Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Rapport du médiateur : des paroles profondes

Le médiateur a publié son dernier rapport lundi dernier, au moment des résultats des cantonales. C'est peu dire qu'il n'a pas retenu l'attention médiatique. Et puis un ami me l'a passé cette semaine, et je l'ai lu avec attention. Depuis, le Monde et le Figaro en ont parlé ce week-end, ce qui illustre, si besoin était, que le texte est important.

Car il l'est. On ne peut qu'être frappé de la pertinence des observations simples énoncées par Jean-Paul Delevoye. On lira notamment l'éditorial, mais aussi le reste du rapport, accessible ici. Mais déjà, le petit florilège ci-dessous vous donnera un aperçu. Il faut, je crois, revenir à la simplicité des choses profondes. Cela nous change un peu de l'écume médiatique du moment.

Chapeau, M. Delevoye. O. Kempf

Verbatim :

La fébrilité du législateur trahit l’illusion de remplacer par la loi le recul des responsabilités individuelles et de la morale.

Les confrontations politiques sont fictives car le réel clivage n’est plus entre la droite et la gauche mais entre ceux qui acceptent la mondialisation et ceux qui la récusent.

Les politiques, aujourd’hui, suivent l’opinion plus qu’ils ne la guident, tandis que les opinions, soumises aux émotions plus qu’aux convictions, sont volatiles.

Il faut éduquer le peuple non par la satisfaction de ses désirs mais par le sens des responsabilités. Notre société doit retrouver le chemin des valeurs, sinon des tensions internes seront suicidaires.

La démographie va changer la donne politique, économique, sociétale, modifier les équilibres économiques entre épargne et activité, les équilibres territoriaux et sanitaires entre hôpital et domicile, les équilibres financiers entre fiscalité et solidarité, créer une implosion intergénérationnelle ou une dynamique nouvelle.

Les moteurs de la réussite seront dans la confiance en soi et dans le collectif.

Na faut-il pas aujourd’hui penser local pour agir global ?

Notre monde a besoin de morale publique.

L’autorité, pour être accepté, ne pourra se fonder sur la justification d’un titre ou d’une élection mais reposera sur la dimension morale de celui ou celle qui l’exerce.

JP Delevoye, médiateur de la République, rapport annuel 2010.

Commentaires

1. Le samedi 2 avril 2011, 19:51 par VonMeisten

Excellent programme pour la Présidentielle, n'est-il pas ?

2. Le samedi 2 avril 2011, 19:51 par Jean-Pierre Gambotti

Ce qui est angoissant dans ce préambule du rapport Delevoye, c’est que nous pouvons qu’acquiescer à la longue liste de maux dont souffre notre pauvre France. Mais fort de mon incontestable expérience de citoyen de base, j’ai quelques réticences à adhérer au diagnostic posé, la société française est peut-être frappée d’asthénie, mais à mon sens c’est aussi notre démocratie qui est confrontée à ce très handicapant syndrome d’épuisement, le burn out du bon docteur Delevoye.

Et je pointerai le crabe : c’est la dissolution, la déliquescence, la mortification de notre contrat social, ce pacte fondateur qui fait qu’un agglomérat de quidams puisse former un peuple. Nul besoin d’être expert pour constater que les nombreuses et permanentes agressions contre l’agrément fondamental de la démocratie, cet échange accepté entre les libertés naturelles de l’individu et les libertés collectives offertes en retour par la démocratie, sont dévastatrices pour l’existence et l’épanouissement du peuple. Nous agissons en très mauvais citoyens, nous revendiquons les libertés que nous doit la démocratie tout en tentant de conserver le bénéfice des libertés naturelles que nous avons acceptées de céder pour l’existence et la pérennité de cette même démocratie. Regardons-nous vivre et agir, notre démocratie reprendra de la vigueur quand nous accepterons de considérer qu’alter est un autre nous. Mais même au niveau local et individuel ce combat est incertain, paradoxalement les Lumières semblent réfractaires aux écrans.
Très cordialement
Jean-Pierre Gambotti

3. Le samedi 2 avril 2011, 19:51 par idioma

Vous avez été gentil avec les politiques en ne citant pas : "Un homme intelligent sait sortir d’un problème qu’un homme sage a su éviter", manquons-nous de politiques sages et/ou intelligents?

Pour me risquer à un avis, tout reste du niveau "I have a dream" et on ne peut qu'acquiescer malgré une pompeuse rhétorique :
- pourquoi ne pas penser pour agir local et global?
- l'autorité : nous militaire nous satisfaisons du titre ou de la nomination. Si l'on doit accepter de se soumettre à l'autorité d'un politique sur un aspect moral alors je dis vive Alcazar et vive Tapioca car entre le buz internet, les ragots de coursives, les faits avérés, trouver le politique auquel nous accepterons de nous soumettre (Arendt) sera ardu
- convictions, morale publique, activité : on ne parle guère de travail, ciment social car faire accepter le contrat social et les obligations/responsabilités qu'il impose au citoyen si 25% de la population est en situation précaire pour son travail (chômeurs, intérim et fonctionnaires et assimilés non comptabilisés pour obtenir 25%). si le "collectif" est nécessaire, la confiance en soi paraît bien fragile dans l'équation.
Cordialement

égéa : retour de la valeur travail ?????

4. Le samedi 2 avril 2011, 19:51 par idioma

Je pensais à la dimension morale du travail qui éduque et rend l'homme sociable, ouvert à autrui et parfois heureux et en paix.
Cela ne suffit pas : le travail ne peut s'ériger seul comme contribution de chaque être humain au collectif, après tout nous ne travaillons qu'une quarantaine d'années dans notre vie et en dehors de cette phase, nous continuons d'animer et de faire partie de la société. Les loisirs, la créativité, l'art, l'amitié, la culture ... sont autant de voies qui aident à bien vivre en société.
Cordialement

5. Le samedi 2 avril 2011, 19:51 par yves cadiou

J’y reviens parce que c’est encore d’actualité. Le billet a bientôt deux ans mais on peut reprendre aujourd’hui chacune des sentences sélectionnées. En particulier la dernière.

Celle-ci rappelle le fameux « prestige » indispensable à l’autorité selon Charles De Gaulle, prestige qui manque tant à la fonction présidentielle depuis de nombreuses années et encore aujourd’hui : « L’autorité, pour être acceptée, ne pourra se fonder sur la justification d’un titre ou d’une élection mais reposera sur la dimension morale de celui ou celle qui l’exerce. » L’objection d’idioma (n°3) s’applique au cas particulier d’un groupe humain hiérarchisé en vue d’une mission : l’autorité est technique. Le prestige dont il s’agit ici concerne une personnalité chargée d’incarner une âme collective.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/982

Fil des commentaires de ce billet