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Equation

Dans le discours des vœux du Président de la République, on note quelques phrases qui sont l’exposé chimiquement pur de la géopolitique française :

« La France n’est pas un pays comme les autres. La France est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. La France a un rôle sur la scène internationale. Cela exige une armée pleinement opérationnelle ».

Et un peu plus loin : « les armées sont dans la Nation et les armées sont le destin de la Nation ».

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 8 janvier 2011, 19:51 par JLuc Cotard

Une loi ou une tentative de persuasion du lecteur par le rédacteur? Ce serait intéressant de revisiter les discours du PR depuis son début de mandat en comparaison de l'évolution de ses attitudes et de ses réactions.

égéa : en fait, peu importe pour moi qui les prononce, je laisse ça aux politistes. Ce qui était intéressant, ici, c'était l'exposé très ramassé d'une posture qui dépasse justement cette personnalité politique, pour signifier quelque chose de plus permanent.

2. Le samedi 8 janvier 2011, 19:51 par

Avec ses formules « chimiquement pures », Olivier Kempf s’exposait à des réactions basiques et acides ( = sel + eau, comme chacun sait depuis la classe de seconde). La plupart des lecteurs d’egeablog ont d’abord répondu tacitement : « vu, sans commentaire ». Mais on peut y revenir utilement.

Parce que la classe politique française depuis quarante ans s’est défaussée de ses responsabilités de politique étrangère et de politique militaire en inventant un prétendu « domaine réservé du Président » (1970), les déclarations du locataire de l’Elysée sur le sujet ne sont pas totalement dénuées d’intérêt.

L’on a déjà évoqué sur ce blog l’escamotage coutumier des articles 20 et 21 de la Constitution et l’ambiguïté dangereuse qui découle de cette coutume http://www.egeablog.net/dotclear/in...

Le domaine dit « réservé » est communément mal connu par la classe politique française qui se dispense d’y prêter une attention suffisante.

L’interdiction faite statutairement aux militaires de fréquenter les partis politiques (pourquoi ?) ne conduit pas vers une meilleure qualification de la classe politique. Le Président étant issu de la classe politique, l’on peut aisément imaginer que la science du « Chef des Armées » est toute neuve et qu’il n’écrit pas lui-même ses discours géopolitiques ou de politique militaire.

Et bien sûr en quelques années de discours on peut, comme le note JLuc Cotard, relever nombre d’incohérences : c’est la marque d’une absence de ligne politique directrice. Mais cette absence n’est pas un motif suffisant pour que l’on passe complètement sous silence les propos publics du Monsieur dont il s’agit.

L’on doit espérer que l’ambiguïté institutionnelle qui malheureusement règne dans le domaine de notre politique étrangère et militaire sera levée avant qu’il soit trop tard.

Mais en attendant l’on aurait tort d’ignorer les déclarations récitées par ce personnage, quoi qu’on pense de lui. « La grande immoralité, c’est de faire un métier qu’on ne sait pas », c’est une autre formule chimiquement pure mais dont on connaît l’auteur.

égéa : cher Yves, vous y revenez souvent, et je ne suis pas d'accord avec vous sur la difficulté constitutionnelle, et notamment la difficulté des armées à obéir à tel ou tel. En effet, tout était défini dans l'ordonnance organique sur la défense : organique, donc conforme à la constitution. De plus, cette ordonnance a été beaucou modifiée à l'occasion de la dernière LPM qui en a réécrit tous les premiers articles : à voir dans le code de la défense, partie législative. Dès lors, les attributions des uns et des autres ne posent pas grand problème : voir notamment les décrets de juillet 2009 sur les reposnsabilités (MD, CEMA, SGA, DGA et CEMs).

3. Le samedi 8 janvier 2011, 19:51 par

Comme vous le dites, cher Olivier, je reviens souvent (au risque d’être lourd, je l’avoue) sur l’ambiguïté qui règne quant à la subordination politique de nos armées. C’est un problème qui sera grave en situation de crise et à cause duquel on n’aura pas besoin d’une surprise stratégique pour que la pagaille s’installe : soit parce que deux autorités divergentes voudront s’imposer, soit parce que deux politiciens joueront à la patate chaude pour s’exonérer de leurs responsabilités.

Un décret n’est pas suffisant pour organiser le partage des responsabilités parce qu’un décret n’est pas gravé dans le marbre : on le raie rapidement d’un trait de plume par un autre décret, sans débat. De plus le décret de 2009 que vous citez prolonge l’ambiguïté : « Art.R. 3121-1.-Sous l'autorité du Président de la République et du Gouvernement, et sous réserve des dispositions particulières relatives à la dissuasion, le chef d'état-major des armées, responsable de l'emploi des forces, assure le commandement des opérations militaires. » On note au passage que « la dissuasion » est traitée comme un moyen militaire et non pour ce qu’elle est : seulement un concept.

Mais plus grave, le texte dit « sous l'autorité du Président de la République et du Gouvernement » et on n’est pas plus avancé sur le partage des responsabilités et le cas échéant des culpabilités.

Notre défense a d’autant moins besoin d’incertitude juridique que le Droit est loin d’être le point fort de nos officiers supérieurs et généraux parce qu’on n’en parle jamais dans nos écoles militaires (c’est à la Sorbonne, puis dans l’administration civile, que j’ai acquis quelques notions dans ce domaine). En novembre dernier, six généraux (2S) présidents d’association ont signé une pétition où apparaît leur ignorance en droit constit : « l’emploi des armées est légitime dès lors que le Président de la République décide leur engagement », écrivent-ils publiquement. C’est par conséquent un domaine où des clarifications sont nécessaires. Et de préférence avant la Prochaine.

4. Le samedi 8 janvier 2011, 19:51 par

" Il n'a pas de nation si peu propre à la Guerre que la nôtre".

Richelieu.

« les armées sont dans la Nation et les armées sont le destin de la Nation ».

Nicolas Sarkozy.

J'ai entendu le café stratégique n°3 avec Coutau-Bégarie. Si on considère que la protection de nos ZEE relève de la guerre économique, alors il nous faut une armée : des patrouilleurs. Je rappelle que le Canada a décidé de renouveler sa marine pour 35 milliards de dollars. Peu m'importe l'avenir du projet ou sa réalité. Par contre, le plus intéressant est la répartition des fonds : 33 milliards pour la flotte de guerre (sous-marins, frégates) et 2 milliards pour une centaine de patrouilleurs. Hors, ce cher Coutau-Bégarie a bien précisé au café stratégique que l'essentiel du rayonnement d'une marine, et donc de son pavillon, était la "diplomatie navale" que la France réalise via l'activité de ses navires. Le stratège naval cite l'exemple des catastrophes humanitaires et le fait que les populations s'attendant à voir l'aide de la France arrivé. Il cite l'exemple des BATRAL, ce sont des navires "low cost". Le stratège naval cite la défense des ZEE, il faut des patrouilleurs.

Donc, pour l'Armée de Mer et ses missions actuelles, il faut des navires non coûteux. Dans l'exemple canadien, il faut donc peu de moyens pour une grande capacité d'action stratégique.

Ce qu'il faut aussi c'est une volonté politique* pour mener la politique adéquate. Le mensonge, c'est de dire qu'on n'en a pas les moyens, c'est faux.

En lisant les réponses du brestois Cadiou, je me laisse dire que je ne suis peut être pas dans le sujet. Mais, au vu de ma réponse, est-ce que le Président traite réellement du sujet ?

*Des c*****es, le terme est parfait.

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