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Miracle grec

Non, il n'y aura pas de miracle grec : comme ils se produisent tous les deux mille cinq cents ans environ, et que le dernier a eu lieu il y a siècle et demi avec l'indépendance et la renaissance d'un Etat qui n'était qu'une idée, on ne peut pas espérer un renouvellement prochain.

miracle_grec.jpg source

Autrement dit , la dette grecque constitue un événement majeur.

Et elle nécessite d'être restructurée. C'était déjà inéluctable, même si les milieux officiels ne le disaient pas ouvertement. Les soucis actuels du directeur du FMI ont accéléré la crise. Les Français affirment "pas question" : position de façade, position de négociation.

La question n'est pas si on va restructurer la dette grecque, mais quand, et comment.

Le comment pose deux questions :

  • restructuration simple ou mélange avec du rééchelonnement ? il y a là des considérations techniques sur lesquelles je ne me prononcerai pas, mais l'essentiel est là : il y aura défaut de paiement. Un Etat européen ne pourra pas honorer sa signature. Ce qui est une sacrée atteinte au soft power européen, qui constituait l'actif le plus précieux du continent.
  • cette restructuration touchera-t-elle seulement les Etats, ou les banques privées aussi ? la question est très politique, car elle pose la question de la fragilité d'un certain nombre d'établissements, notamment (mais pas seulement) allemands et français. ON remarquera que depuis Lehman Brothers, on hésite à s'engager dans des versions dures : le too big to fail a le vent en poupe. MAis cela va à l 'encontre du rigorisme allemand, puisque cela revient à admettre que les Etats couvrent tous les excès des privés, sans pouvoir les réguler : ce qui n'est pas très cohérent avec la culture de la responsabilité budgétaire affichée par ailleurs envers des pays "périphériques de l'euro" comme il faut le dire selon le conformisme du moment.

Du coup, le quand prendra un peu plus de temps, mais interviendra cette année, alors qu'on attendait 2012 : cela aura des conséquences sur les autres pays (Irlande, Portugal, Espagne) mais aussi sur les campagnes électorales allemandes et françaises.

D'un point de vue plus large, cela va marquer un tournant pour l'Europe

  • soit elle s'abandonne à ses tendances actuelles à la fragmentation (gestion de l'euro, des dettes, de Schengen, ...) ce qui augure mal de l'avenir : car les ruptures que j'évoquais hier auront lieu en Europe, qui risquerait de découvrir qu'elle abrite encore la violence.
  • soit elle réussit à surmonter la difficulté, au prix d'un compromis qui apparaitra forcément comme bancal, mais qui aura le mérite de sauver, un temps, le système européen.

Dans les deux cas toutefois, l'Europe paiera ses difficultés d'une perte d'influence. C’est pourquoi je doute fort que le prochain directeur du FMI soit européen....

O. Kempf

Commentaires

1. Le mardi 17 mai 2011, 21:58 par Midship

le prochain directeur du FMI ne sera pas européen. Mais il peut être britannique ;) (en tout cas ils y croient).

Question subsidiaire : Et si l'UE s'effondrait ? Pas l'Europe, ni même l'économie européenne, "juste" l'Union. On déconstruirait les traités, et on reviendrait aux États. Ça serait génial de voir un prochain article qui traiterait d'une part de cette possibilité (ou impossibilité, c'est selon), d'autre part du fait qu'on en entende parler aujourd'hui en France, ce qui n'était pas à ma connaissance le cas il y a encore peu.
Merci d'avance pour la "matière à penser" !
égéa : ce ne serait pas un détricotage, mais une secousse tellurique.....

2. Le mardi 17 mai 2011, 21:58 par

Bonjour .

1. Si effectivement la restructuration de la dette grecque se traduira très probablement par une perte d'influence de l'Union européenne, je ne pense pas que cela soit au point que celle-ci perde la tête du FMI sauf au profit d'un membre de l'ancien Tiers-Monde. En effet, en mettant fin au partage des présidences FMI/Banque mondiale, les Etats-Unis d'Amérique risquerait de perdre à leur tour le contrôle de la Banque mondiale. Mais je peux me tromper, ne connaissant pas le fonctionnement exact des nominations à la tête de ces deux institutions.
2. Pour ce qui est de la restructuration des titres appartenant aux les banques privées, je pense qu'elle aura lieu puiqu'elles sont en bonne partie responsable de la situation actuelle. Une telle opération pourrait d'ailleurs avoir l'avantage de limiter la hausse des taux d'intérêts qui aggrave la crise.
3. Pour ce qui est de l'impact sur le fonctionnement de l'UE, le pronostic est difficile mais il serait souhaitable que les traités soient modifiés pour mettre un terme à un système ultra-libéral aux conséquences néfastes via une réforme de la BCE, de l'euro... (voir à ce sujet "La France est-elle finie ?" de JP Chevènement).
égéa : une micro remarque : le lien vers votre site ne fonctionne pas....

3. Le mardi 17 mai 2011, 21:58 par Catoneo

Si un grand pays émergent prenait le commandement du FMI, il y a fort à parier que les facilités de décaissement seraient redirigées vers le Tiers-Monde et que la "riche" Europe serait abandonnée à sa suffisance. Les contentieux existent, à commencer par les subventions agricoles.
Côté grec, c'est l'Etat qui est près de la banqueroute, pas la Nation. Qu'il vende son patrimoine (de style soviétique comme le nôtre d'ailleurs) à des personnes morales ou privées grecques, qu'il règle ses dettes et qu'il dégage, serait à mon sens la meilleure issue pour le peuple. A partir de là, le pays repartirait sur un modèle social calibré sur ses capacités contributives en propre.
Leur gros problème et le nôtre aussi : emprunter à compte ouvert à l'étranger pour payer traitements et pensions dans l'incapacité où ils sont (nous sommes) de les ramener à un niveau gérable.

4. Le mardi 17 mai 2011, 21:58 par Boris Friak

Si le principe de la restructuration est retenu, et il s'agit de la solution la plus efficace pour éviter un effondrement du débiteur (en 2008, un rééchelonnement intelligent des crédits hypothécaires des particuliers américains aurait probablement stoppé la crise des "subprimes" en évitant la dépréciation brutale des biens du fait des explulsions et des pillages) on pourrait, assez logiquement, établir une discrimination entre les créanciers en fonction de l'ancienneté des prêts. La date fatidique étant alors le dépassement des critères de Maastricht. Tous les prêts postérieurs sont à considérer comme du crédit abusif ! Le risque a été pris, il a été rémunéré... il peut survenir.

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