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ACM et approche globale

Je m’interroge régulièrement sur la notion d’approche globale, que j’ai du mal à définir et à distinguer des actions civilo-militaires (ACM- CIMIC). Mon trouble doit être partagé, si j’en crois ce que j’ai entendu l’autre jour du Col Claver lors d’un forum de l’IRSEM (11 janvier, Quelle relation transatlantique ?).

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A noter d’ailleurs le prochain, le 8 février, sur l’influence française à Bruxelles, qui se tiendra de 12h30 à 14H00 à l’école militaire (amphi Lacoste).

C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu, justement dans une publication de l’IRSEM, ces définitions suivantes :

« Il ne faut pas confondre les aspects CIMIC, plus limités au cadre opérationnel de la gestion de la crise, et l’approche globale, philosophie plus large et plus récente.

Correspond à l’appellation CIMIC le dispositif mis en place par les forces armées pour obtenir la neutralité des populations sur un terrain de crise. C’est donc avant tout faire le nécessaire du côté militaire pour que l’interaction se passe au mieux.

A l’inverse, l’approche globale est beaucoup plus prospective et ne concerne par uniquement le théâtre d’opération. Elle ne vise pas seulement la neutralité des populations, mais elle cherche bien à gagner les cœurs et les esprits des habitants du théâtre. Il s’agit d’opérations de séduction vers les populations locales par la reconstruction et la restauration de la gouvernance ».

In Cecile Wendling, « L’approche globale dans la gestion civilo-militaire des crises », cahiers de l’IRSEM novembre 2010, p 18.

Je regretterai seulement l'usage de CIMIC au lieu d'ACM (action civilo-militaire)

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 3 février 2011, 20:11 par Jean-Pierre Gambotti

Tous ceux qui s’intéressent à la gestion des crises liront cette excellente étude de Cécile Wendling, « L’approche globale dans la gestion civilo-militaire des crises, analyse critique et prospective du concept », c’est, à mon sens, la plus « comprehensive » qui ait été publiée sur l’approche globale !
Mais puisque j’ai commis quelques très modestes billets et commentaires sur ce sujet qui m’obsède, car je l’estime essentiel mais malmené, voire ignoré, je vais me permettre une remarque d’artisan.
Pour ma part « gestion civilo-militaire des crises » est une expression pléonastique ou peut-être tautologique, qui réduit la problématique de ces conflits complexes. Puisque l’approche est globale, elle ne doit conduire qu’à une gestion …globale, totale, générale, intégrale, la qualification de civilo-militaire donne selon moi une connotation réductrice. D’ailleurs l’étude de Cécile Wendling montre que les divers pays et organisations internationales qui réfléchissent et tentent de mettre en œuvre cette démarche globale restent en deçà de leurs ambitions et des capacités de la méthode prônée. Pour les plus aventureux il s’agit de travailler en collaboration ou en concertation avec les différents départements ministériels ou services, pour faire court, mais rarement de fusionner des organismes pour concevoir, planifier et conduire des opérations globales. Or dans ce concept d’approche globale, il est nécessaire de travailler en totale symbiose et de comprendre enfin que sur ces nouveaux théâtres, le problème se nomme "complexité" et sa solution "systémique".

De mon niveau d’opérateur, je voudrais appeler l’attention de tous nos penseurs sur un unique schéma annexé au « Guidelines for operationnal planning » de l’OTAN. Il montre très clairement que dans le cadre d’opérations militaires, parallèlement aux plans des lignes d’opérations qui conduisent à l’EFR militaire puis à l’EFR politique, existent les plans des lignes d’opérations des autres domaines PMESII, selon l’acronyme anglo-saxon, political, military, economic, social, infrastructure, information, LO qui permettent d’atteindre les EFR perspectifs, puis d’accéder au Graal, l’EFR politique. Mais dans « ces systèmes de systèmes » que sont ces théâtres de crises à plusieurs niveaux de complexité, les domaines PMESII sont partiellement sécants et les lignes d’opérations nécessairement gauches et hétérogènes.

C'est-à-dire que les points décisifs qui les constituent sont hybrides, plusieurs domaines PMESII sont concernés et les lignes d’opérations traversent les plans de différents domaines, c’est à dire qu’elles ne sont plus dans un plan, mais dans un espace à dimensions PMESII. D’évidence les lignes d’opérations de type sécurité, gouvernance et reconstruction, qui sont les LO généralement considérées pour ces crises, sont par essence hétérogènes et ne peuvent plus être conçues et concaténées dans des cénacles distincts, mais imaginées en symbiose dans des organismes de planification fusionnées et mises en œuvre par des opérationnels PMESII. Et puisque Cécile Wendling prend, in fine, l’exemple afghan, j’argumenterai avec le problème archétypique de l’opium qui impacte toutes les activités PMESII du théâtre, imaginer le résoudre à partir des lignes d’opérations élémentaires, homogènes, planes, serait au minimum extravagant et surement le chemin le plus direct vers l’échec de la coalition.
Il n’y a pas d’alternative, la gestion des crises de ce XXI° sera symbiotique ou ne sera pas.
Très cordialement.
Jean-Pierre Gambotti

2. Le jeudi 3 février 2011, 20:11 par

L’action civilo-militaire, ce n’est pas nouveau : la colonisation française au XIX° siècle et au début du XX° était déjà une action civilo-militaire.

Ce qui est nouveau, c’est la conceptualisation de cette action. L’on s’interroge sur ce concept parce qu’aujourd’hui il couvre une ingérence militaire, difficilement compatible avec le droit international, sur un territoire où réside un Peuple souverain qui ne nous demande rien mais de l’intérêt duquel on aimerait pouvoir se réclamer.

Au XIX° siècle on ne se posait guère de questions sur le bien-fondé d’une action qui consistait à mettre fin, au nom de Dieu, à des coutumes primitives et ancestrales comme par exemple celle de dévorer son voisin.

Aujourd’hui la référence à la colonisation française (différente de la colonisation britannique qui résolvait tous les problèmes en massacrant volontiers les autochtones) n’est plus considérée comme valable, à la fois parce que les chefs de file de l’Otan n’ont guère envie de se référer à la colonisation française et parce que l’on sait que le vernis à ongles de la petite fille afghane, c’est un prétexte un peu léger en comparaison du cannibalisme d’antan.

Alors bien conscient d’être en tort mais d’avoir tôt ou tard des comptes à rendre, on fait diversion avec un concept. Ce concept n’a de global que le nom parce qu’il néglige l’histoire et le droit.

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