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Partenaires ?

Lors du café stratégique de ce soir (un des plus réussis), Colomban Lebas nous a donné de brillants aperçus sur la prolifération ou, pour reprendre sa précision, sur la dissémination. J'ai eu plaisir à l'écouter citer les époux Toffler et leur concept des trois vagues, cela faisait longtemps qu'on n'en avait pas entendu parler : peut-être serait-il d'ailleurs temps de les redécouvrir.

Mais ce n'est pas l'objet de ce petit billet. A un moment, en répondant à une question, C. Lebas évoque les points communs qui réunissent l'Inde et Israël.

  • tous deux ont des frontières menacées par des mouvements terroristes récurrents ;
  • tous deux ont des ambitions spatiales indépendantes, qui d'ailleurs se complètent assez bien.

On ne voit pas en effet ce qui pourrait empêcher une collaboration entre ces deux puissances. Pas d'obstacle, donc, mais y a-t-il un aiguillon ?

Il n'en existe pas vraiment non plus, à vrai dire. L'Afghanistan est un moyen indien de contourner le Pakistan, mais il est trop loin d'Israël. L'Iran est un grand souci israélien, mais il ne gêne pas vraiment l'Inde qui a suffisamment de voisins hostiles pour ne pas en chercher un supplémentaire.

S'il y a donc des possibilités au cas par cas, qui s'accorderaient bien au pragmatisme des deux parties, je ne crois pas qu'on puisse pronostiquer une alliance plus durable. Pour l'instant.

Ce qui confirme une loi : "l'Asie", continent si évident géographiquement (quoique) n'en est pas un politiquement. Il y a une Asie de l'Ouest (proche et moyen-Orient) et une Asie de l'Est (du Pakistan au Japon, du Kazakhstan aux Philipines) elle -même très sous-compartimentée.

Ref :je signale toutefois cet article, qui argumente la thèse inverse et décèle un nouveau partenariat stratégique entre les deux pays.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 12 janvier 2011, 22:41 par yves cadiou

Dans les années quatre-vingts, l’on évoquait déjà les partenariats possibles d’Israël mais l’on ne s’orientait pas vers l’Inde : j’ai le souvenir d’un article de la RDN à ce sujet. L’auteur imaginait des partenariats entre cinq pays qui étaient mal considérés par la communauté internationale. Une entente des proscrits, en quelque sorte : Israël, l’Afrique du Sud (réprouvée pour l’apartheid) et trois autres dont je ne suis pas sûr, peut-être la Corée du Nord, le Chili et le Cambodge. C’était assez logique mais ne semble pas s’être concrétisé.

2. Le mercredi 12 janvier 2011, 22:41 par Jean Quinio

Les rapprochements qu'évoque M. Lebas sont effectivement intéressants. Même si les comportements politiques et économiques des deux pays divergent notamment à l'international, j'observe d'autres points de ressemblance.
Tout d'abord un gout partagé, comme vous le rappelez, pour les technologies de pointe. Une ressemblance : celle de leurs diasporas respectives. Même si celle d'Israël est particulière, tous deux bénéficient de relais importants, intégrés et puissants dans les pays développés.
Je vous rejoins donc sur la faible probabilité de voire des alliances pérennes se construire entre les deux pays. L'Inde me semble plus préoccupée par son développement et Israël par sa puissance.
Amartya Sen est bien indien !

égéa : oui, l'équation démographique est surtout fort différente.

3. Le mercredi 12 janvier 2011, 22:41 par Jean-Pierre Gambotti

Alvin et Heidi T.
Parmi ceux qui œuvrent à faire progresser la pensée universelle, j’ai beaucoup d’admiration pour les découvreurs de paradigmes, ces inventeurs qui posent des modèles de perception de la réalité qui permettent au vulgum pecus que je suis de se construire une grille de lecture pour décrypter les problèmes du monde. Puisque j’ai la hardiesse du béotien, je dirai que parmi ces découvreurs je place les époux Toffler. Il ne m’appartient pas, me fondant sur mes quelques lectures lointaines, de me prononcer sur la qualité et la pertinence de l’œuvre du couple ni de lancer le débat que vous suggérez, je voudrais simplement faire deux remarques sur l’apport d’Alvin et Heidi à ma réflexion personnelle.
La première ressortit à la théorie des vagues. Cette grille de lecture permet de distinguer les guerres de la période agraire, de la période industrielle et de la période de l’information. Cette approche analytique et historique suffirait à donner à cette théorie tout son intérêt. Mais le génie de cette clé des Toffler réside aussi dans sa capacité à ouvrir le portail de la stratégie opérationnelle, ce qui nous permet de constater que les guerres du XXI ° siècle sont composites, des guerres bâtardes diraient certains, qu’elles contiennent les ingrédients des guerres des trois vagues, mais que ce faisant elles doivent être paradoxalement raisonnées et conduites comme des guerres transhistoriques. Car en l’occurrence, les caractères génétiques de ces trois types de guerre ne s’additionnent pas, ils font de la guerre de ce siècle un monstre nouveau, le caméléon de Clausewitz est toujours vivace.
La deuxième remarque est une réminiscence du Choc du futur, me semble-t-il. Chaque fois que je m’assieds devant mon écran, je pense à cette fulgurance géniale d’AlHeidi Toffler prévoyant « les mass médias dé-massifiés. » Nous y sommes, les mass médias nous poussaient à penser pareil en même temps, le postcasting nous permet de penser pareil au moment choisi. Espérons que le Web 2.0 nous permette réellement de changer de paradigme et d’inventer une forme de wikipensée, cette pensée antinomique de la pensée unique, produit d’un e.débat et d’une belle dialectique.
Très cordialement
Jean-Pierre Gambotti

égéa : oui, vous avez affaitement saisi : SVP, écrivez un billet un peu plus long pour développer tout ça, car je suis sûr que c'est qq chose de nécessaire, beaucoup plus qu' Huntington, par exemple.

4. Le mercredi 12 janvier 2011, 22:41 par

Il y a tout de même eu une entente, semble-t-il, sur le nucléaire militaire et la construction d'une variante indigène du Mirage III entre l'Afrique du Sud et Israël.

Cet article de la RDN a vu juste dans l'ensemble, je ne l'ai pas lu mais le mécanisme semble le bon. La Corée du Nord s'est bien tourné vers l'Iran et le Pakistan pour la bombe nucléaire, l'Arabie Saoudite en a fait de même avec le Pakistan. C'est dire l'intérêt de ces Etats pour obtenir ce que la voie légale refuse.

Je ne vois pas pourquoi l'Inde aurait à collaborer avec Israël. Le sous-continent indien n'est pas sous embargo d'armes ou plutôt, il n'est pas mal vu de lui vendre des armements. La conséquence est que l'Inde peut plus facilement développer ses technologies. Pour soutenir un partenariat il faudrait qu'Israël puisse apporter quelque chose à l'Inde.
Je ne vois pas pourquoi les indiens iraient mettre le doigt dans le plus gros bazar de la planète alors que leur religion majoritaire en a strictement rien à faire de Jérusalem, ce qui est une grande chance ! L'Inde a les moyens de s'éviter une telle compromission.

égéa : mais il ne s'agit pas d'y aller ! un partenariat stratégique peut avoir de multiples autres effets.....

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