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En revenant du salon

Comme je vous le disais l'autre jour, j'ai pu aller au salon, mais au cours des jours pros et pas des jours grand public : on est moins serré, honnêtement.

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Et comme promis, quelque appréciations, idées, observations....

1/ Tout d'abord, les démonstrations en vol. Et d'abord les chasseurs :

  • le premier, le Rafale : vif et virant court, il fait belle impression. Mais pour un néophyte comme moi, il ressemble à un autre jet.
  • d'où l'intérêt de voir, un peu après, le F 16. OK, pas de la même génération, et donc on voit bien que pour un poids similaire, le F 16 tourne moins serré et qu'il est moins souple.
  • arrive enfin l'Eurofighter : honnêtement, j'ai eu le même senitment de maniabilité qu'avec le Rafale : vu comme ça (je suis béotien, je le répète), on sent la chose comparable. Sauf qu'on voit de temps en temps des éclats de post-combustion, qui éclairent immédiatement l'oeil des pilotes avec qui je suis : ils m'expliquent qu'il y a beaucoup d'életronique, et que les moustaches à l'avant (les dérives) provoquent des flux d'air bizarres qui leurrent les capteurs : du coup, l'avion a des espèces de nano réactions d'où cette PC surprenante. Je laisse ça à l'appréciation des spécialistes.
  • Je pose la question qui tue (faut être gonflé, quand même, de dire des trucs comme ça au salon du Bourget, mais j'ai tous les toupets, dus à mon ignorance crasse) : "mais le Rafale, il n'est pas sous-motorisé, dis ?". "Ben non : 15 à 18 T de poussée, ça suffit, et puis après, il y a d'autres contraintes, et notamment le poids en carburant". On me dit ailleurs que sur la Libye, on essaye d'ailleurs de faire décoller plus souvent les Super-étendard que les Rafale Marine, parce que ça coûte moins cher en kérozène.

2/ Autres vols :

  • le Falcon 7X, très bel oiseau qui m'a beaucoup impressionné
  • l'Eurocopter x3, très maniable en vol : j'y reviendrai plus bas
  • l' A 380, toujours aussi silencieux...
  • d'autres engins dont j'ai oublié les noms.... un vrai touriste, je vous dis.

3/ Dans les allées et pavillons, beaucoup de drones et trucs sans pilotes.

  • chez Thalès, le Watchkeeper, "en service chez les Anglais qui vont le déployer en Afghanistan mon cher monsieur même qu'en ces temps de coopération franco-britannique ce serait pas mal si les Français en achetaient aussi qu'en pensez-vous ?". Au passage, on voit le pod reco NG.
  • chez Dassault, le Neuron, proto de drone de combat (UCAV), c'est à dire une alternative non pilotée à l'avion de combat, d'ici une quinzaine d'années. Au passage, développé sans les Anglais, Lancaster House n'a pas encore touché de sa grâce la question de la furtivité.....
  • De même, le Telemos, drone MALE, développé par Dassault et BAe (voir ici). Mais l'entrée en service est prévue pour 2016....

4/ J'ai aussi été faire un tour chez MBDA, SAfran, et enfin EADS.

  • au passage, il est marrant de voir que cette boite fait 26 G€ de CA contre moins de 5 à Dassault : le patron, par le jeu des alliances capitalistiques, est content quand il se vend un eurofighter, mais aussi quand il se vend un Rafale (le jour où il s'en vendra). Chacune des entités (Airbus, bien sur, mais aussi Eurcopter, Cassidian et Astrium) pèse elle-même plus lourd que Dassault....
  • Plus sérieusement, j'ai vraiment flashé sur leX3, déjà mentionné : cet hélico fonce (450 noeuds, m'a--on dit, ce qui est énorme), grâce au système rotor plus moignons l'ailes qui permettent une portance et un profilage aérodynamique très futé. Du coup, pas de rotor de queue, et un engin hybride fort impressionnant. A la question "quel usage opérationnel?" il est curieux de n'avoir pas de réponse : "ce n'est pas nous à le déterminer, l'engin est tellement nouveau" tout ça, tout ça. Il intéresserait les forces spéciales.
  • D'où une question aux spécialsites de l'air power, à ceux de l'Alat et aux stratégistes en chambre : quel usage pour le X3 ?
  • Pas été très convaincu du baratin qu'on m'a servi chez Cassidian sur la cyberdéfense. Allez, on était en fin de journée, des oreilles indiscrètes écoutaient.... mais rien de frappant quand même...

Je devrais poursuivre ce billet par quelques réflexions sur les moyens aériens d'une panoplie militaire : mais je dois d'abord tester auprès de gens qui savent....

En attendant, salon fort intéressant. Et vous, qu'avez vous retenu/vu/noté ?

O. Kempf

Commentaires

1. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par Midship

le Xcube, à mon humble avis, a d'abord une destination évidente : le civil !
Les plateformes de forage pétrolier sont de plus en plus éloignées des côtes, immobilisant chaque fois plus longtemps les hélicos à chaque rotation. Le temps, là plus qu'ailleurs, est de l'argent. La contrainte est claire : il faut pouvoir se poser sur une plateforme, donc voilure tournante. Après, il suffira d'aller le plus vite possible, et les entreprises de transport dans les régions de production seront intéressées.

Toujours à mon humble avis, les civils seront intéressés dès que la technologie sera prête, alors que si on regarde le besoin militaire, on s'aperçoit qu'une fois les NH90 livrés, il n'y aura pas de gros besoin mili sur le vieux continent avant un bout de temps. Quelques échantillons prototypes seront peut être commandés par les plus importantes armées (si j'ose dire) pour évaluer les capacités. On imagine ensuite sur une plus grosse machine l'intérêt que ça pourrait avoir en SAR / Evasan. Par la suite, pour les opérations aéroportées militaires traditionnelles, la vitesse est moins importante que la capacité d'emport.

2. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par jye

Bonjour,
Avant de passer pour une tête de noeuds, corrigez vite la vitesse du X3 ...450 km/h cela suffira amplement. Espérons également que ses hélices frontales ne servent pas de tranchoirs à bidochons ...
Quant au Rafale, Dassault a fait une petite merveille avec le seul moteur franco-français un peu poussif qui lui était imposé. Mais oui, il est un peu trop petit et il faut tout rentrer au chausse-pieds ! Un maître-couple un peu plus fort aurait permis d'avoir de l'armement en soute voire d'escamoter ce ridicule et disgracieux appendice que constitue la perche de ravitaillement.
Cordialement,

egea : bien vu pour la vitesse, annoncée de mémoire. Quand je croyais que led vitesses aéro se mesuraient en noeuds..... 450, ça sonnait pas mal, non?
3. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par

A voir si le X-3 peut être une alternative aux "convertibles" (Osprey). Ce serait peut être alors un bon moyen d'avoir un cargo volant tout terrain.

Dans l'idéal la Marine chercherait un cargo volant pour ravitailler le porte-avions en mer. Il était souhaité de disposer d'une petite flottille de C-2 Greyound. Une petite flottille de X-3 serait tout aussi pratique. Surtout que, potentiellement, le X-3 pourrait se poser sur beaucoup plus de navires (sous la réserve qu'ils disposent de spots d'appontages pour "hélicoptères lourds). Donc, pour la logistique navale, il y a de quoi faire.

La flottille X-3 pourrait confirmer son utilité en remplaçant quelques appareils qui servent aux liaisons aériennes dans les îles. Pourquoi ne pas sortir une version SURMAR ou SAR (CSAR ?) pour donner de l'intérêt à l'appareil ? Pour la Royale, ce serait s'offrir un "hélicoptère lourd" alors que ce n'est pas vraiment la politique de la maison (le NH90 ne dépasse pas la catégorie des "moyen", là où la Suède, par exemple, utilise des Chinook). Peut être une réflexion interarmées sur des moyens communs de SAR/CSAR autour de cet appareil. Je ne dis pas qu'il y aura des régiments/escadrons/flottilles qui feront du SAR/CSAR. Je dis bien qu'il pourrait y avoir une convergence.

A l'heure de la recherche par l'ALAT des hélicoptères de manoeuvre (la commande de 134 NH-90 sera-t-elle tenue ?) et du lancement d'une réflexion franco-allemande sur un hélicoptère lourd, le X-3 pourrait bouleverser un peu la donne. La vitesse de croisière du machin pourrait peut être permettre de compenser une moindre capacité d'emport par un plus grand nombre de rotation.

Est-ce que la vitesse permet d'échapper plus souvent aux missiles AA ? A voir...

4. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par

P.S. : le nEURON est un programme européen mené sous l'égide de Dassault et de la DGA. L'appareil est presque entièrement le fruit de technologies sur étagère. Les anglais développement le drone Mantis en solo. Cela reviendrait à dire, grossièrement, en quelques lignes, que Dassault a retenu les leçons de l'aventure Rafale et que les anglais sont isolés. Toutefois, ce n'est qu'un démonstrateur, et les traités du 2 novembre 2010 pourrait révéler une coopération franco-anglaise sur l'après nEURON, alors que le reste de l'Europe paraît disparaître de ces perspectives.

Pour la Libye, l'Aviation embarquée essaie peut être de préserver une ressource en Rafale qui est rare, mais qui devrait grandir à l'avenir. Les SEM sont tout le contraire ! Une patrouille de SEM coûte donc moins cher, et use des machines qui doivent bientôt être retirées du service. Ce n'est pas la première fois que l'on observe ce jonglage. Pour la formation des pilotes de Mirage IV, l'Ada avait recours à des Mirage III, l'heure de vol coûtait moins chère. On revient donc à la guerre "low cost" : quel coût pour envoyer tant d'explosif sur une cible ? Les Rafale et SEM sont trop coûteux pour cette phase de l'engagement, il faudrait peut être un appareil encore plus rustique.

Sur la motorisation du Rafale, il est "bien" motorisé pour les nécessités françaises (aussi opérationnelles que budgétaires). Les E.A.U. demandent des M88 plus puissant.

Sur le Rafale et l'Eurofighter (normalement aussi agile que le Rafale puisque conçu comme un pur chasseur -ils parlent de moustache pour le Typhoon ? J'aurais dit plans canards non-mobile, pour un stratège en chambre) il n'est pas étonnant de les trouver ressemblant. Ajoutons dans le panier les Viggen, Gripen et Mirage IIING et vous n'obtiendrez une sélection d'appareils "delta-plans canards". La différence pour le néophyte ? "Ben l'un a deux réacteurs quand l'autre n'en a qu'un".

5. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par

A béotien, béotien et demi : c’est sans vergogne que je donne mon avis, en deux temps.

1 Toute cette technologie, c’est bien joli, mais à l’évidence on oublie, « on » étant mis pour les constructeurs, de se demander quelle(s) guerre(s) on prépare.

Cette constatation est à rapprocher de votre billet « modèles stratégiques nationaux ». Il est symptomatique qu’à la question « quel usage opérationnel ? » on vous réponde « ce n’est pas à nous de le déterminer».
Au contraire l’industrie qui vend au civil (aéronautique, automobile, matériel ferroviaire ou de chantier, etc.) ne procède pas ainsi mais commence par se demander quel seront les attentes des clients lorsque le matériel sortira de la phase R&D.
Ici, c’est l’inverse : on crée d’abord un matériel dont l’utilisateur devra ensuite déterminer l’utilisation.

A cette procédure bizarre, je ne vois pas d’autre explication que celle-ci : sans doute les constructeurs de matériel militaire font-ils confiance à leur puissance de lobbying (un mot qui n’a pas de traduction correcte en français) pour que le ministre du moment impose aux armées d’acheter et d’utiliser des matériels qui ne correspondent pas à leurs besoins.

Par conséquent ma première remarque de béotien, c’est que l’on ferait bien de commencer par se demander quelle(s) mission(s) pour ensuite se demander quel(s) moyen(s). Evidemment, ma remarque est centrée sur mon expérience : souvenir des moyens inadaptés que nous avons dû utiliser à nos risques et périls en opération.

Heureusement aujourd’hui (je pense à votre billet « modèles stratégiques nationaux ») chacun devine que quelque chose est en train de changer : en 2012, la politique militaire ne sera plus absente du débat politique comme elle l’est plus ou moins depuis 1969. Il suffit de se balader sur les blogs des partis politiques et des élus, d’être abonné aux newsletters des partis politiques, d’avoir écho des appels au silence du ministre, pour comprendre que cette fois les militaires sont devenus capables de se faire entendre et même d’être écoutés.

Il est vrai, hélas, que les réflexions des partis politiques sur le sujet sont encore embryonnaires et parfois stupides (la palme de la stupidité revient selon moi à « banlieues = Afghanistan = même guerre, même choc des civilisations = yaka envoyer l’armée dans les banlieues ») mais ça ne pourra que s’améliorer.

2 Ma deuxième remarque de béotien (motivée par le souvenir du VLRA, excellent matériel fabriqué par une PME), c’est que le secteur du matériel militaire est verrouillé par de grosses entreprises qui ne laissent aucune place aux petites entreprises innovantes.

Dans le domaine des drones en particulier, aucun pilote n’impose par son poids des dimensions conséquentes à l’appareil. Ce fait ouvre la porte aux PME, à qui le créneau serait très accessible, mais apparemment il n’en est rien : c’est l’organisation du ministère qui est à revoir. Il faut qu’on écoute enfin les opérationnels et qu’on ouvre la porte aux PME (notamment dans le domaine des drones pour ce qui nous intéresse aujourd'hui et pour longtemps encore quelles que soient les opérations futures), en comparant les procédures d’achat de matériel militaire à celles qui sont mises en œuvre dans les services civils comparables, par exemple les pompiers.

6. Le samedi 25 juin 2011, 22:23 par Nono

En fait, même si ça n'est pas dit, les matériels sont bien développés en fonction d'une ou plusieurs missions. Après, le gros problème, c'est qu'entre la définition desdites missions et l'utilisation opérationnelle, il s'écoule au mieux 5 à 10 ans, au pire 60 ans (ex des B52 prévu pour larguer des bombes atomiques dans les années 50 et maintenant utilisés pour faire du largage de bombes en masse). Je ne connais pas vraiment d'exemple d'armement "inventé" ex-nihilo sans avoir une quelconque idée de l'utilisation opérationnelle, encore plus pour des avions ou hélicoptères aux coûts de développement énormes et qui ne permettent pas d'erreur.

Alors répondre "ce n'est pas à nous de le déterminer" à la question "pour quel usage?", ce n'est pas parce que ça a été conçu "en l'air", juste que l'éventail des missions et des moyens de le remplir est telle que ça dépend de l'utilisateur.

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