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Frontière, limes, barrière

Nous recevrons, avec AGS, Stéphane Rosière jeudi soir pour un café stratégique.

C'est pour moi l'occasion de quelques réflexions sur ces barrières et leur présupposé, la frontière : en préalable à ce café, et pour vous inciter à venir, en complément de l'excellent texte de Bénédicte. (géographie de la ville en guerre).

1/ En effet, la réflexion sur les frontières a été lancée, dans l'étude géoplitique moderne, par Jacques Ancel, un géographe politique de l'entre deux guerres, vidalien.... Puis un Michel Foucher, dans l'orbite de l'école lacostienne, a renouvellé l'étude avec son fameux "fronts et frontières", ouvrage lumineux, ouvrage de référence, que tout amateur de géopolitique DOIT avoir lu.

2/ On comprend dès lors que la frontière est un objet politique, qui n'est pas seulement une ligne sur la carte. C'est donc une "représentation", dans tous les sens du terme : représentation physique (délimitation graphique sur la carte), mais aussi représentation mentale, et donc représentation politique (cf. mon billet sur Danton).

3/ Cette délimitation est donc un objet qui sépare. On dénote plusieurs fonction à ces séparations :

  • fonction politique (détermination de la souveraineté nationale, donc de la citoyenneté, entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors)
  • fonction sécuritaire
  • fonction démographique

4/ C'est ici que la notion de murs, de clôture, de barrière prend tout son sens. L'aspect sécuritaire est fort ancien, si on songe au Limes romain et à sa traduction physique : le mur d'Hadrien (avec le succès que l'on sait). On le retrouve dans l'époque moderne sur la ligne Maginot, puis à Berlin ou entre les deux Corées. C'est un type similaire que construit Israël avec les territoires palestiniens....

5/ Quant à l'aspect démographique, il est plus récent : qu'on songe aux présides espagnols (voir mon billet), ou à la barrière américano-mexicaine.

6/ On en déduit lors plusieurs questionnements :

  • sur la forme de ses barrières (murs, clôtures, ....)
  • sur leur liaison avec la frontière sous-jacente
  • sur leur raison (politique, sécuritaire, démographique, et surtout conjugaison de plusieurs facteurs)
  • sur leur efficacité de court terme, voire de moyen terme
  • sur leur dimension technologique
  • sur leurs liaisons avec d'autres barrières, notamment d'ordre économique (protectionnisme) dont on entend plus parler ces temps-ci : y a-t-il un lien avec la mondialisation (économique, culturelle, des mobilités, des NTIC) ?
  • sur leur répartition spatiale : est-ce le fait de pays riches ?

autant de sujet que Stéphane Rosière éclairera jeudi soir.... Venez donc nombreux.

Olivier Kempf

Commentaires

1. Le mardi 3 mai 2011, 22:18 par Christophe Richard

Bonjour,
Juste une petite réfléxion en passant (je ne pourrais assister à l'intervention de S. Rosière, et je le regrette beaucoup.)
La frontière vue comme mur de séparation physique dans son expression antique (Hadrien) et contemporaine est trés interressante.
L'Etat moderne qui se construit sur l'appropriation du monopole de la violence légitime est souverain, donc il impose sa loi sur son territoire, et cette loi vaut par des moyens coercitifs pour tous ceux qui sont "à sa porté". Il possède l'assise d'un "nomos", d'un droit localisé sur un espace défini et reconnu.
Aujourd'hui, le mur, traduit la faiblesse réelle ou supposée de ce droit souverain, pour qui le principe du monopole de la violence légitime ne suffit plus, il lui faut faire la preuve du fait de la violence "suprême" dont il est supposé disposer.
De nouvelles sources de droit, subsidiaires et non localisées car "universelles" viennent mettre en tension le monopole de la violence légitime. Dès lors il faut à nouveau "protéger" physiquement l'accès au territoire face à des sujets contre lesquels l'idée de monopole de la violence légitime ne sera pas suffisant, et contre qui il faudra faire la preuve du fait de la violence suprême.
On quitte une logique de territoire souverain pour aller vers une logique de sanctuaire inviolable.
Cela traduit peut-être la puissance qu'acquiert l'individu face à l'Etat.
Bien cordialement

égéa : excellent !

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