Surprise stratégique n° 5
Par Olivier Kempf le vendredi 15 juillet 2011, 16:35 - Russie - Lien permanent
Un fidèle lecteur me fait remarquer que j'ai délaiss la série des surprises stratégiques : j'en avait promis 10, n'en ai publié que 3 (et 1, et 2 et 3) et ai constaté la 4ème (ici). C'est vrai que je me suis laissé embarquer par d'autres activités, mille excuses messseigneurs.
Il me propose un scénario. Comme c'est la période des vacances, c'est aussi le moment de se raconter des histoires. Merci à oodbae pour sa belle histoire.... pas si belle que ça, d'ailleurs.
La Corée du Nord, suite au décès de Kim Jong II, est dirigée par son fils, dont le nom m'échappe. Moins au fait des jeux d'influence au sein de la RPCN, le contrôle lui échappe partiellement et quelques éléments ont laissé éclater un incident frontalier avec la Russie. La Russie, qui jusqu'ici, ne s'en est laissé compter ni par le Japon à propos des îles Kouriles, ni par la RPChine à la frontière de l'Amour , va encore moins se laisser humilier par la RPCNord, d'autant plus que cela signifierait pour les pays précédemment cités une ré-ouverture potentielle du front. Malheureusement, c'est l'escalade. Là, la RPChine entre en jeu, fait valoir des alliances militaires avec la RDCNord. C'est la cascade des alliances, comme lors de la 1ère gm. La Chine déclare la guerre à la Russie et entreprend de conquérir la côte Est de la Russie tout le long des îles Sakhaline (ce qui lui offrirait une belle ouverture sur le Pacifique, soit dit en passant et supprimerait toute frontière commune entre la Russie et la RPCNord donc renforcerait sa domination sur ce pays).Faut il préciser au lecteur que ce sont des éléments chinois infiltrés en Corée du Nord qui ont provoqué les troubles, tels les faux soldats polonais en 1939. La suite, je ne la connais pas. C'est ça la surprise.
mais on imagine...
Les USA, voisins des deux pays, de même que le Canada, choisissent de ne pas intervenir et restent donc neutres, clamant que "nous appelons les forces en présence à chercher les solutions de la paix", mais soutenant en sous-main le Japon qui saute sur l'occasion pour récupérer "ses" quatres îles Kouriles. Il faut dire que même si les USA exècrent toute politique impériale de la Chine, La Russie conserve à leurs yeux le rôle d'exutoire. "let the hens eat each other", entend on en coulisses à la maison blanche.
La Russie combat la Chine sur le terrain mais celle-ci possède l'avantage du nombre, du soutien des populations locales composées pour moitié d'immigrés chinois ou de leurs descendants, de facilités logistiques en raison de la proximité de la zone du territoire métropolitain et d'une technologie très au point puisque, et c'est l'ironie du sort, composée en grande partie des derniers matériels russe achetés en 2010-2012 du temps de l'entente, notamment les chasseurs Sukhoi t50, dits de cinquième génération. Malgré une mobilisation rapide de l'armée russe qui contient rapidement l'attaque chinoise dans le "kabarovski krai", Moscou se rend vite à l'évidence que c'est un combat perdu d'avance. Il n'est plus temps de maudire l'OCS (Organisation de Coopération de Shangai) et il paraît crédible que la Chine ne prévoît pas d'envahir la Russie comme un certain Adolf H 80 ans plus tôt, après violation du pacte de Molotov-Ribbentrov. La Chine prépare plutôt l'intégration de la Corée du Nord à la Chine, en éliminant un obstacle potentiel du fait de la disparition de la frontière russo-coréenne, et acquiert du territoire (oblast de kabarovski krai et primorski krai), dont le port de Vladivostok , éléments essentiels, sinon significatifs, pour son développement économique.
Pendant que les négociations d'armistice prennent place entre les dirigeants chinois et russes, la présidente de la république francaise a assuré la Russie de son soutien moral et de la solidarité du peuple francais avec le peuple russe. Même son de cloche du coté de Monaco. Démontrant à nouveau sa puissance diplomatique, la présidence de la France peut même se targuer d'une Une du Monde et du Point : "Russie: le coup de poignard dans le dos", coup d'éclat qui prouve le soutien indéfectible de la France dans les heures dures. A coté, cependant, la Presse ne cesse de faire le parallèle avec le conflit russo-géorgien de l'été 2008: "Tel est pris qui croyait prendre" titre le Figaro, "comment dit on Nasdrovié en chinois? " ose même Mediapart toujours dans la provocation.
Dans leur ensemble, les Européens décident de saisir l'occasion de faire pression sur la Russie pour faire baisser le prix du pétrole et du gaz importés. Ils font du chantage aux sanctions contre la Chine à l'ONU. La Russie répond: "Ah, bah, ca me fait une belle jambe maintenant (comprendre : que vous votiez un boycott des livraisons d'armements militaires).". alors que les dirigeants d'Europe de l'Ouest sont encore secoués parce que leurs menaces ne sont pas prises au sérieux, les anciens pays du pacte de Varsovie, dont la Pologne et la Lituanie, menacent d'envahir Kaliningrad et de bombarder le pays, profitant de la présidence tournante de la Roumanie. La Russie fait la sourde oreille, n'ayant pas connaissance de l'existence d'une armée de l'air lituanienne, ni de celle d'une politique de défense européenne. Finalement, la France menace de faire chanter Patrick Bruel et Booba (le rappeur méchant) à la frontière russe dans un haut-parleur géant. Le souvenir encore douloureux de la projection de "marcher sur les limaces" ainsi que les apparitions successives de la France à l'Eurovision laissent présager les plus grandes souffrances à l'idée de devoir apprécier de telles oeuvres artistiques modernes francaises. La Russie dévalue son baril à 120$, au lieu de 160$. Merci qui? merci Patriiiiiick.
Constatant cette concession russe, la Chine inclut dans les négociations une révision des prix du pétrole (et du gaz) livrés à la Chine. Motif: la chine contrôlant à présent une partie des pipelines, les coûts d'entretien et d'acheminement sont moindres pour la Russie, ce qui justifie une baisse de la facture, d'au moins 70% d'après les négiciateurs chinois (sic!). Business is business et la morale n'y a pas de place.
Des actes de sabotage furent déjà observés derrière les lignes russes, attribuées à des agents chinois mêlés à la nombreuse population chinoise immigrée, légale ou ilégale. Malgré la profondeur stratégique dont pouvait bénéficier l'arméé russe, elle ne pouvait faire face à l'armée populaire et à une sorte de guerre de partisans sur ses arrières. La raison commandait donc de faire la paix. La faiblesse de l'armée, la fragilité économique et l'absence de soutien international, voire la trahison de certains voisins européens, achèvent de convaincre les dirigeants, malgré l'état-major qui lui reste imprégné de la culture de la chair á canon.
Evacuant sa honte, le peuple déclencha une vague de xénophobie à l'encontre des chinois, qui sa traduisit par des délits de faciès des plus violents sur tout le territoire à l'encontre de tous les individus aux yeux bridés. La classe politique, dans son ensemble, ne tenta pas d'atténuer cette violence sociale et même l'encouragea, y voyant le moyen de dissimuler sa propre incompétence quant à la sauvegarde du territoire national et de sa souveraineté. Déjà particulièrment touchés par ces discriminations sur la couleur de peau en temps de paix, les immigrés des anciennes républiques soviétiques telles le Kazakhstan, le Tadjikistan, etc sont encore une fois la cible de ces accès de furie vengeresse malgré leur innocence. Nombreux sont ceux qui fuient et rentrent en leur pays, informant leurs relations restées dans leur pays d'orginie le sort qui les attend dans le "pays frère". La russophobie y est alors à son tour attisée. L'espace de libre-échange avec le Kazakhstan est fermé. La Russie s'isole, de fait, encore plus, privée de ses alliés régionaux en Asie centrale.
A l'Ouest, et notamment en France, les journaux titrent: "une goutte d'eau dans l'océan", " le tsar vient de perdre un collier mais conserve ses châteaux". POurtant, ce qui se joue en ce moment, ce n'est rien moins que la perduration de la Russie et la stabilité de l'asie centrale et boréale. Tous les mouvements indépendantistes caucasiens sont ravivés, les dictatures d'Asie centrale sont secouées et les minorités qui les habitent sentent leur tour venir. Ainsi, quand on est assez fort, la Russie ploie, le message est passé.
Pour de nombreux observateurs occidentaux, cette déliquescence de la Russie apparaît comme seulement justice. Pourquoi 150 millions de personnes, ne parlant même pas partout la même langue , pouvaient posséder le plus grand pays du monde? Evidemment, on passe sous silence que la Chine a ainsi violé les principes de l'accord de oopération de Shangai, qu'elle a ainsi attaqué un pays avec qui elle avait pourtant forgé des liens d'amitié ou au moins de coopération sincères, ce qui en dit long sur la fiabilité des accords de paix, de fraternité, de coopération, de marché, etc signés entre les dirigeants de ce pays et les dirigeants européens et nord-américains. Et oui on ne critique pas le nouveau prince. Et puis, la Russie a toujours bon dos. " nous étions votre meilleur ennemi", dit Gorbatchov aux américains après la chute de l'Union Soviétique. Ces popov, ils ont la peau dure...
Les Russes ont la peau dure, certes, mais ils sont sur le carreau, surtout. Incapables d'honorer leur dette pour l'achât des porte-hélicoptère de type Mistral et peu enclins à s'y atteler suite aux chantages européens, les russes provoquent la France, qui manoeuvre pour verrouiller les relations commerciales de l'UE avec la Russie. Cernée de toutes parts, comme on l'a vu, par les Européens antipathiques, les asiatiques du centre haineux et les chinois ennemis, la Russie est en proie à des troubles internes. Le parti communiste tente de renouveler l'histoire. après tout, comme 100 ans plus tôt, les élites ont mené la pays à sa perte, totalement dépourvues d'une conscience sociale qui les aurait amenés , par exemple ,à soutenir une politique d'intégration des étrangers, comme en Europe de l'Ouest, afin d'éviter que ceux-ci ne forment une cinquième colonne le moment venu. Les mouvements d'indépendance se font chaque jour plus importants, la violence étant l'echappatoire de la misère. Les mouvements islamistes prospèrent depuis les franges Sud. Après l'Afghanistan, la Russie devient à son tour une zone dépourvue de consistance nationale, à ceci près qu'elle couvre 12% de la surface émergée de la Terre (moins les nouvelles possessions chinoises).
Faites vos jeux.
oodbae
Commentaires
Dites-moi, vous décrivez la défaite de 40 et ses conséquences en réalité !
égéa : pourquoi, elle s'est passée en extrême orient, la défaite de 40 ?
Bonjour,
@marquis merci pour votre commentaire.
Est-ce que je décris la défaite de 40? Je n'y ai pas songé en rédigeant. Peut-être est-ce la recherche de l'armistice après une débâcle qui le suggère, ou la recherche d'un ennemi intérieur. Pourtant, je ne ferais pas le parallèle. De fait, la débâcle de 1940 ne fut pas la première du genre, ni probablement, la dernière.
En fait, je trouve intéressant dans l'écriture d'un tel scénario de prendre conscience de toutes les incertitudes qu'on résout au fil de l'action. Est-ce que la Chine attaquerait vraiment la Russie? Est-ce que la France réagirait aussi mollement d'abord puis violemment dès que le remboursement des Mistral n'est plus honoré? Est-ce que la politique intérieure en Russie est si fragile qu'un tel conflit aux confins du pays pourrait engendrer la désintégration de la nation par effet de cascade? etc.
Les accords de coopération entre la Russie et la Chine sont anciens, notamment à cause des révolutions communistes des deux pays. Ils continuent au sein de l'OCS et depuis 2010 , un oléoduc permet la livraison de pétrole de la Russie à la Chine, ce qui est un progrès puisque ceci avait lieu par transport ferroviaire auparavant d'après mes "sources". Pourquoi attaquer un tel pays "ami"?!
C'est là la surprise. Peut-être le jeu en vaut il la chandelle. Dans ce scénario, on voit que la Russie est vite abandonnée par la monde et la Chine peut même rabaisser le prix du pétrole, ce qui compense vite le coût du conflit à mon avis, en plus de ses conquêtes territoriales. On y voit que la puissance militaire russe et sa force nucléaire ne lui servent pas à grand chose, alors qu'un film hollywoodien aurait mis en scène la menace d'une frappe nucléaire. On n'y voit ni l'Iran, ni la Turquie, alors que ces deux pays sont essentiels pour comprendre la politique étrangère de la Russie. Ce sont des choix qui doivent intervenir dans la tête de n'importe quel décideur politique concerné par le sujet, mais qui n'interviennent que lorsqu'on se penche sur ledit sujet. Or, il est vraisemblable que la majorité de nos dirigeants s'épargnent la peine de prospecter au-delà de scénarios formatés par leurs études puis par les lobbies. D'où l'apparition de surprises, telles l'attaque sur le World Trade Center en 2011.
Si vous avez des propositions pour rendre cette histoire plus vraisemblable ou des critiques, je serais heureux de les lire ici.
Voilà,
je remercie sincèrement egea de publier ainsi ce scénario. C'est trop d'honneur, [...] mais ca fait plaisir :-)
Cordialement,
Oodbae
"La Chine déclare la guerre à la Russie" > je pense qu'il faut un peu approfondir les causes potentielles de cette hypothèse, qui me semble en l'espèce bien hardie.
Surtout étant donné les histoires d'annexion démographique "rampante" des lointaines contrées glaciales de Sibérie.
Yannick aurait peut-être des billes là-dessus.
égéa : Yannick ?
Je m'excuse d'avoir laissé un temps aussi long après mon si court commentaire.
J' "étudie" très souvent la défaite de 1940 et j'ai souvent la "conduite de la guerre" en mémoire. A travers votre proposition de surprise stratégique j'ai relu une "autre surprise stratégique" : l'effondrement de la France. L'expression est un peu forte, je trouve. L'enchaînement des évènements que vous proposez me semble correspondre à une cinétique que l'on a connu, et qui a peut être été connue dans d'autres époques. Je suis frappé par cet encerclement stratégique subite, tant Russe (hypothétique) que français. La France de 1940, c'est un pays encerclé par des nations hostiles ou adversaires...
Je suis frappé aussi par la possible comparaison entre la guerre franco-allemande (1870-1945) et cette hypothétique guerre russe. Il y a deux objets stratégiques à conquérir :
- la Rhur/Frontière gauche du Rhin.
- Une côte qui ouvre sur un Océan plein de richesses (voir une côte riche par elle-même). Il y a même un "échange" de position entre la Russie, la Chine et le Japon de la Mandchourie jusqu'aux territoires au-delà du fleuve Amour (révision des traités inégaux par Pékin).
J'ai le souvenir d'une opération du Maréchal Foch pour soupeser le coût de la guerre. Si ma mémoire est bonne, il faudrait poser le tout sous la forme d'une fraction : le gain escompté par la guerre au numérateur et le coût de la guerre au numérateur (dans une guerre nucléaire, l'opération est "normalement" absurde). La Chine a un problème... bien russe : l'accès aux "mers chaudes". Dans son cas, c'est un accès "sur" à l'Océan Pacifique (afin d'aller contrôler les détroits mondiaux). Il y a deux options avec votre hypothèses :
- continuer une lente opération de main-mise sur les deux archipels de la mer de Chine du Sud afin d'accéder aux détroits sud-asiatique. Cela ne garantit pas du tout un accès libre aux océans, il faut donc s'ouvrir une voie du côté de Taïwan...
- faire la guerre que vous proposez : il y aurait une diminution structurelle de la tension stratégique grâce à l'ouverture de ce corridor. L'Asie du Sud-Est respirerait même si rien ne serait joué, cependant, l'affaire serait bien moins "pressante". Les Etats-Unis pourrait être soulagé par une telle ouverture, plus au nord, qui refoulerait la Russie. Serait-ce un bien ? La réponse est bien compliqué puisque la Chine aurait des réserves minières considérables avec un Etat qui mise sur le "développement durable" : les Etats-Unis en mieux (en exagérant à peine). Néanmoins, il faudrait que la Chine s'assure une ouverture définitive à travers la chaîne d'îles qui part du Kamchatka jusqu'au Japon. La solution n'est pas entièrement satisfaisante.
Vous prenez le parti, également, d'une victoire de l'APL contre l'Armée Russe. Alors, donc, parle-t-on d'une armée encore largement de conscription ou globalement professionnalisée pour l'APL ?
Cordialement
Bonsoir marquis.
Je mets moi-même un peu de temps à vous répondre, désolé.
Pour moi, il ne s'agit pas du tout d'un encerclement stratégique comparable à celui de la France de 1940, et ce pour plusieurs raisons:
# l'Allemagne voulait envahir la France, et non juste Strasbourg ou Metz.
# la France n'était pas encerclée: la GB était à ses cotés. l'Espagne était neutre, la Suisse aussi.
# comme l'affirma De Gaulle, la métropole était peut-être vaincue mais elle possédait un empire qui pouvait poursuivre le combat, et cet empire n'était pas encerclé, il était négligé.
# la Russie est si grande qu'il est difficile ou impossible de l'encercler. Je n'ai d'ailleurs pas supposé son encerclement, mais son isolement progressif qui dégénère en désintégration.
Un tel géant est seulement soumissible en le détruisant de l'intérieur. C'est ce que l'empire allemand a réussi en 1917 en soutenant les révolutionnaires. C'est ce que la Chine réussirait dans mon scénario, ou du moins déclencherait:
* l'immigration chinoise depuis une ou deux décennies permettrait l'action d'une "cinquième colonne" (attention, je n'affirme pas que tout immigrant, chinois ou pas, est un traître potentiel pour son pays d'accueil, mais ne changeons pas de sujet), notamment parce que les peuples de Russie ont peut-être plus de difficulté à intégrer les nouveaux-arrivants qu'en Europe.
* en Europe, on considère depuis des siècles les russes comme des idiots utiles auquels on sourit lorsqu'ils payent rubis sur l'ongle. On ne perdrait jamais l'occasion de leur jeter la dernière pelletée de terre.
* la vague de xénophobie, que la défaite aurait suscitée, isolerait la Russie au milieu de ses alliés (les-istan) traditionnels. Là apparaît un certain encerclement, mais il est postérieur à l'action.
Ceci dit, il est vrai qu'il y a des points communs avec l'encerclement stratégique de 1940:
# de même que l'empire fut négligé, on refuserait de se battre trop longtemps dans une province reculée.
# tous les voisins qui restent neutres (Mongolie, les -istan, Iran, Caucase, Turquie, Europe), ne sont certes pas ennemis, mais ils ne sont pas alliés dans la lutte non plus.
# l'Italie de 1940 pour la France devient les '-istan' de 201* pour la Russie.
# l'URSS de 1940 pour la France devient l'UE de 201* pour la Russie.
Mais vous approfondissez une question essentielle. Quels objectifs la Chine poursuit-elle en général? Vous parlez des mers chaudes, etc. Je me suis restreint à l'ouverture sur le Pacifique par la mer du Japon.
Et en étudiant de plus près la carte sur google de la région, il est vrai que l'acquisition simple des oblast de kabarovski et primorski ne serait que moyennement utile en ce qui concerne l'ouverture sur le Pacifique puisque l'île Sakhaline garantirait encore la possesion des eaux territoriales environnantes à la Russie et pourrait donc permettre l'interdiction des trafics maritimes en provenance de la Chine sur les eaux russes. Il faudrait donc conquérir l'île Sakhaline aussi afin de garder une certaine cohérence, soit tout le territoire au sud de l'Amour et l'île Sakhaline en face. Mais, il faudrait encore assurer le trafic maritime à travers la bande d'îles qui relie le Kamtchatka au Japon, lequel pourrait être passablement compromis suite au conflit par une marine russe à présent antipathique.
Or ceci concerne un territoire déjà plus grand que la France métropolitaine, qui aussi petit soit il en comparaison avec la Russie, nécessite un investissement important en hommes et matériels, et avec quelle qualité?
Là, votre question sur le professionalisme des personnels de l'APL (Armée Populaire de Libération, pas Allocation Pour le Logement) prend son sens. Et je ne m'y connais pas assez pour vous répondre précisemment, mais je crois que si l'encadrement est formé "professionnellement", qu'il a intégré les composantes "guerre de partisans- insurrection", "drônes", "blitzkrieg", il pourra présenter une tactique viable pour une guerre moderne, conscription ou pas. D'autant plus que l'armée russe, elle, se déclasse continuellement depuis 20 ans, faute d'investissements, d'entretien et de formation (cf les rapports rétrospectifs suite à la guerre de Géorgie en 2008 où la presse russe a sévèrement critiqué les pertes russes).
Par ailleurs, on m'a raconté que l'île Sakhaline est historiquement sous influence japonaise. Par historiquement, j'entends "déjà sous l'ère soviétique et encore avant". D'un point de vue politique, la Chine s'enliserait ainsi dans un conflit, militaire sinon diplomatique, en accaparant un territoire que le Japon considère comme sien officieusement.
Solution: le Japon prend l'île Sakhaline et la Chine le sud de l'Amour? Pour faire l'analogie avec la 2gm, c'est une répétition du partage de la Pologne suite à l'accord Ribbentrop-Molotov, dit pacte de non-agression. A ceci près que la Pologne y fut dépecée alors que la Russie y survivrait... nuance nuance... il s'ensuivrait une défiance de la Russie pour la Chine pouvant dégénérer à tout moment, comme celle qui suivit la guerre de 1870 de la France pour l'Allemagne, pour suivre votre analogie, où l'on se dispute des territoires que chaque partie considère comme historiquement siens.
Autre solution: continuer comme aujourd'hui la coopération, quand des entreprises chinoises achètent le droit de location de la moitié du port de Vladivostok, ou le port de Rajin en Corée du Nord, font émigrer leurs ressortissants pour les installer là où la main d'oeuvre est néecessaire. On évite les guerres, on se déresponsabilise des conséquences sur l'environnement, on soigne l'égo du partenaire en maintenant les apparences de la souveraineté. Que du bénéfice! L'argent achète tout! Les chinois utilisent la même (non-)philosophie que les USA.
Néanmoins, l'homme est faillible et une déclaration de guerre n'est pas inévitablement rationelle. Il suffirait d'un peu de propagande pour exciter les appétits des dirigeants chinois pour l'Extrême-Orient russe et pour attiser une antipathie des peuples de Chine contre les blancs. Personne n'est à l'abri d'une surprise stratégique.
cordialement,
Oodbae.
PS: J'ai visité votre blog. Est-ce que vous croyez que les BPC de classe "Mistral" seraient d'une utilité quelconque à la Russie dans le cas que nous discutons (à supposer qu'il soient intégrés á la flotte du Pacifique)?
PS2: quelles conséquences? l'Inde se retrouvera elle-même isolée puisque l'allié russe serait neutralisé. l'Iran se sentira encore plus libre envers ses voisins, l'Irak, l'Azerbaidjan, etc. Les alliés traditionnels de la Russie seraient (encore une fois, après la chute de l'URSS) abandonnés et iraient donc voir ailleurs: pantouranisme pour l'Asie centrale, UE pour l'Ukraine et la Biélorussie.