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Armée de l'air et format

Régulièrement, je papote avec l'ami Olivier : ça nous permet de penser à autre chose qu'à la mine de sel que nous creusons (avec ténacité, n'en doutez pas...). Or donc, le sujet vient à tomber sur les formats : ou plus exactement, sur la meilleure façon de construire un format d'armée.

[source |http://www.az-aviation.com/forum/photos/armee-de-l-air.jpg]

Et sur sa suggestion, voici ce qu'on pourrait construire sur l'armée de l'air.

1/ Il faudrait pour cela poser des fonctions premières. Puis en déterminer le "matériel majeur", de là en dériver les matériels d'accompagnement, puis le reste (hommes, prépa ops, infrastructures opérationnelles, ....).

2/ Donc, prenons l'armée de l'air (mon ami Olivier est très attaché à l'AA, allez savoir pourquoi ). Il faut pour cela partir des trois fonctions traditionnelles : BRC. Souvenez- vous (voir ici l'entretien avec Jérôme de Lespinois, et je devrais d'ailleurs vous faire une surprise un de ces jours):

  • Bombardier
  • Reconnaissance
  • Chasseur

3/ Cela a un peu évolué. Il faut d'abord ajouter un T comme transport. Cela donne BRCT.

4/ Le bombardement existe toujours : il s'agit de la délivrance de l'arme nucléaire, principalement. Notons toutefois qu'on a vu des avions cargos, aménagés pour lâcher des conteneurs d'explosifs (Mother of All Bombs : MOAB) : autrement dit, un bombardier n'est pas forcément un chasseur bombardier. De même, cette fonction peut utiliser d'autres "effecteurs" que des avions, je pense au missiles de croisière..... De même, l'appui au sol peut être considéré comme une sorte de de bombardement précis. Le CAS et les A 10 appartiendraient à cette fonction.

5/ La reconnaissance arrive ensuite: elle a beaucoup évolué, depuis les premiers aérochoses d'observation (les ballons de Jemmapes ?). Ce ne sont plus forcément des avions (F1CR), puisqu'il faut incorporer dans ce segment les drones, mais aussi tous les satellites : l'espace, en fait.

6/ Vient ensuite, et ensuite seulement (désolé, chers pilotes, de vous révéler cela), la chasse : elle n'existe que par rapport aux deux premières fonctions, mais aussi en protection du territoire (PPS), ou en combat air-air.

7/ Enfin, fonction émergente, et assez autonome des trois précédentes, le transport. De plus en plus stratégique, car il sert non seulement au profit de l'AA, mais il est surtout un agent essentiel de la manœuvre interarmées.

Bien : normalement, tous les avia du coin vont me tomber dessus et m'expliquer que je n'ai rien compris. Je n'en disconviens pas, a priori. Mais l'intérêt, n'est-ce pas, c'est de réfléchir, sans partir de "certitudes".

Et comme vous l'avez déjà remarqué, je n'en ai aucune.....

Plus sérieusement, cette méthode vous paraît-elle valide ? Comment la mener pour la Marine, par exemple ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le jeudi 5 mai 2011, 22:04 par yves cadiou

Vous parlez des ballons révolutionnaires : nous avons déjà parlé de ballons sur ce blog le 20 février 2010 et c’est le moment d’y revenir
http://www.egeablog.net/dotclear/in...
Aux quatre fonctions BRCT il faut ajouter la fonction « observation » qui est autre chose que la reco.
L’observation de nos jours n’est plus seulement celle du champ de bataille et de ses abords que faisaient vos « aérochoses » : c’est aussi la surveillance de vastes surfaces à des fins diverses. Je pense d’abord à nos zones de pêche, mais aussi aux îles inhabitées dispersées sur ces immensités, îles qui donnent à ces zones leur dimension. On a parlé ici le 13 décembre 2009 du problème de souveraineté qui surviendrait par suite d’occupations clandestines qui nous déposséderaient si elles devenaient durables et acquéraient de ce fait une légitimité.
http://www.egeablog.net/dotclear/in...)
De plus, les îles inhabitées, rarement visitées ou survolées, sont favorables à la culture de la drogue lorsqu’elles sont situées dans des zones tropicales humides, ce qui est le cas de plusieurs dizaines d’îles françaises. Il ne faut donc pas oublier la mission observation.

Bien sûr, on peut me dire « on parle de l’AdlA et vous venez nous parler des zones maritimes qui incombent à la Marine ». Ce genre de débat n’est pas essentiel : lorsqu’on a eu besoin, autrefois et naguère, d’observer le Sahel, ce sont des « Patmar » (patrouille maritime) qui s’y sont mis. On peut aussi remarquer que l’observation aérienne intéresse d’autres utilisateurs que les armées (police, pompiers, transports, agriculture, dom-com) à qui l’AdlA louerait ses services. Quoi qu’il en soit la mission observation ne doit pas être oubliée pour l’AdlA : même si on veut confier la mission à quelqu’un d’autre, il faut mentionner la mission observation au moins pour mémoire.

Quel que soit le service, civil ou militaire, qui sera chargé de la mission observation (pourquoi pas l’Armée de l’Air, c’est le billet du jour) le problème technique sera l’autonomie des avions ou celle des drones même lorsqu’ils seront ravitaillables en vol. Or la technique actuelle et la stabilité de l’atmosphère à 20 km d’altitude permettent l’observation par ballon télécommandé puis maintenu en place par ordinateur (triangulation automatique sur des repères quelconques situés au sol, énergie fournie par panneaux solaires). Peut-être cette observation permanente est-elle actuellement faite par satellite, je ne sais pas : j’en parle seulement pour mentionner la fonction observation dans les missions de l’Armée de l’Air.

La fonction « observation » n’est pas exactement identique à la fonction « reco ». En cette époque où l’on parle beaucoup des drones, il serait dommage de faire de mauvais choix techniques et financiers par manque d’imagination : le drone fait de l’observation ponctuelle et de durée limitée même lorsqu’il est nommé, de façon un peu mensongère et commerciale, « longue endurance ».

Je reviens aux mérites du ballon d’observation : le déploiement du drone ne peut pas éviter de constituer un signal politique alors que le ballon à haute altitude ne survole pas obligatoirement le territoire observé (questions aux connaisseurs : est-on encore dans l’espace aérien des Etats à l’altitude de 20km ?) : c’est une autre différence entre la reco, nécessairement significative, et l’observation qui peut sembler routinière et rester lointaine. Je propose à Olivier de dire non pas seulement BRCT mais de choisir l’un ou l’autre de ces acronymes charmants : OBRCT, BORCT, BROCT, BRCOT ou BRCTO.

2. Le jeudi 5 mai 2011, 22:04 par Midship

le problème, à mon humble avis, c'est que ces fonctions de départ sont "trop précises". Du coup, on part sur ce qu'on sait déjà.
Exemple, parler de "bombardement" nous conditionne à penser à du air-sol "lourd", et pas à des systèmes d'appui feu léger type A10.

Le problème également, c'est que l’interaction entre les besoins en différents matériels ne sont pas autonomes : il s'agit aussi de considérer l'espace à protéger, par exemple.

Pour la Marine, donc, on peut d'abord parler de capacité. Exemple :
Capacité hauturière + capacité à durer en mer + capacité mondiale + capacité de défense 3D + protection des espaces maritimes nationaux outre mer (2ème territoire mondial) + permanence des moyens à disposition du commandement = forcément bon nombre de frégates, de sous marins, de bâtiments de ravitaillement, de transport (catégorie dans laquelle je mets le BPC), de sous marins, etc.
Néanmoins dans la marine, tout le monde fait un peu de tout. La flexibilité et la réversibilité des équipages n'ont jamais attendu celle des matériels, et aujourd'hui, une Horizon peut faire de l'ASM et un sous marin de la projection, un ATL2 de la lutte anti terro au dessus du Sahel, et un bâtiment hydro de la police de mer.

En tout cas, pour ne faire qu'un passage par l'aéronavale, ça fait longtemps que les pilotes de rafale marine sont aptes, en solo (pas de biplace dans la marine), à la chasse, la reco, le ravitaillement et le bombardement courte et longue distance. Le tout dans la même personne, avec le même avion et la même équipe technique, à partir du même terrain (piste de 300m), de jour ou de nuit. Sans vouloir donc présager des conclusions d'un tel débat, je pense que le maintien de missions B ou R ou C pour chaque escadron rafale de l'AA se discute.
égéa : fichtre : je n'ai pas dit qu'il fallait spécialiser chaque escadron dans une mission. De même, le débat porte sur les effecteurs : d'une part à cause de leur polyvalence (exemple : Rafale, justement) d'autre part parce qu'une même fonction peut-être assurée par plusieurs effecteurs (drones et ballons dans le cadre de l'observation, par exemple, et pour reprendre le commentaire précédent d'YC).

3. Le jeudi 5 mai 2011, 22:04 par SD

Ne faudrait-il pas ajouter la guerre électronique ? Cela éviterait de demander les capacités américaines manquantes dès qu'il y a un peu de sol-air ENI performante. Sinon, on risque de "construire" une armée de l'air sur des fonctionnalités du début de la Seconde guerre mondiale.
Pour l'observation, l'ISTAR a permis d'éviter de cloisonner les 4 termes du sigle.

égéa : mouais.... mais est-ce spécifique à l'armée de l'air ? N'est-ce pas une fonction transverse ? Que je lierai d'ailleurs à la fonction connaissance anticipation du LB... ? Mais on entre là dans la question des milieux de la guerre, et nous en avons déjà parlé ;.... ;-)))) Bon, on peut recommencer, si tu veux !

4. Le jeudi 5 mai 2011, 22:04 par ZI

Les aviats répondrais sans doute de la même manière que des marins ayant trop lu Mahan. En disant que c'est la chasse qui est première puisque c'est elle qui permet l'accomplissement des autres fonctions. Pas de reconnaissance, pas de bombardement, pas de transport sans supériorité aérienne pour le permettre.

La question devient alors faut-il investir dans la supériorité aérienne alors que celle-ci n'est plus menacé? Et la question se pose aussi pour la marine, pourquoi investir dans les instruments de la maîtrise des mers (Porte-avions, SNA, frégate de défense aérienne, etc) alors que la liberté des mers n'est pas menacé?

Et la réponse sera (j'imagine) que l'absence de menace s'explique précisemment par le rapport de force écrasant qui est maintenu en notre faveur grâce à l'investissement dans la supériorité aérienne ou la maîtrise des mers.

5. Le jeudi 5 mai 2011, 22:04 par Boris Friak

Poser en premier les fonctions (et la volumétrie) est une méthode adaptée pour en déduire les matériels (monovalents, bivalents, polyvalents) puis les ressources adaptées.

Le risque de cette méthode est de faire le dessin de structures idéales mais irréalistes.

Au nombre des fonctions premières il faut, à mon sens, ajouter la communication. Nos avions participent à juste titre à un nombre important d'actions de communication (présentations en vol, démonstrations, acrobatie aérienne, etc.) destinées à soutenir l'industrie française et plus généralement à démontrer les savoir-faire nationaux et contribuer à l'image des forces armées.
égéa : Communication, rayonnement, show of force, soft power, maîtrise stratégique de l'information.... tout est lié. Il reste : achète t on des avions chers juste pour les montrer ?

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