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Le Nil, l'Afrique, l'Egypte

Les événements qui se déroulent au Maghreb nous ont rappelé que celui-ci se trouve en Afrique, même s'il est séparé par le Sahara, cette mer de sable qui constitue une frontière plus compliquée que la Méditerranée.

(image tirée de ce blog d'histégé, avec pas mal d'articles très pédagos)

Un autre élément vient nous rappeler cette continuité.

1/ En effet, le Burundi est le sixième État à avoir signé l'accord de partage des eaux du Nil, après Éthiopie, la Tanzanie, le Ruanda, l’Ouganda et le Kenya. La ratification est dès lors possible. Cela remet en cause le droit de veto détenu par l'Égypte depuis un traité de 1929 qui lui donne un accès préférentiel (87% entre Soudan et Egypte) sur les eaux du Nil.

2/ Deux facteurs expliquent cette décision du Burundi, qui devrait être suivi rapidement par le Congo : d'une part l'indépendance du Soudan du sud, qui de toute façon posait la question du partage des droits du Soudan; d'autre part, la révolte actuelle en Égypte et la crise de gouvernance que le pays rencontre.

3/ Certes, le gouvernement égyptien a aussitôt réagi (voir ici) car la question va rapidement devenir cruciale : tout d'abord parce que l'Égypte rencontre une situation écologique délicate (voir ici).

4/ La liaison entre géopolitique et écologie est ici évidente, même si généralement, on pensait plutôt qu'une crise écologique provoquerait une crise géopolitique : ici, la crise géopolitique est utilisée pour dénouer une crise écologique.

5/ Dénouer ? pas si évident. En effet, Le Caire peut choisir l'option de la négociation générale avec les autres pays riverains (mais il n'est pas dans les meilleures positions). Mais il peut aussi utiliser ce prétexte pour résoudre par la force sa situation politique intérieure en évoquant la menace au sud. Ce qui aurait l'avantage d'assurer un dérivatif intérieur qui pourrait mobiliser la population, avide de défendre "son" Nil. L'Égypte, don du Nil, ne cesse-t-on de répéter. Mais si le Nil s'assèche, le don risque de se rebeller. Ce scénario du pire n'est pas le plus probable, mais il n'est pas négligeable.

La prospective consiste à écouter les signaux faibles. Tout le monde est en ce moment intéressé par les événements au Proche et au Moyen Orient (moi le premier) : cela ne doit pas nous empêcher de veiller ailleurs ces signaux faibles....

réf :

  • le Nil et l'Éthiopie, ce billet de juin dernier
  • le Soudan du sud, ce billet (et je dis Soudan du sud, grâce à la remarque pertinente d'YC)
  • le Maghreb africain, ce billet de janvier
  • chez l'allié Good Morning Afrika, le spécialiste de l'Afrique ce billet sur SOudan et Nil
  • de l'allié Stéphane Mantoux, un billet sur les guerres de l'Ogaden, sur AGS.

O. Kempf

Commentaires

1. Le mercredi 2 mars 2011, 21:38 par Pierre Ageron

Le Sahara est-il une frontière aussi infranchissable que cela? Agadez est une ville carrefour entre Nord et Sud. Voir caravanes et filière migratoire cf travaux d' Ali bensaad et g simon
égéa : non, bien sûr, et tout d'abord parce que comme pour toutes les mers, les moyens modernes de transport (martimes ou terrestres) permettent aisément de dominer ces environnements. Cela relativise encore plus la notion de frontière naturelle, déjà criticable au XIX° siècle, totalement dépourvue de sens au XXI°

2. Le mercredi 2 mars 2011, 21:38 par Stephane P

Je me permet de rajouter un fait pour accentuer la situation dans laquelle se trouve l Egypte sur le plan écologique, avec la trop probable montée des eaux , le delta du Nil sera submergé en grande partie et des nappes phréatiques seront salinisées ! Or c est dans cette région que ce concentre la majorité de la population et des ressources, augmentant logiquement les tensions liées à l eau et donc au Nil.

3. Le mercredi 2 mars 2011, 21:38 par Pierrre AGERON

La "frontière naturelle" est un construit social du XVIIIè révolutionnaire. A mon avis, le concept de frontière naturelle est nul et non avenu depuis le début...
égéa: oui, il a été sorti unpeu par hasard par DAnton lors de son discours de jenveir 1793. ça ne date pas de Vauban, comme on le croit trop souvent.

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