtre.

Par ailleurs, le monde politique, devrait s’atteler à porter un jugement équilibré sur les limites des outils militaires et diplomatiques. Il est utile que dans les hautes sphères, les acteurs de la vie politique, économique et sociale d’une Nation aient une connaissance pointue de ce que représentent le déploiement et l'emploi d’une force. En imprégnant les grands décideurs d’une culture militaire et opérationnelle, il serait possible de susciter la confrontation des idées afin d’éviter les débâcles, genre Irak et Afghanistan, car la décision d’utiliser la force est vitale, comme l’a déjà dit le vénérable Sun Tzu. Dès lors, l’unanimité autour d’un objectif clair et accessible fera en sorte que les grammaires diplomatiques et militaires puissent se relayer à travers une synchrostratégie menant sans ambages au succès pour satisfaire le but politique déclaré.

Enfin, le chef militaire en charge d’un théâtre d’opérations devrait posséder le coup d’oeil clausewitzien pour maîtriser l’environnement de la crise. Il s’agit de l’aptitude à apprécier les circonstances pour décider avec justesse, c'est-à-dire la capacité qui émane du vécu, du savoir et de la culture. De Gaulle disait : "Il faut former des cerveaux et des caractères". De ce côté, après le tout technologique, le métier de militaire devrait connaitre un élargissement au niveau des hommes. La lecture de l’Histoire, en particulier militaire, et la méditation des traités des bons stratèges donneront à un JFC indécis la possibilité de reconsidérer l’ensemble des facteurs environnementaux soumis à l’expertise des spécialistes de son état-major afin de dégager, consciencieusement, la proposition la plus cohérente, celle qui colle avec la réalité de la guerre et son panorama.

Ainsi, au niveau de l’art opératif, la synergie mieux affirmée du monde politico-militaire et la richesse culturelle de planificateurs au caractère bien forgé constituent un gage de bonne conduite de la guerre. Cela aura nécessairement un impact tactique

  • *

Des innovations en matière de structures de forces et de matériels soutenues par une meilleure collecte de renseignements permettraient de combler les carences du tout technologique au profit d’une néo-tactique adaptée aux circonstances.

En effet, il est nécessaire de privilégier un modèle de forces modulaire répondant aux contraintes tactiques du moment. Cela est particulièrement le cas des forces terrestres car, pour tenir une position, il faut du volume. Depuis l’abandon de la structure divisionnaire en raison de la Transformation des armées, le retour à l’empreinte durable au sol se fait sentir face à l’insurrection. Il ne s’agit pas de souscrire à des concentrations de forces, cibles privilégiées des coups de main de l’ennemi, mais de combiner la manoeuvre au moyen d’unités mobiles à vocation défensive ou offensive afin de maitriser, dans le temps et dans l’espace, le terrain. Ce dernier sera alors quadrillé de proche en proche sur tous les compartiments et cette innovation tactique permettra de contrer progressivement l’imbrication à grande échelle tant recherchée par l’adversaire.

De plus, la combinaison de matériel High Tech et de matériel rustique répondrait mieux aux effets majeurs sur les objectifs. Il n’est pas question de mettre en oeuvre uniquement des armes et des équipements onéreux et nécessitant une formation pointue, mais de remettre en ligne des véhicules, chenillés ou non, et des armes ayant fait leurs preuves dans la guerre symétrique. Ces legacy systems, encore disponibles en grande quantité et dans de courts délais, devraient donc être remis en ligne au profit d'une infanterie légère à la suite de légères adaptations pour s'accommoder de l'armement moderne. Combinés à une utilisation sélective de la technologie, comme les drones tactiques pour compenser le manque d’effectifs, ces matériels renforceront la manoeuvre par le tir direct en mouvement et l'exploitation rapide de l’offensive dans la profondeur.

En dernier lieu, le retour au renseignement humain demeure une gageure face à la grande quantité de renseignement électronique. Si le volume des informations numériques augmente rapidement avec la technologie, il augmente également l’incertitude car leur exploitation requiert un raisonnement hors pair face à un ennemi ne se dévoilant que peu sur le terrain. Comment distinguer un insurgé d’un brave berger si ce n’est qu’en faisant appel au renseignement classique. Pour Sun Tzu, la réputation des espions, n'est plus à faire. Un drone tactique, même équipé des systèmes optroniques et acoustiques les plus évolués, ne peut percer les mystères. Les éléments des forces spéciales déployés le long des lignes d’opérations et les autochtones ralliés puis infiltrés constituent la meilleure alternative pour combler les carences en renseignement.

Ainsi, une tactique originale reconfigurant judicieusement les forces de surface, faisant appel à des matériels adéquats et s’appuyant davantage sur les procédés HUMINT permettrait de garantir une liberté d’action sur le terrain.

  • *

En définitive, malgré la supériorité technologique mise oeuvre par les armées modernes, la liberté d’action est mise à mal en raison du brouillard et la friction qui caractérisent les guerres asymétriques en particulier. Afin de contourner cet handicap, les penseurs et décideurs devraient orienter leur vision vers une stratégie conciliant les buts politiques et les moyens en remettant la guerre au gout du jour, en formulant des objectifs rationnels favorisant une issue décisive, en mettant en oeuvre une synchrostratégie politico-militaire lors de la conduite des opérations et en combinant judicieusement les Technologies de guerre avec la tactique classique.

Le règlement des crises insurrectionnelles ne devrait pas pour autant détourner l’attention des penseurs du risque latent que représente la prolifération. Les réflexions des stratèges ne pourront peut-être pas ménager la chèvre et le chou.

signé : le mitron

Commentaires

1. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par

Bonjour Monsieur Kempf,
Concernant « pensée stratégique et liberté d’action » je souhaite donner mon avis à votre interlocuteur si ça peut s’avérer utile, mais avec toutes les précautions possibles : c’est seulement mon avis de rédacteur amateur, je ne sais pas ce qu’en penserait un examinateur du CID.

Le sujet apparaît d’abord comme difficile parce qu’on voit mal, à première lecture, ce qu’il signifie. Et même à la Nième lecture. Je me le demande encore au moment où j’écris ceci. Je vois que les stagiaires de l’école de guerre sont, encore de nos jours, sélectionnés sur leur capacité à bien répondre à une mauvaise question. Peut-être pour leur permettre de montrer leur aptitude à percer le brouillard de la guerre.

Mauvaise question ici parce que pas claire. La première chose à faire est de transformer la mauvaise question en question claire : le fameux « de quoi s’agit-il ? » de Foch.

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N’ayant pas compris, pour ma part, de quoi il s’agit, je commencerais par reformuler le sujet en quelques mots, tel que je le comprends. Certes ceci comporte le risque de faire un contresens, mais au moins l’on sait de quoi l’on va parler. De plus, je commence volontiers par une affirmation courte, lapidaire, qui situe d’autant mieux le sujet qu'elle n'est pas amphigourique. Commencer par une phrase courte, c’est un effet de style qui retient l’attention du lecteur en lui faisant espérer que l’exposé sera limpide. Une courte phrase au début, suivie d’une phrase plus longue qui reprend la première. Voyez par exemple comment Charles de Gaulle débute La France et son armée : « la France fut faite à coup d’épée. Nos ancêtres entrèrent dans l’histoire avec le glaive de Brennus ». Albert Camus débute ainsi L’étranger, annonçant le décalage du personnage : « aujourd’hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas, le télégramme ne précise pas ». Ici je commencerais de cette façon : « la liberté d’action est la clé du succès. De ce fait elle est la préoccupation constante du stratège ». En rédigeant ce « de quoi s’agit-il ? » je viens de comprendre un peu le sujet. C’est l’un des intérêts de cette méthode : en clarifiant pour l’examinateur, on clarifie d’abord pour le rédacteur.

J’ajoute pour votre préparant qu’un devoir s’annonce mal s’il commence par des formules lourdes, vagues et générales qui semblent faire remonter la question à l’ère tertiaire ou au Paléolithique : « de tout temps », « depuis toujours », « à travers les âges ». Si le rédacteur tient à donner dès le début une profondeur historique à sa réflexion, une valeur éternelle, alors le procédé consiste à citer d’emblée une bataille historique, ancienne de préférence, sur l’analyse de laquelle tout le monde est d’accord (et tant pis, on reporte plus loin la courte phrase du début) : « Jeanne d’Arc entre dans la Guerre de Cent ans en apportant à son roi une pensée stratégique dont il était dépourvu. De ce fait les armées françaises trouvent une cohérence à leur action. En conséquence la bataille de Patay, qui voit la destruction définitive des archers gallois assaillis par surprise, rend aux Français une liberté d’action qui permet de sacrer le roi à Reims. Aujourd’hui comme hier, la liberté d’action est la clé du succès. C’est pourquoi elle occupe constamment la pensée du stratège ».

Ensuite vient l’annonce du plan, mais je vais m’en dispenser ici, n’étant plus assez « dans le coup » pour traiter ce sujet selon les critères du CID. Je ferais peut-être un plan en deux parties : 1 / conserver sa propre liberté d’action (obtenir du Politique qu’il indique le résultat à obtenir sans accepter qu’il interfère dans la manœuvre ; disposer de moyens suffisants en logistique, mobilité, effectifs en nombre et en qualité) ; 2 / priver l’ennemi de sa liberté d’action (asphyxie, dispersion : exemple historique des barrages aux frontières algériennes et du plan Challe).

Une dernière observation : alors que le sujet se prête à des exemples puisés dans l’histoire (ce que suggère d’ailleurs l’introduction par « à travers les âges »), le devoir proposé me semble un peu trop fixé sur l’actualité, la mode, les nouveaux théorèmes de la pensée stratégique (c’est-à-dire ceux qu’il est justement intéressant de préciser et le cas échéant de contester) : asymétrie, armées occidentales, déclaration de guerre, RAM, guerres irrégulières, « débâcles genre Irak et Afghanistan »… L’usage de ces expressions mal définies fait qu’au bout d’un moment le lecteur a oublié de quoi l’on parle. J’admets volontiers que le problème peut venir de moi, d’un défaut de concentration, mais je crois qu’il ne faut pas attendre des noteurs (beaucoup de copies à lire dans un temps limité) une concentration spécialement forte sur chaque copie.

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Mon commentaire n’est pas exactement ce que vous attendiez, cher Olivier Kempf, car c’est celui d’un simple rédacteur et non d’un examinateur qualifié. Toutefois j’espère qu’il aidera votre interlocuteur.

égéa : mais si, c'est pârticulièrement pertinent. Je soucris à tout, et vous pardonne même votre plan en deux parties !

2. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par vincent

Bonjour,
Je n'ai malheureusement pas le temps de trop m'étendre et surtout de réfléchir à ce sujet mais je fournirai qq commentaires basé sur mon expérience (récente...) de reçu à ce concours difficile.

1 Sur la forme
Maitrise parfaite de la méthode telle que la revue d'études la préconise et telle que les correcteurs du CID le souhaitent:
- introduction parfaite et bien ordonnée avec un tout petit bémol, essayez de mieux faire ressortir l'idée maitresse en jouant sur la structure de votre 2ème paragraphe (se souvenir que le correcteur passe 2' par copie!). Concernant l'accroche, je trouve qu'elle est bien et en tout cas sans risque (souvent les citations sont mal annoncées et paraissent lourdes...on me l'a reproché lors de la préparation, j'ai donc fait comme vous le grand jour)
- l'emploi du conditionnel dans l'intro est discutable et risqué: croyez-vous réellement à ce que vous dites?
- les parties sont claires (le 3*3 qu'il faut faire même si il n'a pas les faveurs de M. Kempf), avec une idée directrice déclinée en 3 sous-idées avec chacune un connecteur logique au début: tout bon!
- transitions: TB
- conclusion: très bonne synthèse et reformulation de l'IM dans la 1ère partie. Je suis un peu déçu par votre "chèvre et chou" dans l'ouverture qui à mon sens cadre mal avec le reste de votre copie où le vocabulaire est de qualité. Par ailleurs, l'idée de prolifération qui est bonne, tombe un peu brutalement...peut-être faudrait-il la rapprocher du sujet: stratégie de contre-prolif ou la prolif limite la liberté d'action sans pour autant remettre en cause vos propos.

- question: avez vous fait ce devoir en 4h? si ce n'est pas le cas, c'est une priorité dans votre préparation et si vous dépassezle temps, visez un 3*2 moins ambitieux qu'un 3*3 non terminé.

2 sur le fond
A titre personnel j'aime beaucoup mais je me demande si celà passera avec un correcteur professeur de français.
Mes propos sont donc très subjectifs mais je pense néanmoins que vous êtes trop axé sur la guerre et l'aspect purement militaire. En effet la stratégie et celà comprend les 3 grands principes s'applique aussi en dehors du temps de guerre. Là je sors mon armée d'origine (la Marine) où pour nous la liberté d'action s'applique dans des missions qui ne se produisent pas en temps de guerre (cf Corbett, les blocus...lisez le dernier coutau-bégarie sur le "meilleur ambassadeur") et aujourd'hui dans le cadre de l'action de l'état en mer.
Par ailleurs, je rejoins Yves Cadiou, il s'agit d'une composition de culture générale et pas de culture militaire moderne. Je suis persuadé que vous ne manquez pas de culture...vu les auteurs que vous citez.
Un exemple, l'art opératif n'a que 50 ans et encore si on y met les offensives russes de 45. Pourquoi ne pas en parler, c'est plus intéressant que le PIA qui traite du commandemement opératif et que les strucures divisionnaires (avis très subjectif de marin...). LE sujet ne précisait pas "aujourd'hui".
Votre 3ème partie est très intéressante mais difficilement abordable pour un non-initié: mettez vous à la place du correcteur qui ne lit pas les RETEX d'afghanistan ou alors illustrez plus (exemples de conflits avec des lieux et des dates).

3 Bilan
Je ne pense pas vous avoir beaucoup aidé et puis vous ne semblez pas en avoir besoin. C'est à mon sens en tout point un excellent devoir mais qui présente peut-être un risque: ne pas intéresser un non-militaire. Pensez à vous mettre vous à la place des correcteurs qui ne sont pas rédacteurs au CDEF...attention!

Bon courage en attendant...vous n'imaginez comme c'est bon quand c'est fini (pour votre famille surtout).

égéa : mais vous avez vocation à être membre du jury, vous.... Je garde votre nom, au cas où! Et pour un marin, citer la phrase tradi de l'armée de terre (en ch... c'est bon, surtout quand ça s'arrête) est une belle preuve d'esprit interarmées ! Pour le reste, je suis d'accord. Mais vous êtes tous intoxiqués par la RV, c'est dingue.

3. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par JY

Je me lance à mon tour, comme Vincent j’ai réussi il y à peu, donc à défaut d’être pertinents, mes modestes commentaires auront au moins le mérite d’être récents.

Sur la forme, je reconnais dans votre plan la marque d’un certain officier général dont j’ai pu également suivre les conseils avisés. Oui, une réponse en trois points affirmatifs du style « Oui, parce que, parce que et encore parce que.. »fonctionne très bien contrairement à ce que vous ferons croire certains et la RV en particulier. Attention, vous devez neanmoins montrer (ce que vous ne faites pas d’ailleurs dans ce devoir) que vous avez bien pris en compte des points de vue différents du vôtre dans chaque partie, mais vous n’êtes pas oblige de les amener selon le sacro-saint plan en « Certes, néanmoins, mais surtout » qui rassure toujours les candidats et tres souvent les correcteurs de passage.
Sur le fond, pourquoi réduire la pensée stratégique à la seule guerre ou à la seule technologie ? Cette réduction ne revient-elle pas a confondre la fin et les moyens ? De plus, votre introduction est un peu indigeste et se focalise sur la seule actualité. Nota : encore un sujet un peu bancal de la RV alors que ces dernières années, en réalité de puis la réforme du concours, on trouve toujours des sujets sous forme de citation et une question claire : Qu’en pensez-vous ? Bref, qui peut le plus, peut le plus comme on dit souvent, donc il faut trouver une question. « Dans quelle mesure la pensée stratégique et la liberté d’action sont-elles liées ? » me semble déjà un bon départ.

« La pensée stratégique et la liberté d’action sont consubstantielles PARCE QU’ elles permettent, en se complétant, d’apporter au chef des éléments qui lui permettent de savoir, de prévoir et de pouvoir » pourrait être une réponse.

Un plan en "Stratégique-Opératif-Tactique", pourquoi pas mais également « Savoir, Vouloir, Pouvoir » pourrait fonctionner egalement. En passant, des notions sur d’autres pensées stratégiques permettrait de montrer votre « ouverture d’esprit » (et de « caser » le livre de nos deux colonels chinois dont une fiche de lecture doit bien trainer sur le Net).

L’une et l‘autre sont consubstantielles, sans liberté d’action pas de pensée stratégique et inversement. La pensée stratégique (une définition de la fin, de la voie et des moyens) ne dépend pas de la seule liberté d’action, il faut aussi une vision politique par exemple, mais si celle-ci est contrainte (crise économique, règles d’engagement, etc.) la vision stratégique risque d’en pâtir. Inversement, si la vision est faible (manque de volonté, de moyens attribués,..) la liberté est bien réduite.

Bon, ceci est sûrement un peu confus et ne vous offre qu’une aide limitée. Je vous souhaite bon courage, vous êtes sur la bonne voie.

4. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par Le mitron

Merci pour tous vos conseils.

En effet, le sujet est difficile à aborder.

Il s'agissait pour moi de jouer à l'apprenti visionnaire dans le contexte de l'utilisation de la technologie dans les crises actuelles.

L'utilisation de la formule "A travers les âges" devait servir à montrer que la guerre n'est pas une nouveauté mais que la pensée stratégique l'est toujours car elle doit évoluer pour s'adapter continuellement aux moyens militaires et aux buts politiques.

Ceci dit, j'ai essayé de raisonner en termes purement militaires et en m'appuyant sur l'actualité car c'est l'insurrection qui a toujours donné du fil à retordre aux grands stratèges.

A notre époque, l'issue des guerres inter-étatiques est "visible", en témoigne l'intervention russe en Géorgie, car c'est celui qui détient la meilleure technologie qui l'emporte.

Ce n'est pas le cas dans les guerres de guérilla, du faible au fort , où il est souvent difficile de résoudre une telle équation paramétrique pour remporter la décision.

Les Américains sont en train de répéter l'erreur du Vietnam, bien qu'ils se soient amèrement rendus compte, à l'époque, que la technologie ne paye pas toujours devant la détermination d'un peuple.

Néanmoins, la tâche d'huile du Colonel Roger Trinquier reste toujours valable, mais l'environnement géostratégique et géopolitique a tellement changé de nos jours qu'il limite de plus en plus la liberté d'action dans une démarche visant à contrer les insurrections.

Je ne sais pas si la petite science que je me suis attelé à transcrire constitue une véritable assise pour la pensée stratégique future, mais cela reste un exercice où il faut synthétiser ses réflexions au sein d'un canevas, quitte à sembler parler de tout et de rien.

En tout cas, je vous remercie pour vos commentaires et, de bonne guerre, je prends en considération vos critiques car elles me serviront aussi bien dans ma vie professionnelle que privée.

Le débat reste cependant ouvert.

Si l'on demande à des préparants de cogiter sur la pensée stratégieque et la liberté d'action, c'est que vraiment la pensée est en panne.

Qui sait ?

Peut-être que d'une copie lumineuse surgira un nouveau Foch, Beaufre, Gallois, ou Aron, j'en oublie certainement.

Respectueusement vôtre.

5. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par

La réponse de « le mitron » (quel pseudo perplexigène ! Vous êtes dans le pétrin ?) est l’occasion de dissiper peut-être quelques malentendus.

Les lecteurs compétents pourront me contredire utilement : les concours d’écoles de guerre ne sont pas destinés à faire avancer le Schmuilblick de la pensée stratégique, ils sont faits pour écarter les candidats qui ne sauraient pas concilier agilité d’esprit et cohérence (bien répondre à une mauvaise question, je l’ai dit dans mon précédent commentaire), qui manqueraient de culture générale ou dont la culture générale serait trop récente pour être bien assimilée. Un sujet dont je me souviens, il y a environ dix ans, correspondait parfaitement à la finalité du concours : « quelles furent les caractéristiques du XX° siècle ? »

Sachez qu’après votre temps de commandement de capitaine, vous changez de métier. Reportez-vous au récent article intitulé « commander : du militaire au civil » de cet excellent egeablog : http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Vous étiez capitaine, vous commandiez. Promu commandant, ironie du grade, vous ne commandez plus : vous gérez. Ou vous « managez » si le mot « gérer » vous semble trop prosaïque.

Le concours de l’école de guerre n’est pas une continuité dans votre carrière, c’est une rupture. Beaucoup d’officiers à ce moment de leur carrière préfèrent passer des concours civils pour aller gérer dans le civil : lorsque l'âge et l'avancement obligatoires font disparaître les grandeurs du métier militaire, on se dit qu’il est peut-être temps de se dispenser aussi de ses servitudes et d’en dispenser surtout sa famille et ses enfants dont l’équilibre ne gagne rien à des changements de résidence à répétition.

Par ailleurs si vous voulez faire avancer la pensée stratégique, vous le ferez beaucoup mieux en étant civil, libre de vos propos, qu’en étant soumis à une obligation de réserve mal définie. Faire avancer la pensée stratégique consiste aussi à être libre de contredire les gens « culturellement extravagants eu égard à nos besoins en compétences stratégiques » dont parlait ici Jean-Pierre Gambotti et (c'est moi qui l'ajoute) que nous avons laissés, à tort, proliférer en considération d’un lien armée-nation prétendument menacé http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Dans ma promo, ceux qui ont quitté après le temps de capitaine n’ont pas été les plus malheureux ni les moins bien considérés. L’un de ceux qui sont restés sous l’uniforme est devenu CEMAT, ce qui lui a donné le droit d’être publiquement insulté par le Président de la République soi-même sans que personne, dans le microcosme politico-médiatique, ne s’en offusque.

Compte tenu de tout ce qui précède je vous souhaite de réussir l’école de guerre si c’est ce que vous voulez, mais je vous suggère surtout de préparer et passer d’autres concours qui vous laisseront le choix de votre orientation professionnelle.

6. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par Jean-Pierre Gambotti

La Revue verte s’est fixé une mission stratégique : apprendre aux officiers d’état-major à rédiger. Mais, oserai-je dire, à « main cadencée », et pour ce faire, pour plagier la redoutable formule d’Einstein, « une moelle épinière » suffit ! Mais pas de méprise, cette « accroche », pour sacrifier à la sémantique RV, n’est pas pour moi péjorative. Le soldat ne doit faire ni dans la littérature, ni dans l’esthétique parnassienne, il rédige, il n’écrit pas, c’est un technicien de la prose, il émet une thèse, la raisonne, la défend, la propose. La méthode de rédaction qui déstabilise tant l’apprenti dans ses premières expériences de plume militaire, est un véritable, indispensable et obligatoire outil d’état-major, pas un instrument facultatif facilitant la simple mise en forme d’une idée envoyée dans l’ascenseur à l’information des chefs.
Nous sommes en quelque sorte dans une logique intellectuelle ambidromique, la technique qui a servi à construire le message est utilisée pour le comprendre. Le rédacteur comme le lecteur utilise impérativement la même grille simplissime, l’enjeu est trop important pour l’usage gratuit de fleurs de rhétorique, d’extravagances sémantiques ou de raisonnements amphigouriques.
Mais en l’occurrence nos impétrants brevetés ou néo-brevetés ont raison, ils sont les plus pertinents pour conseiller « le mitron », la redoutable rigidité des correcteurs formés sur le métier de l’école de guerre a peut être cédé à la modernité de la rédaction électronique, le pire quand on conseille son contemporain c’est d’être anachronique….
En revanche, ce sur quoi les plus chenus d’entre nous peuvent être de bon conseil à notre jeune camarade, c’est sur la nécessité d’une belle culture.
Qu’il lise, beaucoup, toujours, qu’il médite les bons auteurs, qu’il se méfie des formules, qu’il affine son sens critique, qu’il se confronte aux thèses les plus contradictoires, qu’il n’oublie pas que les idées et l’originalité de la pensée trouvent aussi matière dans les domaines les plus éloignés du métier militaire.
Mais in fine je me permettrai une remarque qui semble en opposition avec mon éloge de la méthode de rédaction de la Revue verte, c’est se souvenir que l’art de la rédaction ressortit à l’art de convaincre, et que ce faisant on ne peut pas faire l’impasse sur la dialectique. Toutes les idées que je pose aident à l’approche de la vérité, à condition de les avoir frottées à leur antithèse.
Pour ma part, la mort de Jacqueline de Romilly m’a amené à penser que si j’avais un concours à préparer, je commencerais par la lecture des premiers sophistes.
Très cordialement.
Jean-Pierre Gambotti
égéa : très bien mon ancien, un seul mot "précis" dans votre texte. Pour le reste, j'approuve tout. Simplifier et faire court est une obligation : on demande des fiches d'une page, voire d'une demi-page. ça force à foncer à l'essentiel. Un devoir doit donc aller d'essentiel en essentiel. Et il est plus facile de trouver Quatre ou six essentiels que neuf.... On a donc plus de chance d'être réellement convaincant.

7. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par Boris Friak

Il est quand même curieux de découvrir qu'une grande organisation sélectionne ses futurs dirigeants sur leur capacité à exprimer des idées divergentes et originales selon une méthode commune.

La convergence dont ont impérativment besoin les organisations de grande taille repose plutôt sur la capacité à aboutir à des conclusions proches en suivant des modes de raisonnement disparates.

Amicalement

BF

égéa : Boris, votre remarque  est excellente et m'ouvre de profondes perspectives.

8. Le dimanche 2 janvier 2011, 17:33 par Nino

Lauréat moi-même de ce concours cette année, je souhaite donner une orientation qui je l'espère aidera les candidats à se situer par rapport à l'épreuve.

Jean-Pierre Gambotti n'est absolument pas anachronique dans ses conseils de lecture ou de rédaction. Le concours sanctionne certes une capacité de travail, discrimine en effet les capacités de réflexion et de synthèse, il reconnaît surtout l'aptitude à prendre de la hauteur pour traiter des problèmes au bon niveau.

Rien de mieux pour cela que nos sophistes et autres philosophes politiques. Echappez-vous de la caverne platonicienne, ne vous enfermez pas dans des lectures militaro-centrées, car ce que l'on attend de vous in fine c'est que vous soyez des cadres de haut niveau de la NATION !

Alors traiter des sujets que l'on vous propose par le bout de la lorgnette militaire, aussi brillante soit votre démonstration, vous range d'emblée dans la catégorie des spécialistes, incapables de parler utilement au politique !

Vous avez des doutes ? Lisez le post d'EGEA sur le commandement et les transmissions, et comparez-vous à cet informaticien incapable d'expliquer à un interarmes le pourquoi du comment se fait-il donc que l'OPO n'est pas parti à temps vers les GTIA concernés!

Je tiens pour conclure à remercier EGEA, car j'ai pu mesurer toute la pertinence des plans 2*3 le jour de l'écrit, alors que je me battais âprement contre le temps.

Amicalement.

égéa : et voici donc un témoignage illustrant que la liberté paye : nino a choisi un deux parties le jour du khâl, et il l'a eu !

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