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Toujours pas de QG européen

La Grande-Bretagne poursuit son veto à l'installation d'un QG européen, alors pourtant que :

  • c'était une demande de la présidence polonaise ...
  • soutenue par le triangle de Weimar, donc par la France et l'Allemagne ...
  • et qu'elle avait été émise par la baronesse Ashton herself, excusez du peu.

source

Et pourtant, William Hague, le secrétaire au Foreign Office, a dit non. Voir ici. Seul un Anglais peut dire non à une Anglaise, peut-être....

Cela ne surprendra pas grand monde. Toutefois, au-delà du cynisme de rigueur, cela mérite quelques commentaires.

1/ Certes, on pouvait nourrir quelques espoirs :

  • d'une part, la Grande-Bretagne se rend compte que la grande alliance transatlantique bat de l'aile, ce que je dis depuis pas mal de temps (ici, il y a déjà deux ans)
  • d'autre part, le récent traité franco-britannique était le signe de ce nouveau pragamtisme européen (voir ici)
  • enfin, la commune guerre en Libye (étiquettée OTAN, mais franco-brit dans les faits) pouvait effacer le souvenir de Suez et montrer que l'option européenne était effcace dans le domaine de la défense
  • on pouvait donc espérer un peu plus de tolérance envers une PSDC qui ne demandait qu'à avancer, par exemple avec une mesure symbolique comme le QG européen, qui aurait de plus démontré à tout le monde que l'Europe était solide et qu'elle était encore capable d'avancer, et que cette crise économique n'était qu'un trouble passager.

2/ Toutefois, il ne faut pas se leurrer.

  • certes, il y a un affaiblissement américain et un rapprochement avec les Français : mais cela n'autorise pas à aller plus vite que la musique, surtout sur la scène intérieure : j'ai le sentiment qu'un PM britannique ne peut faire qu'un pas européen par mandature, et que M. Cameron l'a fait avec Lancster House ; surtout, il se débat en ce moment dans l'affaire News of the World (le média corrupteur de R. Murdoch) et ne peut se permettre de risque politique supplémentaire.
  • ensuite, la France ne témoigne pas le plus grand enthouosiasme pour l'Europe de la défense, comme l'explique fort bien N. Gros-Verheyde dans Bruxelles 2
  • Enfin, l'Europe de la défense ne fait honnêtement pas très envie : l'abstention allemande lors du vote de la résolution 1973 d'une part, la sortie de Robert Gates d'autre part, n'incitent pas les Anglais à se joindre à des passagers clandestins qui n'en veulent pas. En Angleterre, au foot comme au rugby ou à la boxe, on apprécie surtout ceux qui mouillent le maillot.. Et hormis ces bizarres frogs, qui en plus ne jouent mal ni au rugby ni au foot, il n'y a pas grand monde en Europe.

O. Kempf

Réf :

Commentaires

1. Le mardi 19 juillet 2011, 20:45 par yves cadiou

Les Anglais, je suis au regret de le dire alors que ma sympathie pour eux est minuscule, ont peut-être raison. Et l’on doit apprécier (je suis encore plus au regret de le dire) qu’ils ne tournent pas autour du pot, au contraire de leur habitude qui est de tergiverser en posant des conditions plus ou moins acceptables et toujours fluctuantes, avantageuses pour eux. Cette fois c’est clair : « definitly no », merci Mister Hague, on sait à quoi s’en tenir.
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Et de fait la question est : avons-nous besoin d’un QG permanent ? Non, nous avons surtout besoin de moyens de renseignement, de moyens de combat avec des personnels qualifiés et bien équipés, de stocks de munitions. Tout ceci, il incombe à chaque pays de le détenir pour son propre usage et de le mutualiser le cas échéant.
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L’opération Eufor-Tchad-RCA fut une réussite qui s’est très bien accommodée de moyens disparates et d’un QG rapidement mis sur pied pour l’occasion, plus efficace que les organismes permanents parce que la politique de chaque Etat, liée aux échéances électorales passées et prochaines, exige de tout renégocier au moment de la mise en œuvre réelle des moyens.
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Mieux vaut mettre en place à chaque fois un QG nouveau pour une opération définie que devoir retailler un système préexistant, avec ses lourdeurs, routines, rigidités, pour l’adapter péniblement à une situation nouvelle. En prévision d’actions militaires hypothétiques dont on ignore tout, et notamment dont on ignore quels pays en seront, avec quel volume et avec quels types de forces, investir dans un QG européen et lui attribuer un budget de fonctionnement permanent n’est pas rentable.

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